Mahāyāna-Sūtrālaṃkāra: Exposé de la doctrine du Grand Véhicule selon le système Yogācāra, Vol. 2

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Mahāyāna-Sūtrālaṃkāra: Exposé de la doctrine du Grand Véhicule selon le système Yogācāra - Vol. 2 (Lévi 1911)
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Si nous étions réduits au seul témoignage de l'original sanscrit, nous ignorerions encore le véritable auteur de l'ouvrage. Le colophon sanscrit se contente d'indiquer que le texte a été « énoné » (bhâṣita) « par le grand Bodhisattva Vyavadâta-samaya ». Ce colophon est reproduit par le traducteur chinois et le traducteur tibétain; il est donc certainement très ancien, s'il ne remonte pas même jusqu'à l'original. Je n'ai pas retrouvé ailleurs un Bodhisattva de ce nom ; il est impossible de dire si cette désignation s'applique à Maitreya, à Asaṅga, ou à tout autre personnage, soit fictif, soit réel.
      L'Indien Prabhâkara-mitra, auteur de la traduction chinoise (entre 630 et 633 J. C.), assigne le M. S. A. à Asaṅga, qu'il qualifie expressément de « Bodhisattva ». La préface de là traduction, due à Li Pe-yo (l'auteur du Pe-Tsin chou) répète et confirme cette attribution, sans faire allusion à une révélation surnaturelle. Mais, à cette époque même, Hiuan-tsang apprend dans les couvents de l'Inde à classer le M. S. A. parmi les textes sacrés révélés à Asaṅga par Maitreya. Jusque-là, au témoignage de Paramârtha et des traducteurs chinois du vc siècle, le Saptadaçabhûmi çâstra (ou Yogâcâryabhûmi çâstra) avait seul passé pour révélé.
      Un demi-siècle après Hiuan-tsang, Yi-tsing, qui n'est pas comme Hiuan-tsang un adepte de l'école Yogâcâra, continue à classer le M. S. A. parmi « les huit branches » (pa tchi) d'Asanga, où il fait entrer pêle-mêle et de son propre aveu plusieurs traités de Vasubandhu.
      Chez les Tibétains[1], le M. S. A. est unanimement rangé dans les « Cinq çâstras de Maitreya », et il en ouvre la série. Mais les vers seuls sont attribués à Maitreya ; la prose qui commente ces vers est tenue pour un ouvrage à part, sous le titre de Sûtrâlaṃkâra-bhâṣya, attribué à Vasubandhu. La traduction tibétaine est due à Çâkyasiṃha l'Indien, assisté du Lotsava grand réviseur Dpal brcogs et autres. Je n'ai pas d'informations sur ces personnages; mais, quelle que soit leur date, Prabhâkara mitra leur est certainement antérieur ; avant le milieu du VIIc siècle, le Tibet, à peine ouvert à la civilisation, n'avait ni traducteurs, ni traductions. Nous sommes donc fondés à considérer l'ouvrage entier, prose et vers, comme dû à un seul auteur, Asaṅga. Au reste, si le tibétain distingue dans l'ouvrage deux parties, texte et commentaire, avec deux auteurs différents, le Tche-yuen lou chinois (Catalogue comparé des Livres Bouddhiques compilé dans la période Tche-yuen 1264–1294) donne à l'ouvrage entier, en tant qu'oeuvre du Bodhisattva Asaṅga, le titre fan (c.-à-d. sanscrit) de : Sou-tan-lo A-leng-kia-lo ti-kia, transcription de Sûtrâlaṃkâraṭîkâ « Commentaire du Sûtrâlaṃkâra » (Tche-yuen lou, chap. IX, in°.); en fait, cette désignation de ṭîkâ ne peut s'appliquer pourtant qu'à la prose explicative qui accompagne les vers ou kârikâs.
      Le texte sanscrit est divisé en adhikâras ou « chapitres » régulièrement numérotés jusqu'au quinzième ; à partir de là les chapitres ne portent plus d'indication numérique jusqu'au chapitre final ; mais celui-ci est désigné comme le vingt et unième. Les sections marquées dans l'intervalle sont seulement au nombre de quatre ; il manque donc une unité pour parfaire le chiffre de 21. Il est probable que le dernier chapitre est à partager en deux sections, entre le vers 42 et le vers 43. Les dix-neuf derniers vers, avec leur refrain uniforme, constituent une unité bien nette comme hymne de conclusion.
      Le tibétain[1] reproduit exactement les divisions du manuscrit sanscrit. Le chinois[2] représente un autre partage de l'ensemble. Le texte y est divisé en treize grandes sections, découpées d'une manière assez irrégulière en vingt-quatre chapitres. (Lévi, "Le Mahâyâna Sûtrâlaṃkâra," 7–9)

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Notes

1. Outre Târanâtha, v. aussi Bouston traduit par Stcherbatzkoï, La littérature Yogâcâra d'après Bouston, Muséon, 1905, II. Il est assez surprenant de voir que les Tibétains comptent comme l'oeuvre personnelle d'Àsaṅga le (Saptadaça-)bhûmi çâstra, le seul ouvrage que la tradition ancienne assigne à Maitreya. En dehors de cet ouvrage (et, naturellement, des sections détachées qui en ont été traduites à part: Nanjio 1170, 1083,1086, 1096, 1097, 1098, 1200, 1235), le Canon chinois n'attribue à Maitreya que le Madhyânta-vibhaṅga(Nj. 1245, traduit par Hiuan-tsang), également compté comme une oeuvre de Maitreya par les Tibétains [Je laisse en dehors l'insignifiant opuscule : Sarvaçiksàsthitanâmârtha çâstra (Nj. 1315) traduit par Che-houentre 980 et 1000]. Le cas du Mahâyânasaṃparigraha çâstra offre un intérêt tout particulier. Le premier en date des trois traducteurs chinois, Buddhaçânta, en 531, présente l'ouvrage comme une « oeuvre d' A-seng-kia », dans le texte de l'édition de Corée ; mais les éditions proprement chinoises ont remplacé cette mention par « composition de Wou-tcho p'ou-sa [equals] Asaṅga bodhisattva ». La préface qui accompagne la traduction de Paramârtha, en 563, déclare que « le çâstra original (pen loun) a été composé par A-seng-kia, maître de la loi (fa che). » Hiuan-tsang, enfin, qui donne une traduction en 648, traduit fidèlement un colophon qui dit : « Moi, A-seng-kia, j'ai fini d'expliquer brièvement le Mahâyâna-saṃparigraha çâstra dans les sûtras du Grand Véhicule de l'Abhidharma », mais il présente le texte comme « la composition de Wou-tcho p'ou-sa [equals] Asanga bodhisattva ».
      Wassilieff (Notes sur Târanâtha, p. 315 sq.) a tort de dire que « les cinq textes de Maitreya manquent tous [sämmtlich] chez les Chinois ». J'ai déjà signalé la traduction chinoise du M. S. A. et celle du Madhyânta-vibhâga. La version chinoise de l'Uttaratantra a échappé jusqu'ici aux recherches, parce qu'elle ne porte pas de nom d'auteur. C'est le Mahâyânottaratantraçâstra (Nj. 1236; éd. Tôk. XIX, 2) des catalogues chinois, traduit par Ratnamati en 508. Restent le Dharmadharmalâ-vibhaṅga et l'Abhisamayâlaṃkâra qui n'ont pas de correspondant connu ou reconnu en chinois. A propos des oeuvres d'Asaṅga conservées en chinois, j'ajoute encore que le Choun tchong louen (Nj. 1246; Tôk. XIX, 2), dont le titre sanscrit est restitué par Nanjio sous la forme : Madhyântânugama çâstra, est en fait — comme le titre chinois l'exprime exactement — un commentaire sur le Madhyamakaçâstra de Nâgârjuna, interprété au point de vue de la doctrine Yogâcâra.
1. La traduction tibétaine se trouve dans le Tanjour, Mdo. vol. XLIV (phi), le texte en vers va de 1 à 43b; le « bhâṣya » termine le volume, de la page 135 à la fin.
2. La traduction chinoise porte le n° 1190 dans le Catalogue de Nanjio; dans l'édition du Tripiṭaka de Tôkyô, elle trouve boîte XIX, vol. 4: Elle se forme la première moitié du volume ; le Sûtrâlaṃkâra d'Açvaghoṣa forme l'autre moitié.

Citation Lévi, Sylvain, ed. and trans. Mahāyāna-Sūtrālaṃkāra: Exposé de la doctrine du Grande Véhicule selon le système Yogācāra. By Asaṅga. Vol. 2, Traduction, Introduction, Index. Bibliothèque de l'Ecole des hautes études 190. Paris: Librairie Honoré Champion, 1911.