Mahāyāna-Sūtrālaṃkāra: Exposé de la doctrine du Grande Véhicule selon le système Yogācāra, Vol. 1

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Mahāyāna-Sūtrālaṃkāra: Exposé de la doctrine du Grande Véhicule selon le système Yogācāra - Vol. 1 (Lévi 1907)
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C'est par l'effet d'une confusion de titre que j'ai mis la main sur ce texte. Un peu avant de partir pour l'Inde, J'avais eu l'occasion d'étudier et de signaler à l'attention des indianistes un recueil important de contes bouddhiques, le Sūtralaṃkāra, d'Açvaghoṣa, conservé dans une traduction chinoise. Dès mon arrivée au Nepal, en janvier 1898. je me mis en quête de l'original sanscrit. Hodgson, dans sa Liste des Ouvrages Bouddhiques en sanscrit connus de fait ou de nom au Népal (Sketch of Buddhism, publié en 1828: réim- primé dans les Essays on the Languages, Literature, and Religion of Nepal and Tibet, 1874; p. 37), mentionne (n 29) le Mahāyāna Sūtrālaṃkāra: l'espoir de le retrouver n'était donc pas complétement interdit. Bientôt, en effet, Pandit Kulamāna, de Patan, qui s'était intéresé a mes recherches, m'annonçait qu'un de ses amis possédait un manuscrit de l'ouvrage: il refusait toutefois de s'en dessaisir. Je finis par en obtenir la communication ; il ne s'agissait pas du Sūtralaṃkāra d'Açvaghoṣa, mais bien du Mahāyāna Sūtrālaṃkāra d'Asaṅga. Au lieu d'un recueil de contes édifiants, c'était un exposé scolastique des doctrines mahāyānistes sur le Bodhisattva, au point de vue de l'école des Yogācāras. Il n'entre pas dans mon propos de marquer ici l'intérêt de ce texte, ni de signaler les problèmes qu'il pose ou qu'il résout. Je compte traiter en détail ces questions dans l'Intruduction à la traduction que je publierai prochainement ; c'est dans le même fascicule que je donnerai aussi l'index des termes techniques dont l'ouvrage foisonne, et les éclaircissements que je pourrai en fournir. lci je ne me suis préoccupé que d'établir le texte.
      La besogne, à dire vrai, n'était pa si facile. Je ne disposais que de la copie exécutée, sous ma surveillance, par le Pandit Kulamāna, reproduction fidèle d'un original assez bon dans l'ensemble, mais parsemé de menues fautes dues principalement a la confusion de lettres analogues dans la devanāgari du Népal. Cette copie, sur papier népalais (gris au recto, jaune au verso), occupe 123 feuillets, à neuf lignes par page. L'ouvrage est complet: la seule lacune étendue se place à la suite du vers 2 de la llesection: deux feuillets avaient à cet endroit disparu de l'archétype; pour dissimuler la lacune, le copiste ancien a recouru à un procédé assez usuel ; il a copié ailleurs deux autres feuilles qu'il a insérées à la place des feuillets manquants. Je n'ai pas pu arriver à déterminer la provenance exacte de cette interpolation; mais elle vient sans aucun doute de quelque çāstra étroitement apparenté au Mahāyāna Sūtrālaṃkāra par le sujet et par le lexique. J'ai donné en Appendice à la suite du texte le contenu de ces deux feuilles: un chercheur plus heureux réussira probablement à les identifier. Les autres lacunes sont de peu d'étendue : XI, 5, une ligne; 51, deus lignes; XI, 70, deux ou trois lignes; XII, 7, un hémistiche.
      La traduction chinoise, due à I'Hindou Prabhākara mitra (entre 630 et 633 J.-C.), comble heureusement toutes ces lacunes; sans elle, j'aurais dû renoncer même à éditer ce texte. C'est par une collation constante de la version chinoise que j'ai réussi—si j'y ai réussi— à dégager de mon unique manuscrit un texte acceptable et intelligible. Je n'ai pas cru devoir, sous couleur d'une « acribie ». intransigeante, étaler au bas des pages toutes les lectures vicieuses du manuscrit; Je ne les ai rapportées que dans les rares cas où ma correction affectait l'ensemble d'un mot. Je laisse à ceux qui voudront bien se référer à la copie de Kulamāna le soin de juger ce qu'a pu coûter d'efforts la constitution d'un texte présentable.
      C'est de propos délibéré que je me suis refusé a faire disparaître les irrégularités d'orthographe et de sandhi de mon manuscrit. La tradition des scribes népalais a ses usages constants, par exemple la réduction du groupe ttva à ttva (bodhisatva, tatva, etc.), l'interchange des sifflantes palatale et dentale (kuçīda, kusīda, etc.); pour les textes qu'ils sont seuls à nous avoir conservés, il me paraît préférable de se conformer à leurs usages plutôt que de leur imposer les rigueurs d'un purisme théorique. le sancrit a bien assez d'uniformité pour qu'on n'aille pas effacer de parti pris les rares particularités de temps ou de lieu qui ont pu y marquer leur empreinte. Quant au sandhi, I'application mécanique des règles risque le plus souvent d'anéantir des nuances de ponctuation et de pensée exprimées justement par des infractions à ces règles.
      Si j'ai préféré donner le texte en caractères devanāgarī, malgré les avantages pratiques de la transcription au point de vue occidental, c'est que nos éditions d'ouvrages bouddhiques ont chance d'atteindre une catégorie de lecteurs que nous me prévoyons pas assez peut-être tt qui mérite pourtant d'être prise en considération. Au Népal même, et par delà le Népal, dans le monde si peu accessible encore des Lamas, nous pouvons apporter ainsi à de bonnes âmes un aliment de piété qui se convertira peut-être en amorce de science: l'exemple donné par les éditeurs européens peut provoquer là-bas une imitation féconde, sauver de la destruction ou rappeler au jour des textes menacés, et activer ainsi le progrès des connaissances. L'indianisme n'est point un vain exercice de dilettantisme: derrière nos problèmes de linguistique, de philologie, d'histoire politique, religieuse ou sociale, il faut entrevoir les centaines millions d'êtres vivants que ces problèmes conditionnent à leur insu, et dont le sort est lié aux solutions qui doivent triompher.
      Je manquerais à un réel devoir de gratitude si je n'exprimais pas ici mes remerciements à tous ceux qui ont collaboré à l'impression de ce livre, aux typographes de l'Imprimerie nationale, au Directeur des travaux, M. Héon, et surtout à M. Guérinot, de qui les corrections minutieuses m'ont valu des épreuves presque parfaites. Mon ami et collègue M. Finot a pris la peine de relire aussi toutes les épreuves. S'il reste encore des fautes, et je sais pertinemment qu'il en reste (un erratum sera donné à la fin de la traduction), responsabilité n'en saurait incomber qu'à moi, et à la faiblesse de la nature humaine. (Lévi, foreword, i-iii)

Citation Lévi, Sylvain, ed. and trans. Mahāyāna-Sūtrālaṃkāra: Exposé de la doctrine du Grande Véhicule selon le système Yogācāra. By Asaṅga. Vol. 1, Texte. Bibliothèque de l'Ecole des hautes études 159. Paris: Librairie Honoré Champion, 1907.