Dans le monde des dieux, le son puissant du tambour
Ne tombe pas jusqu’aux oreilles des terriens.
Le tambour de la voix d’un bouddha résonne
Jusqu’aux mondes souterrains du saṃsāra. +
Dans le monde des dieux, les cymbales sonnent
Par millions pour exacerber les flammes du désir.
Les incarnations de la compassion n’ont qu’une seule voix
Qui fait tout pour éteindre à jamais les flammes de la souffrance. +
Dans le monde des dieux, le son des cymbales dont la beauté se double
D’un charme exquis augmente l’agitation mentale habituelle.
La parole des tathāgatas, compassion incarnée, incite
À réfléchir et à méditer jusqu’au recueillement profond. +
« Qui » renvoie aux dispositions du disciple,
« Comment » aux moyens de le discipliner,
« Quelle discipline » à leur application,
« Où » et « quand » au lieu et à l’instant. +
En bref, dans toutes les sphères du monde sans aucune exception,
Chez les dieux comme ici-bas, toutes les matières à bonheur
Reposent entièrement, dit-on, sur cette voix mélodieuse
Que l’on perçoit, omniprésente, dans absolument tous les mondes. +
De même que les malentendants
Ne perçoivent pas les sons subtils
Et que l’oreille divine elle-même
N’entend pas tous les sons, (IV, 42)
De même, les enseignements les plus subtils
Relèvent de la sagesse primordiale, fine aussi,
Mais ils atteindront seulement les oreilles
D’une poignée de sages libres d’affections. +
De même, des nuages de la compassion
Tombe sans la moindre pensée
La pluie des saints enseignements du Vainqueur
Qui promet aux êtres des moissons de vertus. +
De même que, le monde prenant le chemin de la vertu,
Les nuages nés du vent se répandent en pluies,
De même, pour accroître les vertus d’un monde
où souffle le vent de l’amour,
Des nuages de la bouddhéité tombe la pluie du vrai Dharma. +
Plein de connaissance et d’amour pour le monde,
Il trône au centre de l’espace, inaltéré par le changeant et l’immuable.
Les nuages du Seigneur des Sages, qui consistent en l’eau pure
des recueillements et des formules de mémoire,
Produiront des moissons de vertus. +
Fraîche, agréable, douce et légère,
L’eau qui tombe des nuages
Se charge d’un grand nombre de saveurs,
Comme le salé, au contact de la terre. (IV, 48)
De même, la pluie de l’octuple sentier des êtres sublimes
Qui jaillit des immenses nuées de la compassion
Aura autant de goûts différents
Qu’il y a de formes d’esprit chez les êtres. +
Ceux qui ont foi dans le véhicule suprême,
Ceux qui restent neutres et ceux qui lui sont hostiles
Forment trois groupes d’êtres comparables
À des êtres humains, des paons et des prétas +
À la fin du printemps, les hommes et les oiseaux
qui ne volent pas souffrent de l’absence des nuages,
Alors que les prétas pâtissent des pluies d’été qui s’abattent sur la terre.
De même, suivant que, des nuées de la compassion,
l’eau des enseignements jaillit ou non,
Ceux qui, dans les mondes, aspirent au Dharma
et ceux qui lui sont hostiles correspondent
aux éléments de la comparaison. +
Quand s’abattent sur la terre de grosses gouttes de pluie,
des pierres brûlantes ou des flammes de diamant,
Les nuages ne se soucient pas plus des petites bêtes
que de celles qui se sont réfugiées dans la montagne.
Les gouttes, des plus petites aux plus grosses,
qui tombent des nuages de l’amour et de la connaissance
Ne se soucient absolument pas des affections qu’elles purifient
ni de la tendance à voir un soi. +
[Les activités éveillées ne s’interrompent jamais]
Parce qu’elles ont lieu sans pensées comme celles-ci
La libération définitive, son point d’appui,
Son fruit, les êtres pris en charge,
Les voiles et la condition de leur élimination. +
Dans le cercle sans commencement des morts et des renaissances,
les êtres suivent cinq voies
Mais, de même qu’il n’y a pas de bonnes odeurs dans les excréments,
il n’y a jamais de bonheur dans les cinq destinées.
Cette souffrance permanente née de la rencontre
avec les armes, le feu, le sel et d’autres supplices encore
S’apaise quand, des nuées de la compassion, tombe
une abondante pluie de vrai Dharma. +
Comme ils ont compris que les dieux souffraient de la déchéance
[qui suit leur mort] et les hommes de la quête effrénée [du plaisir],
Les sages n’aspirent pas aux suprêmes pouvoirs des dieux
et des hommes.
Grâce à la connaissance supérieure et aux paroles du Tathāgata
qu’ils ont suivies avec foi,
Ils voient avec sagesse que « ceci est la souffrance,
cela en est la cause, et cela la cessation ». +
De même qu’il faut reconnaître la maladie et en éliminer la cause
En prenant des remèdes qui rétabliront la santé,
Il faut reconnaître la souffrance, en éliminer la cause
Et réaliser sa cessation en empruntant la voie. +
De même, sans quitter le corps absolu
Et sans effort, le Sage montre des apparences
De lui-même dans toutes les sphères
Aux êtres assez fortunés pour cela. +