Et comme, lors même qu’il agit dans le monde,
Les choses du monde ne peuvent pas le souiller ;
[Le corps absolu est permanent] parce qu’il a trouvé
l’immortalité et la paix
Là où le démon de la mort ne court plus. +
Parce que, inconditionné par nature,
Le sage est apaisé dès l’origine
Et parce qu’il est logique qu’il soit le refuge
De ceux qui n’ont pas de refuge permanent. +
Les sept premières raisons
Valent pour la permanence des corps formels
De notre Instructeur ; les trois dernières,
Pour la permanence de son corps absolu. +
Ineffable, il revient à l’absolu ;
Ce n’est pas un objet d’analyse ; il échappe à toute comparaison ;
Insurpassable, l’existence et la paix ne peuvent le contenir ;
Aux êtres sublimes aussi, le domaine des Vainqueurs
reste inconcevable. +
On affirme que la séparation d’avec les deux voiles
A pour cause une double sagesse
L’absence de pensée [de la méditation]
Et la sagesse de la post-méditation. +
[L’Éveil] est inconcevable parce qu’il est indicible ;
Il est indicible parce qu’il est absolu ;
Il est absolu parce que ce n’est pas un objet d’analyse ;
Ce n’est pas un objet d’analyse parce qu’on ne peut pas l’inférer ; +
On ne peut pas l’inférer parce que rien ne lui est supérieur ;
Rien ne lui est supérieur parce qu’on ne peut à rien le ramener ;
On ne peut à rien le ramener parce qu’il ne se trouve nulle part ;
Il ne se trouve nulle part parce qu’il n’a pas les idées
de qualité et de défaut. +
Du fait de leur sagesse insurpassable, de leur grande compassion
et de leurs autres vertus,
Les Vainqueurs transcendent toutes les qualités
et sont [donc] inconcevables.
Dès lors, les grands sages qui ont reçu l’initiation ignorent,
Eux aussi, l’état ultime des bouddhas nés d’eux-mêmes. +
Comme un lac aux eaux limpides qui peu à peu se couvrent de lotus ;
Comme la pleine lune qui s’échappe de la gueule de Rāhu ;
Comme le soleil qui se dégage de la nue des affections
[L’Éveil] rayonne de lumières en raison de ses qualités immaculées. +
Le Vainqueur est comparable au plus grand des sages, au miel,
Au grain, à l’or précieux, à un trésor et à un grand arbre ;
On le compare encore à une pure et précieuse image du Bouddha,
À un maître de la terre et à une statue en or. +
Le bien propre et le bien d’autrui sont le corps absolu
Et les corps relatifs qui en dépendent.
Ils présentent soixante-quatre qualités
Qui sont des fruits de séparation et de maturation. +
À l’orée de la jungle, le roi des animaux se promène sans peur
Et jamais il ne craint aucun autre animal.
De même, dans une assemblée, le Seigneur des Sages,
qui est pareil au lion,
Peut-il rester à l’aise, indépendant, habile et stable. +
[Notre Instructeur] ne se trompe pas
et ne tient pas de propos futiles,
Sa mémoire est infaillible, son esprit
Ne quitte jamais le recueillement profond ;
Il ne perçoit pas non plus de différences +
Et ne saurait être indifférent par manque de discernement.
Ses aspirations, son ardeur, son attention,
Sa connaissance supérieure, sa liberté totale
Et ce que voit sa libre sagesse ignorent le déclin. +
Erreurs, bavardages, oubli, dispersion, perceptions toutes différentes
Et indifférence naturelle : rien de cela n’affecte le Sage.
Ses aspirations, son ardeur, son attention, sa connaissance
parfaitement pure et immaculée, sa liberté perpétuelle
Et sa libre sagesse qui voit tous les phénomènes ignorent le déclin. +
Les actes de son corps, de sa parole et de son esprit
sont tous précédés et suivis par la sagesse primordiale,
Tandis que son immense sagesse opère toujours
dans les trois temps sans jamais rencontrer d’obstacles.
Fort de cette réalisation, il ne craint pas de faire tourner
la grande roue du vrai Dharma pour le bien des êtres.
Cette victoire dotée de grande compassion
voilà ce que les bouddhas ont trouvé. +
La terre et les autres éléments n’ont pas la même nature que l’espace ;
Les caractéristiques de la forme n’ont rien à voir
avec l’absence d’obstacles et les autres particularités de l’espace.
La terre, l’eau, le feu et l’air, de même que l’espace,
sont communs à [tous les] mondes,
Mais les [qualités] exclusives [des bouddhas] n’ont pas même
une particule en commun avec le monde. +
[Le bouddha] a les pieds bien posés, marqués chacun d’une roue ;
Il a les talons larges et les malléoles invisibles ;
Ses doigts et ses orteils sont longs
Et rattachés par des membranes. +