French

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|textSubMessage=[[Charrier, Christian]] and [[Patrick Carré]]. [[Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule]] - Mahāyānottaratantraśāstra, avec le commentaire de Jamgön Kongtrul Lodreu Thayé L'Incontestable Rugissement du lion. Plazac: [[Éditions Padmakara]], 2019.
 
|textSubMessage=[[Charrier, Christian]] and [[Patrick Carré]]. [[Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule]] - Mahāyānottaratantraśāstra, avec le commentaire de Jamgön Kongtrul Lodreu Thayé L'Incontestable Rugissement du lion. Plazac: [[Éditions Padmakara]], 2019.
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|textSubContent=''Translated by [[Christian Charrier]] and [[Patrick Carré]]. Plazac: Éditions Padmakara, 2019.''
  
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==Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule==
Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule
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En sanskrit : '''Mahāyāna-uttara-tantra-śāstra.'''<br>
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En tibétain : '''Theg pa chen po’i rgyud bla ma’i bstan bcos.'''<br>
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En français : '''Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule.'''<br>
  
*En sanskrit : '''Mahāyāna-uttara-tantra-śāstra.'''
 
*En tibétain : '''Theg pa chen po’i rgyud bla ma’i bstan bcos.'''
 
*En français : '''Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule.'''
 
  
 
Hommage à tous les bouddhas et les bodhisattvas !
 
Hommage à tous les bouddhas et les bodhisattvas !
L E BOUDDHA, le Dharma, la Communauté, l’Élément, l’Éveil,
 
Les qualités et, enfin, les activités éveillées :
 
Le corps du traité tout entier se ramène
 
À ces sept points de vajra. (I, 1)
 
  
On connaîtra ces sept points selon leurs caractéristiques propres
 
Et dans le même ordre. Les trois premiers viennent
 
De l’introduction du Soûtra du Roi Dhāraṇīśvara
 
Et les quatre derniers de la classification
 
des qualités des Vainqueurs et des sages. (I, 2)
 
  
Du Bouddha vient le Dharma et du Dharma
+
{{DrelSection
la Communauté des êtres sublimes.
+
|verse=I.1
De la Communauté vient l’obtention de la quintessence,
+
|text=:Le Bouddha, le Dharma, la Communauté, l’Élément, l’Éveil,
l’Élément de la sagesse primordiale.
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:Les qualités et, enfin, les activités éveillées
Enfin, l’obtention de cette sagesse est l’Éveil suprême doté des forces
+
:Le corps du traité tout entier se ramène
Et des autres qualités utiles au bien de tous les êtres. (I, 3)
+
:À ces sept points de vajra.}} (I, 1)
  
À celui qui, de lui-même, s’est éveillé à la paisible bouddhéité
 
dépourvue de commencement, de milieu et de fin,
 
Qui, pleinement éveillé, montre la voie indestructible et éternelle
 
pour que les non-réalisés se réalisent,
 
Qui brandit le vajra suprême, l’épée de la sagesse et de la compassion,
 
et tranche les pousses de la souffrance.
 
À lui qui abat le mur des doutes cerné par la jungle des vues,
 
je rends hommage. (I, 4)
 
  
La bouddhéité est inconditionnée, spontanée,
+
{{DrelSection
Réalisée sans conditions étrangères,
+
|verse=I.2
Pourvue de sagesse, de compassion et de puissance,
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|text=:On connaîtra ces sept points selon leurs caractéristiques propres
Ainsi que des deux bienfaits. (I, 5)
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:Et dans le même ordre. Les trois premiers viennent
 +
:De l’introduction du ''Soûtra du Roi Dhāraṇīśvara''
 +
:Et les quatre derniers de la classification
 +
::des qualités des Vainqueurs et des sages.}} (I, 2)
  
Comme par nature elle n’a ni commencement,
 
Ni milieu, ni fin, elle est incomposée.
 
Douée de la paix du corps absolu,
 
On la dit spontanée. (I, 6)
 
  
Sa réalisation ne dépend pas de conditions étrangères
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{{DrelSection
Car chacun la réalise par soi-même.
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|verse=I.3
En raison de ces trois réalisations, elle est sagesse ;
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|text=:Du Bouddha vient le Dharma et du Dharma
Comme elle montre la voie, elle est compassion. (I, 7)
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::la Communauté des êtres sublimes.
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:De la Communauté vient l’obtention de la quintessence,
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::l’Élément de la sagesse primordiale.
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:Enfin, l’obtention de cette sagesse est l’Éveil suprême doté des forces
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:Et des autres qualités utiles au bien de tous les êtres.}} (I, 3)
  
Elle est puissance parce que la sagesse et la compassion
 
Éliminent les souffrances et les affections.
 
Les trois premières qualités représentent le bien propre,
 
Et les trois dernières le bien d’autrui. (I, 8)
 
  
À ce qui n’est ni inexistant, ni existant, ni existant et inexistant,
+
{{DrelSection
ni autre qu’existant et inexistant,
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|verse=I.4
Qui est impossible à analyser, indéfinissable,
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|text=:À celui qui, de lui-même, s’est éveillé à la paisible bouddhéité
connu par l’expérience personnelle, en paix,
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::dépourvue de commencement, de milieu et de fin,
Immaculé, rayonnant de la lumière de la sagesse primordiale,
+
:Qui, pleinement éveillé, montre la voie indestructible et éternelle
Et qui, pour tout objet perçu, détruit l’attachement,
+
::pour que les non-réalisés se réalisent,
l’aversion et la taie [de l’ignorance] :
+
:Qui brandit le vajra suprême, l’épée de la sagesse et de la compassion,
Au soleil du vrai Dharma, je rends hommage. (I. 9)
+
::et tranche les pousses de la souffrance.
 +
:À lui qui abat le mur des doutes cerné par la jungle des vues,
 +
::je rends hommage.}} (I, 4)
  
Inconcevable, libre de deux [voiles] et de la pensée,
 
Le Dharma est pureté, clarté et antidote.
 
Libre de l’attachement dont il délivre,
 
Il a pour caractéristiques les deux vérités. (I, 10)
 
  
La libération de l’attachement se ramène
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{{DrelSection
Aux vérités de la cessation et de la voie.
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|verse=I.5
On saura que dans cet ordre
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|text=:La bouddhéité est inconditionnée, spontanée,
Chacune possède trois qualités. (I, 11)
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:Réalisée sans conditions étrangères,
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:Pourvue de sagesse, de compassion et de puissance,
 +
:Ainsi que des deux bienfaits.}} (I, 5)
  
Non analysable, inexprimable,
 
Connu des [seuls] êtres sublimes, il est inconcevable.
 
Paix, il est libre des deux [voiles] et de la pensée ;
 
Sa pureté et ses deux autres qualités l’assimilent au soleil. (I, 12)
 
  
Comme l’esprit est par nature luminosité, ils voient
+
{{DrelSection
que les affections n’ont pas d’essence,
+
|verse=I.6
Si bien qu’ils réalisent correctement la paix,
+
|text=:Comme par nature elle n’a ni commencement,
l’inexistence ultime du soi de tous les êtres.
+
:Ni milieu, ni fin, elle est incomposée.
À ceux qui voient la présence en tous de la bouddhéité parfaite
+
:Douée de la paix du corps absolu,
car ils ont une intelligence libre de voiles ;
+
:On la dit spontanée.}} (I, 6)
À ceux dont la vision de sagesse a pour objet
 
la pureté et l’infinité des êtres, je rends hommage. (I, 13)
 
  
Comme le regard de leur sagesse intérieure
 
Sur l’essence des choses et leur diversité est pur,
 
L’assemblée des sages qui ne régressent plus
 
Possède d’insurpassables qualités. (I, 14)
 
  
Avec la réalisation de la vraie nature
+
{{DrelSection
Paisible des êtres, ils [connaissent] l’essence des choses.
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|verse=I.7
La nature [de l’esprit] étant totalement pure,
+
|text=:Sa réalisation ne dépend pas de conditions étrangères
Les affections y sont épuisées dès l’origine. (I, 15)
+
:Car chacun la réalise par soi-même.
 +
:En raison de ces trois réalisations, elle est sagesse ;
 +
:Comme elle montre la voie, elle est compassion.}} (I, 7)
  
Avec l’intelligence qui réalise l’état ultime des phénomènes,
 
[Ils connaissent] la diversité parce qu’ils voient
 
L’omnisciente essence du réel
 
Présente en tous les êtres. (I, 16)
 
  
Cette réalisation est la vision
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{{DrelSection
Que chacun connaît par soi-même.
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Elle est pure parce que, dans l’immensité immaculée,
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|text=:Elle est puissance parce que la sagesse et la compassion
Il n’y a pas d’attachement ni d’obstacles (I, 17)
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:Éliminent les souffrances et les affections.
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:Les trois premières qualités représentent le bien propre,
 +
:Et les trois dernières le bien d’autrui.}} (I, 8)
  
Comme leur vision de sagesse est pure
 
Et [proche de] l’insurpassable sagesse des bouddhas,
 
Les êtres sublimes qui ne régressent plus
 
Sont des refuges pour tous les êtres vivants. (I, 18)
 
  
On a instauré le triple refuge en considération
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{{DrelSection
Du maître, de l’enseignement et des disciples,
+
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Du point de vue des adeptes des trois véhicules
+
|text=:À ce qui n’est ni inexistant, ni existant, ni existant et inexistant,
Et des aspirations aux trois activités. (I, 19)
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 +
:Immaculé, rayonnant de la lumière de la sagesse primordiale,
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:Et qui, pour tout objet perçu, détruit l’attachement,
 +
:l’aversion et la taie [de l’ignorance]
 +
:Au soleil du vrai Dharma, je rends hommage.}} (I. 9)
  
Ni le Dharma sous ses deux aspects ni la sublime assemblée
 
Ne sont de suprêmes refuges promis à durer.
 
L’un parce qu’il faudra le laisser derrière soi,
 
parce qu’il est trompeur et qu’il n’existe pas ;
 
Et l’autre parce qu’on y trouve encore de la peur. (I, 20)
 
  
Au sens le plus sacré, les êtres
+
{{DrelSection
N’ont qu’un seul refuge : le Bouddha,
+
|verse=I.10
Car le Sage a pour corps le Dharma
+
|text=:Inconcevable, libre de deux [voiles] et de la pensée,
Et qu’il est le but ultime de la Communauté. (I, 21)
+
:Le Dharma est pureté, clarté et antidote.
 +
:Libre de l’attachement dont il délivre,
 +
:Il a pour caractéristiques les deux vérités.}} (I, 10)
  
Les « Joyaux » sont ainsi nommés
 
Pour leur rareté, leur pureté et leurs pouvoirs,
 
Parce qu’ils sont les ornements du monde
 
Et parce qu’ils sont suprêmes et immuables. (I, 22)
 
  
De l’ainsité avec et sans souillures,
+
{{DrelSection
Des qualités immaculées des bouddhas
+
|verse=I.11
et de leurs activités de Vainqueurs
+
|text=:La libération de l’attachement se ramène
Émergent les Trois Joyaux de vertu,
+
:Aux vérités de la cessation et de la voie.
L’objet même de ceux qui voient la vérité absolue. (I, 23)
+
:On saura que dans cet ordre
 +
:Chacune possède trois qualités.}} (I, 11)
  
La filiation spirituelle des Trois Joyaux
 
Est l’objet de ceux qui voient tout.
 
Les quatre points sont inconcevables
 
Pour quatre raisons. Respectivement : (I, 24)
 
  
Parce que [l’Élément] est pur mais encore associé aux affections ;
+
{{DrelSection
Parce que [l’Éveil] est dépourvu de souillures et pourtant purifié ;
+
|verse=I.12
Parce que les qualités ne sont pas séparées [de l’essence du réel] ;
+
|text=:Non analysable, inexprimable,
Et parce que les [activités] spontanées ne recourent pas à la pensée. (I, 25)
+
:Connu des [seuls] êtres sublimes, il est inconcevable.
 +
:Paix, il est libre des deux [voiles] et de la pensée ;
 +
:Sa pureté et ses deux autres qualités l’assimilent au soleil.}} (I, 12)
  
L’objet de la réalisation, la réalisation,
 
Ses attributs et ce qui amène à la réalisation :
 
De ces quatre points, le premier est la cause
 
De la purification et les trois autres ses conditions. (I, 26)
 
  
I
+
{{DrelSection
 +
|verse=I.13
 +
|text=:Comme l’esprit est par nature luminosité, ils voient
 +
:que les affections n’ont pas d’essence,
 +
:Si bien qu’ils réalisent correctement la paix,
 +
:l’inexistence ultime du soi de tous les êtres.
 +
:À ceux qui voient la présence en tous de la bouddhéité parfaite
 +
:car ils ont une intelligence libre de voiles ;
 +
:À ceux dont la vision de sagesse a pour objet
 +
:la pureté et l’infinité des êtres, je rends hommage.}} (I, 13)
  
LA QUINTESSENCE DES TATHĀGATAS
 
  
Comme le corps des parfaits bouddhas rayonne,
+
{{DrelSection
Que l’ainsité est indifférenciée,
+
|verse=I.14
Et que la filiation spirituelle existe,
+
|text=:Comme le regard de leur sagesse intérieure
Tous les êtres sont toujours porteurs de la quintessence des bouddhas. (I, 27)
+
:Sur l’essence des choses et leur diversité est pur,
 +
:L’assemblée des sages qui ne régressent plus
 +
:Possède d’insurpassables qualités.}} (I, 14)
  
Comme la sagesse des bouddhas imprègne la multitude des êtres,
 
Que sa nature immaculée est non duelle
 
Et que la filiation spirituelle des bouddhas est une métaphore du fruit,
 
Il est enseigné que tous les êtres sont porteurs
 
de la quintessence des bouddhas. (I, 28)
 
  
L’essence, la cause, le fruit, la fonction,
+
{{DrelSection
La dotation, la manifestation, les états et l’omniprésence,
+
|verse=I.15
L’immutabilité perpétuelle et les indissociables qualités :
+
|text=:Avec la réalisation de la vraie nature
Voilà les points qui permettent de comprendre la dimension absolue. (I, 29)
+
:Paisible des êtres, ils [connaissent] l’essence des choses.
 +
:La nature [de l’esprit] étant totalement pure,
 +
:Les affections y sont épuisées dès l’origine.}} (I, 15)
  
Pure comme un joyau, comme l’espace ou comme l’eau,
 
Sa nature demeure à jamais libre des affections.
 
Elle émerge de l’aspiration au Dharma, de la connaissance supérieure,
 
Du recueillement et de la compassion. (I, 30)
 
  
Comme elle est puissante, immuable,
+
{{DrelSection
Et de nature humide,
+
|verse=I.16
Elle est analogue
+
|text=:Avec l’intelligence qui réalise l’état ultime des phénomènes,
Au précieux joyau, à l’espace et à l’eau. (I, 31)
+
:[Ils connaissent] la diversité parce qu’ils voient
 +
:L’omnisciente essence du réel
 +
:Présente en tous les êtres.}} (I, 16)
  
L’aversion pour le Dharma et la vue du soi,
 
La peur des souffrances du saṃsāra
 
Et l’indifférence au bien des êtres
 
Sont respectivement les voiles des hédonistes,
 
Des hétérodoxes, des auditeurs et des [bouddhas] nés d’eux-mêmes.
 
L’aspiration supérieure et les trois autres qualités
 
Sont alors les causes de leur purification. (I, 32-33)
 
  
Ceux qui ont eu pour graine l’aspiration au véhicule suprême,
+
{{DrelSection
Pour mère la connaissance qui produit les qualités des bouddhas,
+
|verse=I.17
Pour matrice la félicité de la concentration,
+
|text=:Cette réalisation est la vision
et pour nourrice la compassion,
+
:Que chacun connaît par soi-même.
Ceux-là sont assurément les enfants et les successeurs des Sages. (I, 34)
+
:Elle est pure parce que, dans l’immensité immaculée,
 +
:Il n’y a pas d’attachement ni d’obstacles}} (I, 17)
  
Le fruit est la perfection transcendante des qualités
 
De pureté, de soi, de félicité et de permanence.
 
Il a pour fonction le dégoût de la souffrance,
 
L’aspiration à la paix et le vœu de l’atteindre. (I, 35)
 
  
En résumé, le fruit de ces [quatre causes]
+
{{DrelSection
Consiste en ces antidotes qui s’opposent
+
|verse=I.18
Aux quatre types de méprises
+
|text=:Comme leur vision de sagesse est pure
Relatives au corps absolu. (I, 36)
+
:Et [proche de] l’insurpassable sagesse des bouddhas,
 +
:Les êtres sublimes qui ne régressent plus
 +
:Sont des refuges pour tous les êtres vivants.}} (I, 18)
  
[Le corps absolu] est pureté parce qu’il est pur par nature
 
Et qu’il n’a plus d’imprégnations karmiques.
 
Il est le vrai soi parce que les élaborations
 
Du soi et du sans-soi y sont apaisées. (I, 37)
 
  
Il est félicité parce qu’il a renoncé aux agrégats
+
{{DrelSection
De nature mentale et à leurs causes.
+
|verse=I.19
Il est permanence parce qu’il réalise
+
|text=:On a instauré le triple refuge en considération
L’égalité du saṃsāra et du nirvāṇa. (I, 38)
+
:Du maître, de l’enseignement et des disciples,
 +
:Du point de vue des adeptes des trois véhicules
 +
:Et des aspirations aux trois activités.}} (I, 19)
  
Les compatissants ont coupé sans reste la soif du soi
 
avec la connaissance transcendante ;
 
Et comme ils ont soif des êtres vivants, ils ne consomment pas la paix.
 
Avec l’intelligence et la compassion pour méthodes d’Éveil,
 
Les êtres sublimes ne se tiennent ni dans le saṃsāra ni dans le nirvāṇa.
 
(I, 39)
 
  
Si nous n’avions pas d’élément de bouddha,
+
{{DrelSection
Nous ne nous lasserions pas de souffrir
+
|verse=I.20
Et ne voudrions pas d’un nirvāṇa
+
|text=:Ni le Dharma sous ses deux aspects ni la sublime assemblée
Qui ne nous inspirerait ni intérêt ni désir. (I, 40)
+
:Ne sont de suprêmes refuges promis à durer.
 +
:L’un parce qu’il faudra le laisser derrière soi,
 +
:parce qu’il est trompeur et qu’il n’existe pas ;
 +
:Et l’autre parce qu’on y trouve encore de la peur.}} (I, 20)
  
Le fait de voir que le saṃsāra a pour défaut la souffrance
 
Et que le nirvāṇa a pour qualité le bonheur
 
Est dû à la présence de la filiation spirituelle –
 
Ce n’est pas le cas chez ceux qui en sont dépourvus. (I, 41)
 
  
Source inépuisable de joyaux aux qualités infinies,
+
{{DrelSection
[L’Élément] ressemble au Grand Océan.
+
|verse=I.21
On le compare aussi à une lampe car, en essence,
+
|text=:Au sens le plus sacré, les êtres
Il possède d’indissociables qualités. (I, 42)
+
:N’ont qu’un seul refuge : le Bouddha,
 +
:Car le Sage a pour corps le Dharma
 +
:Et qu’il est le but ultime de la Communauté.}} (I, 21)
  
Comme [cet Élément] inclut les domaines du corps absolu,
 
De la sagesse des Vainqueurs et de la compassion,
 
L’enseignement le compare à l’Océan
 
Sous le rapport du réceptacle, des joyaux et de l’eau. (I, 43)
 
  
Dans la base immaculée, les connaissances extraordinaires,
+
{{DrelSection
La sagesse primordiale et l’absence de souillures
+
|verse=I.22
sont indissociables de l’ainsité.
+
|text=:Les « Joyaux » sont ainsi nommés
Voilà autant de qualités qui correspondent à celles d’une lampe –
+
:Pour leur rareté, leur pureté et leurs pouvoirs,
La lumière, la chaleur et les couleurs. (I, 44)
+
:Parce qu’ils sont les ornements du monde
 +
:Et parce qu’ils sont suprêmes et immuables.}} (I, 22)
  
Comme l’ainsité se manifeste différemment
 
Chez les êtres ordinaires, les êtres sublimes
 
Et les parfaits bouddhas, Celui qui voit le réel
 
Montre aux êtres leur essence de Vainqueurs. (I, 45)
 
  
Les êtres ordinaires sont dans l’erreur ;
+
{{DrelSection
Ceux qui voient les vérités s’en détournent ;
+
|verse=I.23
Et les tathāgatas sont tels quels,
+
|text=:De l’ainsité avec et sans souillures,
Dégagés de l’erreur et des élaborations conceptuelles. (I, 46)
+
:Des qualités immaculées des bouddhas
 +
:et de leurs activités de Vainqueurs
 +
:Émergent les Trois Joyaux de vertu,
 +
:L’objet même de ceux qui voient la vérité absolue.}} (I, 23)
  
Les [états] impur, impur et pur, et très pur
 
Sont respectivement appelés
 
« Être ordinaire », « bodhisattva »,
 
Et « tathāgata ». (I, 47)
 
  
On ramène l’Élément à son essence
+
{{DrelSection
Et aux cinq autres points
+
|verse=I.24
Pour l’enseigner en fonction
+
|text=:La filiation spirituelle des Trois Joyaux
Des trois états et de leurs trois noms. (I, 48)
+
:Est l’objet de ceux qui voient tout.
 +
:Les quatre points sont inconcevables
 +
:Pour quatre raisons. Respectivement :}} (I, 24)
  
De même que l’espace qui a pour essence
 
De ne pas penser se répand en tout lieu,
 
De même, la nature de l’esprit est omniprésente
 
Comme l’immensité immaculée. (I, 49)
 
  
Ce caractère général imprègne
+
{{DrelSection
Les défauts, les qualités et l’ultime,
+
|verse=I.25
À l’image de l’espace [qui pénètre] toute forme :
+
|text=:Parce que [l’Élément] est pur mais encore associé aux affections ;
Inférieure, moyenne ou supérieure. (I, 50)
+
:Parce que [l’Éveil] est dépourvu de souillures et pourtant purifié ;
 +
:Parce que les qualités ne sont pas séparées [de l’essence du réel] ;
 +
:Et parce que les [activités] spontanées ne recourent pas à la pensée.}} (I, 25)
  
Vu le caractère adventice de ses défauts
 
Et le caractère naturel de ses qualités,
 
Telle elle était, telle elle sera :
 
L’essence du réel est immuable. (I, 51)
 
  
De même que, du fait de sa subtilité,
+
{{DrelSection
Rien ne peut souiller l’espace omniprésent,
+
|verse=I.26
Rien ne peut souiller cette présence
+
|text=:L’objet de la réalisation, la réalisation,
En tous et en chaque être. (I, 52)
+
:Ses attributs et ce qui amène à la réalisation
 +
:De ces quatre points, le premier est la cause
 +
:De la purification et les trois autres ses conditions.}} (I, 26)
  
De même que tous les mondes
 
Naissent et meurent dans l’espace,
 
De même les facultés des sens naissent
 
Et meurent dans l’immensité inconditionnée. (I, 53)
 
  
Tout comme, jusqu’à ce jour,
+
===I - LA QUINTESSENCE DES TATHĀGATAS===
Aucun feu n’a jamais consumé l’espace,
 
Cette [essence] ne se consume pas aux feux
 
De la mort, de la maladie et de la vieillesse. (I, 54)
 
  
La terre s’étend sur l’eau et l’eau sur le vent ;
+
{{DrelSection
Le vent [s’étend] dans l’espace, mais l’espace
+
|verse=I.27
Ne repose pas sur les éléments vent
+
|text=:Comme le corps des parfaits bouddhas rayonne,
Ou eau, ni sur l’élément terre. (I, 55)
+
:Que l’ainsité est indifférenciée,
 +
:Et que la filiation spirituelle existe,
 +
:Tous les êtres sont toujours porteurs de la quintessence des bouddhas.}}
 +
:(I, 27)
  
Les agrégats, les domaines et les sens
 
Reposent sur les actes et les affections ;
 
Les actes et les affections reposent
 
Toujours sur les activités erronées du mental. (I, 56)
 
  
Les activités erronées du mental reposent
+
{{DrelSection
Elles-mêmes sur la pureté de l’esprit,
+
|verse=I.28
Mais la nature de l’esprit
+
|text=:Comme la sagesse des bouddhas imprègne la multitude des êtres,
Ne repose sur aucun de ces phénomènes. (I, 57)
+
:Que sa nature immaculée est non duelle
 +
:Et que la filiation spirituelle des bouddhas est une métaphore du fruit,
 +
:Il est enseigné que tous les êtres sont porteurs
 +
:de la quintessence des bouddhas.}} (I, 28)
  
Sachez que les agrégats, les domaines et les sources
 
Sont semblables à l’élément terre.
 
Sachez aussi que les actes et les affections des êtres
 
Évoquent l’élément eau. (I, 58)
 
  
Considérez les activités erronées du mental
+
{{DrelSection
Comme l’élément vent. Quant à la nature
+
|verse=I.29
[De l’esprit], elle n’a pas de fondement
+
|text=:L’essence, la cause, le fruit, la fonction,
Et ne repose sur rien, comme l’élément espace. (I, 59)
+
:La dotation, la manifestation, les états et l’omniprésence,
 +
:L’immutabilité perpétuelle et les indissociables qualités
 +
:Voilà les points qui permettent de comprendre la dimension absolue.}}
 +
:(I, 29)
  
Les activités erronées du mental
 
Reposent sur la nature de l’esprit ;
 
Des activités erronées du mental
 
Procèdent les actes et les affections. (I, 60)
 
  
De l’eau des actes et des affections
+
{{DrelSection
Émergent les agrégats, les domaines et les sources
+
|verse=I.30
Qui apparaissent et disparaissent comme
+
|text=:Pure comme un joyau, comme l’espace ou comme l’eau,
[Les mondes] qui naissent et se détruisent. (I, 61)
+
:Sa nature demeure à jamais libre des affections.
 +
:Elle émerge de l’aspiration au Dharma, de la connaissance supérieure,
 +
:Du recueillement et de la compassion.}} (I, 30)
  
Pareille au domaine de l’espace, la nature
 
De l’esprit n’a ni cause ni condition
 
Et n’est pas une combinaison ; elle n’a pas non plus
 
De naissance, de cessation et de durée. (I, 62)
 
  
La nature de l’esprit, qui est luminosité,
+
{{DrelSection
Est immuable comme l’espace.
+
|verse=I.31
Nées d’idées fausses, les souillures adventices
+
|text=:Comme elle est puissante, immuable,
Comme l’attachement ne l’affecteront jamais. (I, 63)
+
:Et de nature humide,
 +
:Elle est analogue
 +
:Au précieux joyau, à l’espace et à l’eau.}} (I, 31)
  
L’eau des affections et des actes
 
Ne saurait la produire, guère plus
 
Que ne sauraient la consumer les feux insupportables
 
De la maladie, de la vieillesse et de la mort. (I, 64)
 
  
Les feux de la mort, de la maladie
+
{{DrelSection
Et de la vieillesse sont respectivement
+
|verse=I.32;I.33
Comparables au feu de la fin des temps,
+
|text=:L’aversion pour le Dharma et la vue du soi,
Au feu des enfers et au feu ordinaire. (I, 65)
+
:La peur des souffrances du saṃsāra
 +
:Et l’indifférence au bien des êtres
 +
:Sont respectivement les voiles des hédonistes,
 +
:Des hétérodoxes, des auditeurs et des [bouddhas] nés d’eux-mêmes.
 +
:L’aspiration supérieure et les trois autres qualités
 +
:Sont alors les causes de leur purification.}} (I, 32-33)
  
Les sages [bodhisattvas] qui ont correctement réalisé
 
la nature [de l’Élément]
 
Sont libres de la naissance, de la mort, de la maladie et de la vieillesse.
 
Or, même libres de toute adversité, et en raison de cela même,
 
Ils manifestent la naissance et le reste par compassion pour les êtres.
 
(I, 66)
 
  
Les sublimes [bodhisattvas] ont dissipé les souffrances
+
{{DrelSection
De la mort, de la maladie et de la vieillesse.
+
|verse=I.34
La naissance dérivant des affections et des actes
+
|text=:Ceux qui ont eu pour graine l’aspiration au véhicule suprême,
N’est plus et ses suites ne seront point. (I, 67)
+
:Pour mère la connaissance qui produit les qualités des bouddhas,
 +
:Pour matrice la félicité de la concentration,
 +
:et pour nourrice la compassion,
 +
:Ceux-là sont assurément les enfants et les successeurs des Sages.}} (I, 34)
  
Comme ils voient tel quel et correctement,
 
Ils dépassent la naissance et ses suites,
 
Mais comme ils incarnent la compassion,
 
Ils se montrent naissants, malades, vieux et morts. (I, 68)
 
  
Les enfants des Vainqueurs ont réalisé l’immuable essence du réel,
+
{{DrelSection
Mais ceux que l’ignorance aveugle
+
|verse=I.35
Les voient [toujours] naître, vieillir, tomber malades et mourir :
+
|text=:Le fruit est la perfection transcendante des qualités
N’y a-t-il pas là quelque étonnante merveille ? (I, 69)
+
:De pureté, de soi, de félicité et de permanence.
 +
:Il a pour fonction le dégoût de la souffrance,
 +
:L’aspiration à la paix et le vœu de l’atteindre.}} (I, 35)
  
Ils ont atteint la sphère des êtres sublimes
 
Mais se montrent dans la sphère des êtres puérils.
 
C’est bien pourquoi les méthodes et la compassion
 
De ces amis des êtres sont suprêmes. (I, 70)
 
  
Ils ont dépassé tous les mondes
+
{{DrelSection
Mais ne quittent pas le monde ;
+
|verse=I.36
Ils œuvrent pour le monde dans le monde
+
|text=:En résumé, le fruit de ces [quatre causes]
Sans que les impuretés du monde les souillent. (I, 71)
+
:Consiste en ces antidotes qui s’opposent
 +
:Aux quatre types de méprises
 +
:Relatives au corps absolu.}} (I, 36)
  
De même que le lotus qui naît dans l’eau
 
N’est pas souillé par l’eau,
 
De même naissent-ils dans le monde
 
Sans que les choses du monde les souillent. (I, 72)
 
  
Pour accomplir leur tâche, leur intelligence
+
{{DrelSection
Brûle comme un feu qui brûle constamment,
+
|verse=I.37
Mais ils restent constamment absorbés
+
|text=:[Le corps absolu] est pureté parce qu’il est pur par nature
Dans la paix de la concentration. (I, 73)
+
:Et qu’il n’a plus d’imprégnations karmiques.
 +
:Il est le vrai soi parce que les élaborations
 +
:Du soi et du sans-soi y sont apaisées.}} (I, 37)
  
Sur l’élan de leurs efforts antérieurs
 
Et affranchis de toute pensée,
 
Ils font mûrir les êtres
 
Sans exercer le moindre effort. (I, 74)
 
  
Ils savent précisément qui aider,
+
{{DrelSection
Comment et par quels moyens,
+
|verse=I.38
Que ce soit avec des enseignements, des corps formels,
+
|text=:Il est félicité parce qu’il a renoncé aux agrégats
Des actes altruistes ou certains comportements. (I, 75)
+
:De nature mentale et à leurs causes.
 +
:Il est permanence parce qu’il réalise
 +
:L’égalité du saṃsāra et du nirvāṇa.}} (I, 38)
  
Ainsi, dans les mondes infinis comme l’espace,
 
Ces êtres intelligents s’engagent toujours correctement
 
À accomplir le bien des êtres de façon spontanée
 
Sans jamais rencontrer d’obstacles. (I, 76)
 
  
Les êtres ordinaires ne voient pas de différence
+
{{DrelSection
Entre la façon de libérer les êtres
+
|verse=I.39
Propre aux tathāgatas et celle
+
|text=:Les compatissants ont coupé sans reste la soif du soi
Des bodhisattvas en post-méditation. (I, 77)
+
:avec la connaissance transcendante ;
 +
:Et comme ils ont soif des êtres vivants, ils ne consomment pas la paix.
 +
:Avec l’intelligence et la compassion pour méthodes d’Éveil,
 +
:Les êtres sublimes ne se tiennent ni dans le saṃsāra ni dans le nirvāṇa.}}
 +
:(I, 39)
  
Et pourtant, il y a la même différence
 
Entre les bodhisattvas et les bouddhas
 
Qu’entre une poussière et la terre toute entière
 
Ou entre l’eau d’une empreinte de sabot et l’océan. (I, 78)
 
  
[Le corps absolu] est immuable puisqu’il possède
+
{{DrelSection
d’inépuisables qualités ;
+
|verse=I.40
C’est un refuge pour les êtres puisqu’il persiste sans limite future ;
+
|text=:Si nous n’avions pas d’élément de bouddha,
Il est toujours non duel puisqu’il ne pense pas ;
+
:Nous ne nous lasserions pas de souffrir
Et c’est aussi une réalité indestructible puisque sa nature est incréée.
+
:Et ne voudrions pas d’un nirvāṇa
(I, 79)
+
:Qui ne nous inspirerait ni intérêt ni désir.}} (I, 40)
  
Il ne naît pas, ne meurt pas,
 
Ne souffre pas, ne vieillit pas,
 
Parce qu’il est permanent, stable,
 
Paisible et éternel. (I, 80)
 
  
Il ne naît pas dans un corps de nature mentale
+
{{DrelSection
Puisqu’il est permanent ;
+
|verse=I.41
Il ne meurt pas d’une mort aux inconcevables métamorphoses
+
|text=:Le fait de voir que le saṃsāra a pour défaut la souffrance
Puisqu’il est stable ; (I, 81)
+
:Et que le nirvāṇa a pour qualité le bonheur
 +
:Est dû à la présence de la filiation spirituelle –
 +
:Ce n’est pas le cas chez ceux qui en sont dépourvus.}} (I, 41)
  
Il ne souffre pas des maux résultant des imprégnations subtiles
 
Puisqu’il est paisible ;
 
Il ne vieillit pas sous l’effet des formations non contaminées
 
Puisqu’il est éternel. (I, 82)
 
  
En associant les vers correspondants
+
{{DrelSection
Des strophes précédentes, on connaîtra le sens
+
|verse=I.42
De la permanence, de la stabilité, de la paix et de l’éternité
+
|text=:Source inépuisable de joyaux aux qualités infinies,
De l’immensité inconditionnée. (I, 83)
+
:[L’Élément] ressemble au Grand Océan.
 +
:On le compare aussi à une lampe car, en essence,
 +
:Il possède d’indissociables qualités.}} (I, 42)
  
La permanence, c’est l’immutabilité,
 
Puisque [le corps absolu] possède d’inépuisables qualités.
 
La stabilité, c’est une nature de refuge,
 
Puisqu’il a la même limite [que le saṃsāra]. (I, 84)
 
  
La paix, c’est la non duelle essence du réel,
+
{{DrelSection
Puisqu’il a pour nature de ne pas penser.
+
|verse=I.43
L’éternité, c’est l’indestructibilité,
+
|text=:Comme [cet Élément] inclut les domaines du corps absolu,
Puisqu’il n’a pas de qualités artificielles. (I, 85)
+
:De la sagesse des Vainqueurs et de la compassion,
 +
:L’enseignement le compare à l’Océan
 +
:Sous le rapport du réceptacle, des joyaux et de l’eau.}} (I, 43)
  
Voici le corps absolu, le tathāgata,
 
Les vérités des êtres sublimes et l’absolu nirvāṇa.
 
Inséparable de ses qualités comme le soleil de ses rayons,
 
Il n’est de nirvāṇa que la bouddhéité. (I, 86)
 
  
En bref, sachez que comme on peut approcher le sens
+
{{DrelSection
De l’immensité non contaminée sous quatre angles,
+
|verse=I.44
Le « corps absolu » et les trois autres termes ci-dessus
+
|text=:Dans la base immaculée, les connaissances extraordinaires,
Sont de simples synonymes. (I, 87)
+
:La sagesse primordiale et l’absence de souillures
 +
:sont indissociables de l’ainsité.
 +
:Voilà autant de qualités qui correspondent à celles d’une lampe –
 +
:La lumière, la chaleur et les couleurs.}} (I, 44)
  
[L’immensité non contaminée], c’est la bouddhéité
 
indissociable de ses qualités,
 
La filiation obtenue telle quelle,
 
L’essence du réel qui ne ment ni ne trompe
 
Et la paix naturelle des origines. (I, 88)
 
  
Éveil manifeste et parfait à toutes choses
+
{{DrelSection
Et élimination des souillures avec leurs imprégnations –
+
|verse=I.45
Le bouddha et le nirvāṇa
+
|text=:Comme l’ainsité se manifeste différemment
Au sens sacré ne sont pas deux. (I, 89)
+
:Chez les êtres ordinaires, les êtres sublimes
 +
:Et les parfaits bouddhas, Celui qui voit le réel
 +
:Montre aux êtres leur essence de Vainqueurs.}} (I, 45)
  
La libération a pour caractéristique
 
D’être inséparable de ses qualités – complètes,
 
Innombrables, inconcevables et immaculées.
 
Cette libération est le tathāgata. (I, 90)
 
  
Imaginez des peintres aux talents différents
+
{{DrelSection
Qui ne savent représenter de parties du corps
+
|verse=I.46
que celles qu’ils connaissent.
+
|text=:Les êtres ordinaires sont dans l’erreur ;
Le maître du royaume leur offre une toile :
+
:Ceux qui voient les vérités s’en détournent ;
« Travaillez ensemble, dit-il, et faites mon portrait ! »
+
:Et les tathāgatas sont tels quels,
À cet ordre, ils se mettent à l’ouvrage mais l’un d’eux
+
:Dégagés de l’erreur et des élaborations conceptuelles.}} (I, 46)
Doit soudain se rendre à l’étranger.
 
Celui-là disparu, il sera impossible d’achever le tableau
 
dans toutes ses parties.
 
Fin de la parabole. (I, 91-94)
 
  
Qui sont ces peintres ? La générosité
 
La discipline, la patience et les autres vertus.
 
[Le portrait] est une forme donnée
 
À la vacuité en tout suprême. (I, 95)
 
  
La connaissance, la sagesse et la libération
+
{{DrelSection
Éclairent, rayonnent et purifient
+
|verse=I.47
Sans se séparer [du corps absolu] ;
+
|text=:Les [états] impur, impur et pur, et très pur
On les compare à la lumière du soleil, à ses rayons et à son orbe. (I, 96)
+
:Sont respectivement appelés
 +
:« Être ordinaire », « bodhisattva »,
 +
:Et « tathāgata ».}} (I, 47)
  
Par conséquent, on n’atteint pas le nirvāṇa
 
Sans atteindre la bouddhéité,
 
De même qu’on ne peut voir le soleil
 
Sans sa lumière et ses rayons. (I, 97)
 
  
Voilà donc les dix points qui définissent
+
{{DrelSection
La quintessence des Vainqueurs.
+
|verse=I.48
Il s’impose maintenant d’en reconnaître la présence
+
|text=:On ramène l’Élément à son essence
Dans l’enveloppe des affections en s’aidant de comparaisons. (I, 98)
+
:Et aux cinq autres points
 +
:Pour l’enseigner en fonction
 +
:Des trois états et de leurs trois noms.}} (I, 48)
  
Comme un bouddha dans un lotus flétri, le miel au milieu des abeilles,
 
Le grain dans la balle, l’or dans les immondices,
 
Un trésor enterré, le germe [d’un grand arbre né] d’un petit fruit,
 
Une statue de bouddha dans des haillons, (I, 99)
 
  
Un maître des hommes dans le ventre d’une pauvresse,
+
{{DrelSection
Ou encore comme une précieuse image dans l’argile [du moule] :
+
|verse=I.49
Cet Élément ainsi présent dans les êtres est voilé
+
|text=:De même que l’espace qui a pour essence
Par les souillures adventices des affections. (I, 100)
+
:De ne pas penser se répand en tout lieu,
 +
:De même, la nature de l’esprit est omniprésente
 +
:Comme l’immensité immaculée.}} (I, 49)
  
Le lotus, les insectes, la balle du grain, les immondices,
 
la terre, le fruit et les haillons,
 
De même que la femme tourmentée par les flammes
 
de la souffrance et l’argile, représentent les souillures,
 
Tandis que le bouddha, le miel, le grain, l’or,
 
le trésor, le banian, l’image,
 
Le maître suprême des continents et la statue en or
 
représentent l’Élément sublime et immaculé. (I, 101)
 
  
Dans un lotus aux couleurs défraîchies se trouve
+
{{DrelSection
Un tathāgata rayonnant de mille marques.
+
|verse=I.50
Un homme qui a purifié l’œil divin le voit
+
|text=:Ce caractère général imprègne
Et l’extrait de la corolle fanée du lotus. (I, 102)
+
:Les défauts, les qualités et l’ultime,
 +
:À l’image de l’espace [qui pénètre] toute forme
 +
:Inférieure, moyenne ou supérieure.}} (I, 50)
  
De même, avec son œil de bouddha, le Bien-Allé voit aussi
 
Sa propre nature chez les êtres de l’enfer des Tourments Insurpassables.
 
Compassion incarnée, libre des voiles,
 
il restera jusqu’à la fin des temps
 
Pour libérer les êtres des voiles qui les obscurcissent. (I, 103)
 
  
L’œil divin qui voit un bouddha enfermé dans un lotus immonde
+
{{DrelSection
Arrache les pétales de la fleur.
+
|verse=I.51
De même, le sage qui voit dans chaque être la quintessence
+
|text=:Vu le caractère adventice de ses défauts
des parfaits bouddhas enfermée dans les souillures
+
:Et le caractère naturel de ses qualités,
de l’attachement, de la haine et des autres poisons
+
:Telle elle était, telle elle sera
Élimine ces voiles par compassion. (I, 104)
+
:L’essence du réel est immuable.}} (I, 51)
  
Voyant que le miel qu’il convoite
 
Est cerné par les abeilles,
 
L’homme ingénieux exercera son habileté
 
En détachant le miel des insectes. (I, 105)
 
  
Le grand ermite, qui voit d’un œil omniscient
+
{{DrelSection
L’Élément de connaissance comparable au miel,
+
|verse=I.52
N’a de cesse que d’éliminer à jamais
+
|text=:De même que, du fait de sa subtilité,
Les voiles ici comparés à des abeilles. (I, 106)
+
:Rien ne peut souiller l’espace omniprésent,
 +
:Rien ne peut souiller cette présence
 +
:En tous et en chaque être.}} (I, 52)
  
L’homme qui convoite le miel caché sous des abeilles par millions
 
Disperse les insectes et dispose du miel à sa guise.
 
De même, la connaissance non contaminée présente en chaque être
 
est comparable au miel ;
 
Les affections aux abeilles ; et le Vainqueur habile à les détruire
 
à cet homme. (I, 107)
 
  
Le grain dans la balle n’est pas
+
{{DrelSection
Utilisable par l’homme.
+
|verse=I.53
Pour s’en nourrir il faut
+
|text=:De même que tous les mondes
L’extraire de la balle. (I, 108)
+
:Naissent et meurent dans l’espace,
 +
:De même les facultés des sens naissent
 +
:Et meurent dans l’immensité inconditionnée.}} (I, 53)
  
De même, tant que le Vainqueur présent en chaque être,
 
Mêlé cependant à la souillure des affections,
 
N’aura pas été libéré de cette promiscuité
 
avec la souillure des affections,
 
Les Vainqueurs n’exerceront leurs activités
 
dans aucun des trois mondes. (I, 109)
 
  
De même que les grains de riz, de blé noir ou d’orge
+
{{DrelSection
encore dans la balle, et avec leurs barbes,
+
|verse=I.54
Ne peuvent rien donner de bon à manger
+
|text=:Tout comme, jusqu’à ce jour,
s’ils ne sont pas bien préparés,
+
:Aucun feu n’a jamais consumé l’espace,
Le seigneur des qualités, présent en chaque être,
+
:Cette [essence] ne se consume pas aux feux
emprisonné toutefois dans la gangue des affections,
+
:De la mort, de la maladie et de la vieillesse.}} (I, 54)
Ne peut offrir la saveur des plaisirs du Dharma à des êtres
 
tenaillés par la faim des affections. (I, 110)
 
  
Un voyageur laissa tomber
 
Son or dans les immondices
 
Mais, en raison de sa nature inaltérable,
 
L’or resta intact pendant des siècles, (I, 111)
 
  
Jusqu’à ce qu’un dieu à l’œil pur
+
{{DrelSection
L’aperçoive et dise à un être humain :
+
|verse=I.55
« Il y a ici de l’or, le plus précieux des joyaux.
+
|text=:La terre s’étend sur l’eau et l’eau sur le vent ;
Purifiez-le et faites-en tout ce que l’on fait avec les précieux joyaux ! »
+
:Le vent [s’étend] dans l’espace, mais l’espace
(I, 112)
+
:Ne repose pas sur les éléments vent
 +
:Ou eau, ni sur l’élément terre.}} (I, 55)
  
De même, voyant la qualité des êtres enfouie
 
Dans les immondices des affections,
 
Le sage fait sur tous les êtres tomber les pluies
 
Du vrai Dharma pour les laver de la boue des affections. (I, 113)
 
  
Le dieu qui a décelé l’or tombé dans les immondices
+
{{DrelSection
en montre avec insistance
+
|verse=I.56
La sublime beauté à un être humain pour qu’il le nettoie parfaitement.
+
|text=:Les agrégats, les domaines et les sens
De même, voyant en chaque être le joyau de la bouddhéité parfaite
+
:Reposent sur les actes et les affections ;
tombé dans les grandes immondices des affections,
+
:Les actes et les affections reposent
Le Vainqueur enseigne le Dharma aux êtres
+
:Toujours sur les activités erronées du mental.}} (I, 56)
pour qu’ils purifient cette [quintessence]. (I, 114)
 
  
Sous la maison d’un pauvre
 
Est enfoui un trésor inépuisable.
 
Le pauvre homme l’ignore et le trésor
 
Ne lui dit pas où il se trouve. (I, 115)
 
  
De même, l’esprit recèle le précieux trésor immaculé
+
{{DrelSection
De l’essence du réel sans ajout ni retrait.
+
|verse=I.57
Ne l’ayant pas compris, les êtres subissent constamment
+
|text=:Les activités erronées du mental reposent
Les souffrances de la pauvreté sous maintes formes. (I, 116)
+
:Elles-mêmes sur la pureté de l’esprit,
 +
:Mais la nature de l’esprit
 +
:Ne repose sur aucun de ces phénomènes.}} (I, 57)
  
Le trésor enfoui sous la maison du pauvre ne peut pas
 
Lui dire sa présence – que le malheureux continue d’ignorer.
 
De même, le trésor du réel se cache dans la maison de l’esprit des êtres
 
comme chez le pauvre homme,
 
Et c’est bien pour qu’ils le trouvent
 
que de vrais sages viennent au monde. (I, 117)
 
  
Le noyau que l’on trouve dans la mangue et d’autres fruits,
+
{{DrelSection
A l’inaliénable propriété de germer. Une terre labourée,
+
|verse=I.58
De l’eau et d’autres [conditions] concourent alors
+
|text=:Sachez que les agrégats, les domaines et les sources
À la formation graduelle de la substance du roi des arbres. (I, 118)
+
:Sont semblables à l’élément terre.
 +
:Sachez aussi que les actes et les affections des êtres
 +
:Évoquent l’élément eau.}} (I, 58)
  
Enfoncée sous la peau du fruit que constituent l’ignorance
 
et les autres [émotions] qui affectent les êtres,
 
Il y a aussi l’immensité vertueuse de l’Élément du réel.
 
De même, avec le concours de telle et telle vertu,
 
Cet Élément devient peu à peu la substance du roi des sages. (I, 119)
 
  
L’eau, la lumière du soleil, le vent, la terre, le temps et l’espace
+
{{DrelSection
sont autant de conditions
+
|verse=I.59
Qui, sous la peau des fruits du palmier ou du manguier,
+
|text=:Considérez les activités erronées du mental
coopèrent à la naissance d’un grand arbre.
+
:Comme l’élément vent. Quant à la nature
De même, sous la peau du fruit des émotions qui affectent les êtres,
+
:[De l’esprit], elle n’a pas de fondement
loge la graine de la bouddhéité parfaite :
+
:Et ne repose sur rien, comme l’élément espace.}} (I, 59)
Différentes conditions vertueuses permettront de voir
 
le germe du Dharma pendant qu’il croît. (I, 120)
 
  
Imaginez une statue du bouddha en matières précieuses
 
Enveloppée dans de puantes guenilles.
 
Un dieu qui l’a vue abandonnée sur la route
 
En avertit les passants pour qu’ils la libèrent. (I, 121)
 
  
De même, celui dont rien ne bloque la vision et qui voit,
+
{{DrelSection
Chez les animaux aussi, la substance d’un bouddha
+
|verse=I.60
Enveloppée dans toute la variété des affections,
+
|text=:Les activités erronées du mental
Montrera les moyens de l’en délivrer. (I, 122)
+
:Reposent sur la nature de l’esprit ;
 +
:Des activités erronées du mental
 +
:Procèdent les actes et les affections.}} (I, 60)
  
Le dieu qui, de son œil divin, aperçoit sur la route
 
une statue du Bouddha toute en matières précieuses
 
enveloppée dans de puants haillons
 
La montre aux passants pour qu’ils l’en délivrent.
 
  
De même, lorsqu’il voit sur les chemins du saṃsāra,
+
{{DrelSection
jusques et y compris chez les animaux,
+
|verse=I.61
l’Élément enfoui sous les guenilles des affections,
+
|text=:De l’eau des actes et des affections
Le Vainqueur enseigne le Dharma pour le libérer. (I, 123)
+
:Émergent les agrégats, les domaines et les sources
 +
:Qui apparaissent et disparaissent comme
 +
:[Les mondes] qui naissent et se détruisent.}} (I, 61)
  
Imaginez une femme sans beauté ni protecteur
 
Qui vit dans un asile pour les déshérités.
 
Même enceinte de la gloire d’un souverain,
 
Elle ignore que son sein abrite le maître des hommes. (I, 124)
 
  
L’asile pour les déshérités est une image
+
{{DrelSection
de la naissance dans le saṃsāra
+
|verse=I.62
Et la femme enceinte figure les êtres qui ne se sont pas purifiés.
+
|text=:Pareille au domaine de l’espace, la nature
Ce qui est présent en elle assure sa protection ;
+
:De l’esprit n’a ni cause ni condition
Quant à l’Élément immaculé, il est comparable
+
:Et n’est pas une combinaison ; elle n’a pas non plus
[au monarque] qu’elle porte en son sein. (I, 125)
+
:De naissance, de cessation et de durée.}} (I, 62)
  
La femme laide dans ses vêtements sales
 
a beau porter un monarque en son sein,
 
Elle n’en subit pas moins les pires souffrances
 
dans un asile pour les déshérités.
 
De même, les êtres qui, sous l’emprise des affections,
 
n’ont pas l’esprit en paix
 
Restent sur le terrain de la souffrance et se sentent abandonnés
 
malgré le protecteur qu’ils portent en eux. (I, 126)
 
  
La statue coulée dans l’or qui refroidit dans [son moule]
+
{{DrelSection
Présente, du dehors, une nature argileuse.
+
|verse=I.63
Ce que voyant, les êtres avertis enlèveront l’enveloppe extérieure
+
|text=:La nature de l’esprit, qui est luminosité,
Pour nettoyer la [statue en] or qui se trouve à l’intérieur. (I, 127)
+
:Est immuable comme l’espace.
 +
:Nées d’idées fausses, les souillures adventices
 +
:Comme l’attachement ne l’affecteront jamais.}} (I, 63)
  
De même, voyant parfaitement que les souillures
 
De nature lumineuse sont fortuites,
 
[Ceux qui ont atteint] l’Éveil suprême lavent de leurs voiles
 
Les êtres comparables à des mines de joyaux. (I, 128)
 
  
Au fait de la vraie nature de la forme en or, brillante et pure,
+
{{DrelSection
Confinée dans l’argile refroidie, l’orfèvre l’en dégage.
+
|verse=I.64
De même, les omniscients, qui connaissent l’or pur de l’esprit apaisé,
+
|text=:L’eau des affections et des actes
Enseignent-ils le Dharma pour faire disparaître les voiles
+
:Ne saurait la produire, guère plus
en frappant « là où il faut ». (I, 129)
+
:Que ne sauraient la consumer les feux insupportables
 +
:De la maladie, de la vieillesse et de la mort.}} (I, 64)
  
Dans un lotus fané, parmi les abeilles,
 
Dans la balle du grain, dans les immondices, dans la terre,
 
Sous la peau du fruit, sous les guenilles, dans la matrice
 
D’une pauvresse et dans un moule en glaise, (I, 130)
 
  
Comparable à un bouddha, au miel, au grain,
+
{{DrelSection
De même qu’à l’or, à un trésor, à un grand arbre,
+
|verse=I.65
Une précieuse image, un monarque universel
+
|text=:Les feux de la mort, de la maladie
Et une statue en or, (I, 131)
+
:Et de la vieillesse sont respectivement
 +
:Comparables au feu de la fin des temps,
 +
:Au feu des enfers et au feu ordinaire.}} (I, 65)
  
L’Élément des êtres, dit-on, n’a rien de commun
 
Avec l’enveloppe des affections.
 
La pureté naturelle de l’esprit
 
Est telle depuis l’absence de commencement. (I, 132)
 
  
L’attachement, l’aversion et la confusion,
+
{{DrelSection
Ainsi que leur vive émergence et leurs imprégnations,
+
|verse=I.66
De même que les souillures éliminées
+
|text=:Les sages [bodhisattvas] qui ont correctement réalisé
sur les voies de vision et de méditation,
+
:la nature [de l’Élément]
Ou encore sur les terre impures et les terres pures : (I, 133)
+
:Sont libres de la naissance, de la mort, de la maladie et de la vieillesse.
 +
:Or, même libres de toute adversité, et en raison de cela même,
 +
:Ils manifestent la naissance et le reste par compassion pour les êtres.}} (I, 66)
  
Voilà neuf groupes [de souillures] qu’illustrent
 
Le lotus fané et les autres comparaisons,
 
Mais les enveloppes des affections secondaires
 
Présentent des millions et des millions de subdivisions. (I, 134)
 
  
L’attachement et les huit autres souillures
+
{{DrelSection
Sont disposés ci-dessus de façon à correspondre,
+
|verse=I.67
Dans le même ordre, au lotus fané
+
|text=:Les sublimes [bodhisattvas] ont dissipé les souffrances
Et aux huit autres comparaisons. (I, 135)
+
:De la mort, de la maladie et de la vieillesse.
 +
:La naissance dérivant des affections et des actes
 +
:N’est plus et ses suites ne seront point.}} (I, 67)
  
Les êtres puérils sont entachés par quatre
 
De ces souillures ; les arhats par une,
 
Les disciples [sur les voies avec apprentissage] par deux ;
 
Et les sages [bodhisattvas] par deux souillures aussi. (I, 136)
 
  
Devant un lotus, fleur née de la boue,
+
{{DrelSection
On se sent toujours heureux.
+
|verse=I.68
Mais cette joie bientôt s’évanouit,
+
|text=:Comme ils voient tel quel et correctement,
Comme la joie née du désir décline aussi. (I, 137)
+
:Ils dépassent la naissance et ses suites,
 +
:Mais comme ils incarnent la compassion,
 +
:Ils se montrent naissants, malades, vieux et morts.}} (I, 68)
  
De même que les abeilles
 
Excitées jouent du dard,
 
  
La colère en surgissant
+
{{DrelSection
Arrache le cœur. (I, 138)
+
|verse=I.69
 +
|text=:Les enfants des Vainqueurs ont réalisé l’immuable essence du réel,
 +
:Mais ceux que l’ignorance aveugle
 +
:Les voient [toujours] naître, vieillir, tomber malades et mourir
 +
:N’y a-t-il pas là quelque étonnante merveille ?}} (I, 69)
  
De même que le grain de riz
 
Est recouvert par la balle,
 
La vision de la quintessence est bloquée
 
Par la coquille de l’ignorance. (I, 139)
 
  
De même que les immondices sont répugnantes,
+
{{DrelSection
Immonde est l’émergence [des poisons],
+
|verse=I.70
Car elle est la cause dont dépend le désir
+
|text=:Ils ont atteint la sphère des êtres sublimes
De ceux qui lui sont attachés. (I, 140)
+
:Mais se montrent dans la sphère des êtres puérils.
 +
:C’est bien pourquoi les méthodes et la compassion
 +
:De ces amis des êtres sont suprêmes.}} (I, 70)
  
De même que les richesses bien cachées
 
Sont d’introuvables trésors ignorés,
 
La [sagesse] spontanée des êtres est voilée
 
Par la terre des imprégnations de l’ignorance. (I, 141)
 
  
La croissance progressive du germe
+
{{DrelSection
Déchire le tégument de la graine.
+
|verse=I.71
De même, la vision du réel supprime
+
|text=:Ils ont dépassé tous les mondes
[Les souillures] qui sur cette voie s’éliminent. (I, 142)
+
:Mais ne quittent pas le monde ;
 +
:Ils œuvrent pour le monde dans le monde
 +
:Sans que les impuretés du monde les souillent.}} (I, 71)
  
Une fois reliés à la voie des êtres sublimes,
 
[Les arhats] ont vaincu l’essentiel – la croyance à l’individualité.
 
Les objets que la sagesse primordiale élimine sur la voie de méditation
 
Ressemblent, dit-on, à des guenilles ou des haillons. (I, 143)
 
  
Les souillures présentes sur les sept terres [impures]
+
{{DrelSection
Sont comparables aux souillures d’une matrice
+
|verse=I.72
Et la sagesse non conceptuelle et parfaitement mûre
+
|text=:De même que le lotus qui naît dans l’eau
À un [embryon] délivré de la matrice. (I, 144)
+
:N’est pas souillé par l’eau,
 +
:De même naissent-ils dans le monde
 +
:Sans que les choses du monde les souillent.}} (I, 72)
  
Les souillures liées aux trois terres [pures]
 
Sont comparables à des traces d’argile [sur une statue].
 
Le recueillement Adamantin des grands êtres
 
En aura raison. (I, 145)
 
  
L’attachement et les huit autres souillures
+
{{DrelSection
Sont donc comparables à un lotus fané et aux huit autres exemples.
+
|verse=I.73
Ramené à sa triple nature, l’Élément
+
|text=:Pour accomplir leur tâche, leur intelligence
Est comparable à un bouddha et ainsi de suite. (I, 146)
+
:Brûle comme un feu qui brûle constamment,
 +
:Mais ils restent constamment absorbés
 +
:Dans la paix de la concentration.}} (I, 73)
  
Cette [triple] nature est le corps du Dharma,
 
L’ainsité et la filiation que l’on reconnaîtra
 
Successivement dans trois comparaisons,
 
Puis dans une seule et enfin dans cinq. (I, 147)
 
  
Le corps du Dharma présente deux aspects :
+
{{DrelSection
La très pure dimension absolue
+
|verse=I.74
Et son analogue, les enseignements
+
|text=:Sur l’élan de leurs efforts antérieurs
Du mode profond et du mode détaillé. (I, 148)
+
:Et affranchis de toute pensée,
 +
:Ils font mûrir les êtres
 +
:Sans exercer le moindre effort.}} (I, 74)
  
Bien au-delà du monde,
 
Rien ne lui ressemble dans le monde.
 
Voilà montrée la similitude
 
De l’Élément et du Tathāgata. (I, 149)
 
  
Les enseignements du mode profond et subtil
+
{{DrelSection
Évoquent le goût unique de tous les miels.
+
|verse=I.75
Quant aux enseignements du mode détaillé,
+
|text=:Ils savent précisément qui aider,
Ils ressemblent à tous ces grains dans leur balle. (I, 150)
+
:Comment et par quels moyens,
 +
:Que ce soit avec des enseignements, des corps formels,
 +
:Des actes altruistes ou certains comportements.}} (I, 75)
  
En raison de sa nature immuable,
 
Vertueuse et parfaitement pure,
 
L’ainsité est comparable
 
À une forme en or. (I, 151)
 
  
Sachez que, semblable au trésor et à l’arbre fruitier,
+
{{DrelSection
La filiation spirituelle a deux aspects :
+
|verse=I.76
Présente sans commencement [en tant que] nature [de l’esprit]
+
|text=:Ainsi, dans les mondes infinis comme l’espace,
Et suprême [quand on l’a] correctement adoptée. (I, 152)
+
:Ces êtres intelligents s’engagent toujours correctement
 +
:À accomplir le bien des êtres de façon spontanée
 +
:Sans jamais rencontrer d’obstacles.}} (I, 76)
  
On atteint les trois corps de la bouddhéité
 
À partir de cette double filiation.
 
Le premier corps, de la première ;
 
Les deux suivants, de la seconde. (I, 153)
 
  
Vous devriez savoir que la beauté du corps essentiel
+
{{DrelSection
Est comparable à une précieuse image
+
|verse=I.77
Parce que ce corps de nature incréée
+
|text=:Les êtres ordinaires ne voient pas de différence
Et ses qualités forment un trésor de joyaux. (I, 154)
+
:Entre la façon de libérer les êtres
 +
:Propre aux tathāgatas et celle
 +
:Des bodhisattvas en post-méditation.}} (I, 77)
  
Le corps de parfaite jouissance évoque un monarque universel
 
Parce qu’il détient le grand royaume du vrai Dharma.
 
Le corps d’apparition est alors comparé à une forme en or
 
Parce qu’il a la nature des reflets. (I, 155)
 
  
C’est la foi qui permet de réaliser
+
{{DrelSection
L’absolu des [bouddhas] nés d’eux-mêmes.
+
|verse=I.78
Qui n’a pas d’yeux ne peut voir
+
|text=:Et pourtant, il y a la même différence
L’éclat de l’orbe solaire. (I, 156)
+
:Entre les bodhisattvas et les bouddhas
 +
:Qu’entre une poussière et la terre toute entière
 +
:Ou entre l’eau d’une empreinte de sabot et l’océan.}} (I, 78)
  
Ici, il n’y a rien à enlever
 
Et rien à ajouter.
 
Regardez réellement le réel !
 
Quand vous le verrez, vous serez libres. (I, 157)
 
  
L’Élément est vide des souillures adventices
+
{{DrelSection
Qui ont pour caractère d’en être séparables.
+
|verse=I.79
Il n’est pas vide de ses insurpassables qualités
+
|text=:[Le corps absolu] est immuable puisqu’il possède
Qui ont pour caractère d’en être inséparables. (I, 158)
+
:d’inépuisables qualités ;
 +
:C’est un refuge pour les êtres puisqu’il persiste sans limite future ;
 +
:Il est toujours non duel puisqu’il ne pense pas ;
 +
:Et c’est aussi une réalité indestructible puisque sa nature est incréée.}}
 +
:(I, 79)
  
Les Vainqueurs ont enseigné ici et là
 
que tous les phénomènes sont vides
 
Sous tous les aspects, comme des nuages, des rêves et des illusions.
 
Or voici qu’ils déclarent que tous les êtres animés
 
Ont une nature de bouddha : pourquoi ? (I, 159)
 
  
Perdre courage et mépriser les êtres plus humbles que soi,
+
{{DrelSection
Croire à ce qui n’est pas vrai, déprécier le vrai Dharma
+
|verse=I.80
Et, enfin, être trop attaché à soi-même : voilà cinq défauts
+
|text=:Il ne naît pas, ne meurt pas,
Que cet enseignement se propose d’éliminer chez ceux qu’ils affectent.
+
:Ne souffre pas, ne vieillit pas,
(I, 160)
+
:Parce qu’il est permanent, stable,
 +
:Paisible et éternel.}} (I, 80)
  
La limite du réel se trouve toujours
 
À l’écart des phénomènes conditionnés.
 
Il est alors possible de comparer les affections,
 
Les actes et leurs effets à des nuages, des rêves, des illusions. (I, 161)
 
  
Les affections sont comparables à des nuages ;
+
{{DrelSection
Les actes, à des expériences faites en rêve ;
+
|verse=I.81
Et les agrégats, qui résultent des affections
+
|text=:Il ne naît pas dans un corps de nature mentale
Et des actes, à des illusions et des apparitions. (I, 162)
+
:Puisqu’il est permanent ;
 +
:Il ne meurt pas d’une mort aux inconcevables métamorphoses
 +
:Puisqu’il est stable ;}} (I, 81)
  
En plus des premiers exposés,
 
La Continuité suprême enseigne
 
La présence de l’Élément spirituel
 
Pour éliminer les cinq défauts. (I, 163)
 
  
Ainsi, l’esprit d’Éveil ne naîtra point
+
{{DrelSection
Chez ceux qui, n’ayant pas entendu [cet enseignement],
+
|verse=I.82
Se méprisent eux-mêmes
+
|text=:Il ne souffre pas des maux résultant des imprégnations subtiles
Jusqu’à perdre courage. (I, 164)
+
:Puisqu’il est paisible ;
 +
:Il ne vieillit pas sous l’effet des formations non contaminées
 +
:Puisqu’il est éternel.}} (I, 82)
  
D’entre ceux qui ont produit l’esprit d’Éveil,
 
Certains se disent supérieurs
 
Et tiennent pour inférieurs
 
Ceux que l’esprit d’Éveil n’a pas encore gagnés. (I, 165)
 
  
La juste sagesse ne peut naître
+
{{DrelSection
Chez ceux qui pensent de la sorte.
+
|verse=I.83
Ceux-là croient ce qui n’est pas vrai
+
|text=:En associant les vers correspondants
Et le vrai n’a pas de sens pour eux. (I, 166)
+
:Des strophes précédentes, on connaîtra le sens
 +
:De la permanence, de la stabilité, de la paix et de l’éternité
 +
:De l’immensité inconditionnée.}} (I, 83)
  
Artificiels et passagers, les défauts
 
Des êtres ne sont pas réels.
 
En vérité, les fautes n’ont pas de soi
 
Et les qualités sont pures par nature. (I, 167)
 
  
S’il croit à des défauts irréels
+
{{DrelSection
Et sous-estime de réelles qualités,
+
|verse=I.83.1
L’être intelligent n’acquerra pas la bienveillance
+
|text=:La permanence, c’est l’immutabilité,
Qui voit l’égalité d’autrui et de soi-même. (I, 168)
+
:Puisque [le corps absolu] possède d’inépuisables qualités.
 +
:La stabilité, c’est une nature de refuge,
 +
:Puisqu’il a la même limite [que le saṃsāra].}} (I, 84)
  
Ainsi, quand on a entendu ce qui précède,
 
on ne peut qu’être enthousiaste,
 
Respecter les autres autant que notre Instructeur,
 
Et accéder à la connaissance, à la sagesse et à la grande bienveillance.
 
L’émergence de ces cinq qualités permet (I, 169)
 
  
D’éliminer l’erreur [du découragement], de voir égal,
+
{{DrelSection
De [réaliser] l’absence des défauts et la présence des qualités,
+
|verse=I.83.2
Et de s’aimer soi-même autant que les autres,
+
|text=:La paix, c’est la non duelle essence du réel,
Grâce à quoi l’on atteindra bientôt l’état de bouddha. (I, 170)
+
:Puisqu’il a pour nature de ne pas penser.
 +
:L’éternité, c’est l’indestructibilité,
 +
:Puisqu’il n’a pas de qualités artificielles.}} (I, 85)
  
Ici prend fin le premier chapitre, « La Quintessence des tathāgatas », du
 
Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation
 
spirituelle des Trois Joyaux.
 
  
II
+
{{DrelSection
 +
|verse=I.84
 +
|text=:Voici le corps absolu, le tathāgata,
 +
:Les vérités des êtres sublimes et l’absolu nirvāṇa.
 +
:Inséparable de ses qualités comme le soleil de ses rayons,
 +
:Il n’est de nirvāṇa que la bouddhéité.}} (I, 86)
  
L’ÉVEIL
 
  
[L’Éveil] est pureté, obtention et séparation ;
+
{{DrelSection
Bien propre, bien d’autrui, support,
+
|verse=I.85
Profondeur, vastitude, magnanimité,
+
|text=:En bref, sachez que comme on peut approcher le sens
Durée et essence. (II, 1)
+
:De l’immensité non contaminée sous quatre angles,
 +
:Le « corps absolu » et les trois autres termes ci-dessus
 +
:Sont de simples synonymes.}} (I, 87)
  
L’essence, la cause, le fruit,
 
La fonction, la dotation, la manifestation,
 
La permanence et l’inconcevabilité :
 
[Ces huit points] déterminent la bouddhéité. (II, 2)
 
  
On l’appelle « luminosité naturelle » et elle évoque le soleil et le ciel.
+
{{DrelSection
L’épaisse nuée des [voiles] adventices du connaissable
+
|verse=I.86
et des affections la recouvrent
+
|text=:[L’immensité non contaminée], c’est la bouddhéité
[Mais elle reste] la bouddhéité permanente, stable et éternelle,
+
:indissociable de ses qualités,
dotée de toutes les qualités immaculées des bouddhas.
+
:La filiation obtenue telle quelle,
On peut l’atteindre avec les deux sagesses qui discernent
+
:L’essence du réel qui ne ment ni ne trompe
tous les phénomènes sans la moindre pensée. (II, 3)
+
:Et la paix naturelle des origines.}} (I, 88)
  
L’indivisible bouddhéité se distingue
 
Pleinement par ses qualités pures,
 
Comme si elle se dédoublait en soleil de la sagesse
 
Et en ciel de l’élimination. (II, 4)
 
  
Luminosité incomposée,
+
{{DrelSection
Inséparable de ses manifestations,
+
|verse=I.87
Elle est dotée de toutes les qualités des bouddhas,
+
|text=:Éveil manifeste et parfait à toutes choses
Plus nombreuses que les grains de sable du Gange. (II, 5)
+
:Et élimination des souillures avec leurs imprégnations –
 +
:Le bouddha et le nirvāṇa
 +
:Au sens sacré ne sont pas deux.}} (I, 89)
  
Comme ils n’existent pas par eux-mêmes,
 
Qu’ils sont omniprésents et adventices,
 
On compare les voiles émotionnel
 
Et cognitif à des nuages. (II, 6)
 
  
On affirme que la séparation d’avec les deux voiles
+
{{DrelSection
A pour cause une double sagesse :
+
|verse=I.87.1
L’absence de pensée [de la méditation]
+
|text=:La libération a pour caractéristique
Et la sagesse de la post-méditation. (II, 7)
+
:D’être inséparable de ses qualités – complètes,
 +
:Innombrables, inconcevables et immaculées.
 +
:Cette libération est le tathāgata.}} (I, 90)
  
Comme un lac aux eaux limpides qui peu à peu se couvrent de lotus ;
 
Comme la pleine lune qui s’échappe de la gueule de Rāhu ;
 
Comme le soleil qui se dégage de la nue des affections :
 
[L’Éveil] rayonne de lumières en raison de ses qualités immaculées.
 
(II, 8)
 
  
Le Vainqueur est comparable au plus grand des sages, au miel,
+
{{DrelSection
Au grain, à l’or précieux, à un trésor et à un grand arbre ;
+
|verse=I.88;I.89;I.90;I.91
On le compare encore à une pure et précieuse image du Bouddha,
+
|text=:Imaginez des peintres aux talents différents
À un maître de la terre et à une statue en or. (II, 9)
+
:Qui ne savent représenter de parties du corps
 +
:que celles qu’ils connaissent.
 +
:Le maître du royaume leur offre une toile
 +
:« Travaillez ensemble, dit-il, et faites mon portrait ! »
 +
:À cet ordre, ils se mettent à l’ouvrage mais l’un d’eux
 +
:Doit soudain se rendre à l’étranger.
 +
:Celui-là disparu, il sera impossible d’achever le tableau
 +
:dans toutes ses parties.
 +
:Fin de la parabole.}} (I, 91-94)
  
Pour nous résumer, nous dirons que le fruit
 
De la sagesse dépourvue de pensées,
 
C’est la pureté du désir et des autres affections adventices,
 
Laquelle est comparable au lac, [à la pleine lune] et au reste. (II, 10)
 
  
Il est enseigné que le fruit de la sagesse primordiale
+
{{DrelSection
Atteint pendant la post-méditation,
+
|verse=I.92
C’est l’obtention définitive de l’état de bouddha
+
|text=:Qui sont ces peintres ? La générosité
Pourvu de tous les attributs suprêmes. (II, 11)
+
:La discipline, la patience et les autres vertus.
 +
:[Le portrait] est une forme donnée
 +
:À la vacuité en tout suprême.}} (I, 95)
  
[L’état de bouddha] est comparable à une étendue d’eau pure
 
Où le sédiment du désir a déposé
 
Et où l’eau de la concentration
 
Baigne les disciples pareils à des lotus. (II, 12)
 
  
Comme il a échappé à la colère de Rāhu,
+
{{DrelSection
On le compare à la pleine lune immaculée
+
|verse=I.93
Comblant les destinées de lumières
+
|text=:La connaissance, la sagesse et la libération
Qui rayonnent de grande bienveillance et de grande compassion. (II, 13)
+
:Éclairent, rayonnent et purifient
 +
:Sans se séparer [du corps absolu] ;
 +
:On les compare à la lumière du soleil, à ses rayons et à son orbe.}} (I, 96)
  
La bouddhéité est comparable à un soleil immaculé
 
Qui s’est libéré des nuages de l’ignorance
 
Et, de ses radieuses lumières de sagesse,
 
Disperse les ténèbres du monde. (II, 14)
 
  
Comme ses qualités égalent le sans-égal,
+
{{DrelSection
Qu’elle prodigue la saveur du vrai Dharma
+
|verse=I.94
Et qu’elle est libre de l’enveloppe [des voiles]
+
|text=:Par conséquent, on n’atteint pas le nirvāṇa
On compare [la bouddhéité] à un bouddha, au miel et à une graine.
+
:Sans atteindre la bouddhéité,
(II, 15)
+
:De même qu’on ne peut voir le soleil
 +
:Sans sa lumière et ses rayons.}} (I, 97)
  
Comme elle est pure et riche de qualités
 
Qui éliminent la pauvreté
 
  
Et qu’elle procure le fruit de la libération,
+
{{DrelSection
On la compare à de l’or, à un trésor et à un arbre fruitier. (II, 16)
+
|verse=I.95
 +
|text=:Voilà donc les dix points qui définissent
 +
:La quintessence des Vainqueurs.
 +
:Il s’impose maintenant d’en reconnaître la présence
 +
:Dans l’enveloppe des affections en s’aidant de comparaisons.}} (I, 98)
  
Comme elle est le joyau du corps absolu,
 
Le maître suprême des hommes,
 
Et qu’elle a l’aspect d’une forme précieuse, on la compare
 
À une précieuse [image], à un monarque et à une [statue en] or. (II, 17)
 
  
Non souillé, omniprésent, indestructible,
+
{{DrelSection
Stable, paisible, éternel, sans transmigration et source [de qualités],
+
|verse=I.96
Le Tathāgata est, comme l’espace, la cause de l’expérience
+
|text=:Comme un bouddha dans un lotus flétri, le miel au milieu des abeilles,
Des objets qui s’offrent aux six facultés des êtres purs. (II, 18)
+
:Le grain dans la balle, l’or dans les immondices,
 +
:Un trésor enterré, le germe [d’un grand arbre né] d’un petit fruit,
 +
:Une statue de bouddha dans des haillons,}} (I, 99)
  
[Le bouddha] est la cause qui permet de voir
 
des formes dépourvues d’éléments,
 
D’entendre des paroles bonnes et pures,
 
De humer les fragrances de la discipline des bien-allés,
 
De connaître le goût du vrai Dharma des grands êtres sublimes, (II, 19)
 
  
D’éprouver les délices du tangible pendant l’absorption méditative
+
{{DrelSection
Et de réaliser le mode profond en son essence même.
+
|verse=I.97
Quand on y réfléchit plus précisément, le tathāgata qui procure
+
|text=:Un maître des hommes dans le ventre d’une pauvresse,
Le bonheur absolu est dépourvu de causes comme l’espace. (II, 20)
+
:Ou encore comme une précieuse image dans l’argile [du moule]
 +
:Cet Élément ainsi présent dans les êtres est voilé
 +
:Par les souillures adventices des affections.}} (I, 100)
  
Il faut savoir que ces deux sagesses
 
Ont en bref pour fonction
 
Le corps de libération ou la perfection
 
Et le corps absolu ou la purification. (II, 21)
 
  
On connaîtra le corps de libération et le corps absolu
+
{{DrelSection
Sous deux aspects puis sous un seul,
+
|verse=I.98
Puisqu’ils sont non contaminés, omniprésents,
+
|text=:Le lotus, les insectes, la balle du grain, les immondices,
Incomposés et que ce sont des sources [de qualités]. (II, 22)
+
:la terre, le fruit et les haillons,
 +
:De même que la femme tourmentée par les flammes
 +
:de la souffrance et l’argile, représentent les souillures,
 +
:Tandis que le bouddha, le miel, le grain, l’or,
 +
:le trésor, le banian, l’image,
 +
:Le maître suprême des continents et la statue en or
 +
:représentent l’Élément sublime et immaculé.}} (I, 101)
  
[Le corps de libération] n’est pas contaminé
 
Puisque les affections et leurs tendances ont cessé.
 
On tient [le corps absolu] pour l’omniprésence
 
de la sagesse primordiale
 
Puisqu’il n’est attaché à rien et que rien ne lui fait obstacle. (II, 23)
 
  
[Ces deux corps] sont incomposés
+
{{DrelSection
Puisqu’ils sont indestructibles à jamais.
+
|verse=I.99
C’est leur indestructibilité qu’explicitent
+
|text=:Dans un lotus aux couleurs défraîchies se trouve
La stabilité et les trois autres qualités. (II, 24)
+
:Un tathāgata rayonnant de mille marques.
 +
:Un homme qui a purifié l’œil divin le voit
 +
:Et l’extrait de la corolle fanée du lotus.}} (I, 102)
  
La destruction présente quatre aspects
 
Qui sont les contraires de la stabilité et ainsi de suite :
 
La dégradation, le changement, l’interruption
 
Et la transmigration avec ses métamorphoses inconcevables. (II, 25)
 
  
Indestructibles de ces quatre façons, [les deux corps]
+
{{DrelSection
Sont stables, paisibles, permanents et libres de la transmigration.
+
|verse=I.100
L’absence de souillures et la sagesse en sont la source
+
|text=:De même, avec son œil de bouddha, le Bien-Allé voit aussi
En tant que supports des qualités pures. (II, 26)
+
:Sa propre nature chez les êtres de l’enfer des Tourments Insurpassables.
 +
:Compassion incarnée, libre des voiles,
 +
:il restera jusqu’à la fin des temps
 +
:Pour libérer les êtres des voiles qui les obscurcissent.}} (I, 103)
  
De même que l’espace, qui n’est pas une cause,
 
Est cause de la vision des formes
 
Et de la perception des sons, des odeurs,
 
Des saveurs, des tangibles et des phénomènes [mentaux], (II, 27)
 
  
De même, grâce à la [voie de] jonction où les voiles disparaissent,
+
{{DrelSection
Les deux corps sont les causes de l’apparition
+
|verse=I.101
De qualités non contaminées comme autant d’objets
+
|text=:L’œil divin qui voit un bouddha enfermé dans un lotus immonde
Offerts aux facultés des [êtres] stables. (II, 28)
+
:Arrache les pétales de la fleur.
 +
:De même, le sage qui voit dans chaque être la quintessence
 +
:des parfaits bouddhas enfermée dans les souillures
 +
:de l’attachement, de la haine et des autres poisons
 +
:Élimine ces voiles par compassion.}} (I, 104)
  
Inconcevable, permanent, stable, paisible, éternel,
 
Apaisé, omniprésent, libre de la pensée, pareil à l’espace,
 
Libre d’attachement, nulle part entravé, sans plus de contacts grossiers,
 
Invisible, insaisissable et vertueux, le Bouddha est immaculé. (II, 29)
 
  
Le corps de libération et le corps absolu
+
{{DrelSection
Enseignent le bien propre et le bien d’autrui.
+
|verse=I.102
Supports du double bienfait, ils sont inconcevables
+
|text=:Voyant que le miel qu’il convoite
En plus de quatorze autres qualités. (II, 30)
+
:Est cerné par les abeilles,
 +
:L’homme ingénieux exercera son habileté
 +
:En détachant le miel des insectes.}} (I, 105)
  
La bouddhéité est l’objet de l’omnisciente
 
Sagesse primordiale et non des trois connaissances.
 
Les êtres pourvus d’un corps de sagesse [autres que les bouddhas]
 
Comprendront qu’elle est inconcevable. (II, 31)
 
  
De par sa subtilité, ce n’est pas un objet d’étude.
+
{{DrelSection
Absolue, ce n’est un objet de réflexion.
+
|verse=I.103
Profonde essence du réel, ce n’est pas non plus l’objet
+
|text=:Le grand ermite, qui voit d’un œil omniscient
Des méditations mondaines et autres. (II, 32)
+
:L’Élément de connaissance comparable au miel,
 +
:N’a de cesse que d’éliminer à jamais
 +
:Les voiles ici comparés à des abeilles.}} (I, 106)
  
De même que les aveugles de naissance ne voient pas les formes,
 
Les êtres puérils ne l’ont jamais vue. Les êtres sublimes eux-mêmes
 
Sont pareils à des nourrissons qui entrevoient la forme du soleil
 
Depuis la chambre où ils viennent de naître. (II, 33)
 
  
[La bouddhéité] est permanente parce qu’elle n’est jamais née ;
+
{{DrelSection
Elle est stable parce qu’elle ne cesse jamais ;
+
|verse=I.104
Elle est paisible parce qu’elle n’a plus de dualités ;
+
|text=:L’homme qui convoite le miel caché sous des abeilles par millions
Elle est éternelle parce que l’essence du réel persiste. (II, 34)
+
:Disperse les insectes et dispose du miel à sa guise.
 +
:De même, la connaissance non contaminée présente en chaque être
 +
:est comparable au miel ;
 +
:Les affections aux abeilles ; et le Vainqueur habile à les détruire
 +
:à cet homme.}} (I, 107)
  
[L’Éveil est] très paisible en tant que vérité de la cessation ;
 
Omniprésent pour sa réalisation de toute chose ;
 
Sans pensées parce qu’il ne fait fond sur rien ;
 
Et sans attachement parce qu’il n’a plus d’affections. (II, 35)
 
  
Il est totalement pur du voile cognitif
+
{{DrelSection
Et rien ne peut lui faire obstacle.
+
|verse=I.105
Libre du double [obstacle] et infiniment souple,
+
|text=:Le grain dans la balle n’est pas
Il n’a plus de contacts grossiers. (II, 36)
+
:Utilisable par l’homme.
 +
:Pour s’en nourrir il faut
 +
:L’extraire de la balle.}} (I, 108)
  
[L’Éveil] est invisible parce qu’il n’a pas de forme ;
 
Insaisissable parce qu’il n’a pas de caractéristiques ;
 
Vertueux parce qu’il est pur par nature ;
 
Immaculé parce qu’il n’a plus de souillures. (II, 37)
 
  
Sans commencement ni milieu ni fin, indivisible,
+
{{DrelSection
Non duelle, dégagée des trois [voiles], immaculée et libre de la pensée :
+
|verse=I.106
Telle est la nature de la dimension absolue
+
|text=:De même, tant que le Vainqueur présent en chaque être,
Dont la réalisation est la vision des yogis établis en méditation.
+
:Mêlé cependant à la souillure des affections,
(II, 38)
+
:N’aura pas été libéré de cette promiscuité
 +
:avec la souillure des affections,
 +
:Les Vainqueurs n’exerceront leurs activités
 +
:dans aucun des trois mondes.}} (I, 109)
  
Dotée de qualités immensurables, inconcevables,
 
Inégalées, plus nombreuses que les grains de sable du Gange,
 
La pure immensité des tathāgatas
 
Est libre de tous les maux et de leurs imprégnations. (II, 39)
 
  
Avec le vrai Dharma sous ses deux aspects,
+
{{DrelSection
avec des corps rayonnant de lumières,
+
|verse=I.107
Il s’empresse d’accomplir son but, celui de libérer les êtres,
+
|text=:De même que les grains de riz, de blé noir ou d’orge
Et pour ce faire il agit comme le souverain des Joyaux magiques
+
:encore dans la balle, et avec leurs barbes,
En revêtant toutes les apparences possibles
+
:Ne peuvent rien donner de bon à manger
sans être leur essence pour autant. (II, 40)
+
:s’ils ne sont pas bien préparés,
 +
:Le seigneur des qualités, présent en chaque être,
 +
:emprisonné toutefois dans la gangue des affections,
 +
:Ne peut offrir la saveur des plaisirs du Dharma à des êtres
 +
:tenaillés par la faim des affections.}} (I, 110)
  
Les [corps] formels sont en ce monde la cause de l’entrée
 
des êtres ordinaires dans la voie de la paix.
 
De même sont-ils la cause de leur maturité et de la prédiction.
 
Ils resteront ici à jamais comme le monde
 
De la Forme restera dans l’espace. (II, 41)
 
  
On appelle « bouddhéité » l’omniscience
+
{{DrelSection
De ceux qui d’eux-mêmes sont nés.
+
|verse=I.108
Voilà le nirvāṇa suprême, l’impensable,
+
|text=:Un voyageur laissa tomber
Le vainqueur de l’ennemi et l’incarnation
+
:Son or dans les immondices
[de la sagesse] qui se connaît elle-même. (II, 42)
+
:Mais, en raison de sa nature inaltérable,
 +
:L’or resta intact pendant des siècles,}} (I, 111)
  
Elle se manifeste dans le corps essentiel
 
Et les deux autres corps en fonction de leurs qualités
 
Respectives de profondeur, de vastitude
 
Et de magnanimité. (II, 43)
 
  
Sachez donc, en bref,
+
{{DrelSection
Que le corps essentiel des bouddhas
+
|verse=I.109
Possède cinq caractéristiques.
+
|text=:Jusqu’à ce qu’un dieu à l’œil pur
On ramène ses qualités à cinq aussi. (II, 44)
+
:L’aperçoive et dise à un être humain
 +
:« Il y a ici de l’or, le plus précieux des joyaux.
 +
:Purifiez-le et faites-en tout ce que l’on fait avec les précieux joyaux !}} »
 +
:(I, 112)
  
[Le corps essentiel est] incomposé, indivisible,
 
Dégagé des deux extrêmes
 
Et définitivement libre des trois voiles :
 
Émotionnel, cognitif et méditatif. (II, 45)
 
  
Immaculé, sans pensée,
+
{{DrelSection
C’est le domaine des yogis
+
|verse=I.110
Et, en tant que dimension absolue
+
|text=:De même, voyant la qualité des êtres enfouie
Pure par essence, la luminosité. (II, 46)
+
:Dans les immondices des affections,
 +
:Le sage fait sur tous les êtres tomber les pluies
 +
:Du vrai Dharma pour les laver de la boue des affections.}} (I, 113)
  
Le corps essentiel est réellement pourvu
 
De qualités ultimes : il est immensurable,
 
Indénombrable, inconcevable,
 
Inégalable et pur. (II, 47)
 
  
Cela, parce que, respectivement, il est immense
+
{{DrelSection
Et se dérobe à toute mesure, que ce n’est pas un objet
+
|verse=I.111
De spéculation, qu’il est unique
+
|text=:Le dieu qui a décelé l’or tombé dans les immondices
Et n’a plus de propensions karmiques. (II, 48)
+
:en montre avec insistance
 +
:La sublime beauté à un être humain pour qu’il le nettoie parfaitement.
 +
:De même, voyant en chaque être le joyau de la bouddhéité parfaite
 +
:tombé dans les grandes immondices des affections,
 +
:Le Vainqueur enseigne le Dharma aux êtres
 +
:pour qu’ils purifient cette [quintessence].}} (I, 114)
  
Il jouit à la perfection des divers enseignements,
 
Il se manifeste avec ses qualités naturelles,
 
Et le bien qu’il ne cesse de prodiguer aux êtres
 
Est l’analogue de sa pure compassion. (II, 49)
 
  
Il comble tous les désirs, quels qu’ils soient,
+
{{DrelSection
Sans la moindre pensée, sans le moindre effort.
+
|verse=I.112
 +
|text=:Sous la maison d’un pauvre
 +
:Est enfoui un trésor inépuisable.
 +
:Le pauvre homme l’ignore et le trésor
 +
:Ne lui dit pas où il se trouve.}} (I, 115)
  
Aussi, avec ses prodiges de Joyau magique,
 
Sa présence est-elle parfaite jouissance. (II, 50)
 
  
L’expression, l’apparence et les activités ininterrompues,
+
{{DrelSection
L’absence d’action délibérée
+
|verse=I.113
Et le fait de montrer qu’il n’est pas l’essence de toutes [ces choses],
+
|text=:De même, l’esprit recèle le précieux trésor immaculé
Rendent compte de la quintuple diversité
+
:De l’essence du réel sans ajout ni retrait.
[du corps de parfaite jouissance]. (II, 51)
+
:Ne l’ayant pas compris, les êtres subissent constamment
 +
:Les souffrances de la pauvreté sous maintes formes.}} (I, 116)
  
De même que sur un fond coloré
 
La pierre précieuse apparaît telle qu’elle n’est pas,
 
De même, du fait de la diversité des êtres,
 
L’Omniprésent est perçu tel qu’il n’est pas. (II, 52)
 
  
Celui qui connaît tous les mondes
+
{{DrelSection
Les considère avec grande compassion
+
|verse=I.114
Et, sans dévier du corps absolu,
+
|text=:Le trésor enfoui sous la maison du pauvre ne peut pas
Manifeste diverses apparitions de lui-même. (II, 53)
+
:Lui dire sa présence – que le malheureux continue d’ignorer.
 +
:De même, le trésor du réel se cache dans la maison de l’esprit des êtres
 +
:comme chez le pauvre homme,
 +
:Et c’est bien pour qu’ils le trouvent
 +
:que de vrais sages viennent au monde.}} (I, 117)
  
Les vies antérieures, la naissance spontanée [chez les dieux],
 
La descente du ciel des Tuṣitas,
 
L’entrée dans une matrice, la naissance,
 
La maîtrise des arts et des sciences, (II, 54)
 
  
Les plaisirs du gynécée,
+
{{DrelSection
Le renoncement, l’ascèse,
+
|verse=I.115
L’arrivée au Trône de l’Éveil,
+
|text=:Le noyau que l’on trouve dans la mangue et d’autres fruits,
La victoire sur les armées de Māra et l’Éveil parfait, (II, 55)
+
:A l’inaliénable propriété de germer. Une terre labourée,
 +
:De l’eau et d’autres [conditions] concourent alors
 +
:À la formation graduelle de la substance du roi des arbres.}} (I, 118)
  
[La mise en branle] de la roue du Dharma
 
Et le passage en nirvāṇa : voilà autant de hauts faits
 
Qu’il manifeste dans les champs impurs
 
Tant que s’y trouveront des êtres. (II, 56)
 
  
Les termes « impermanence », « souffrance », « sans soi »
+
{{DrelSection
Et « paix » permettent à celui qui connaît les méthodes
+
|verse=I.116
De provoquer chez les êtres le dégoût des trois mondes
+
|text=:Enfoncée sous la peau du fruit que constituent l’ignorance
En leur donnant accès au nirvāṇa. (II, 57)
+
:et les autres [émotions] qui affectent les êtres,
 +
:Il y a aussi l’immensité vertueuse de l’Élément du réel.
 +
:De même, avec le concours de telle et telle vertu,
 +
:Cet Élément devient peu à peu la substance du roi des sages.}} (I, 119)
  
Fort engagés sur la voie de la paix, certains
 
Pensent avoir atteint le nirvāṇa. À ceux-là
 
Le Bouddha montre la réalité des phénomènes
 
Comme dans Le Lotus blanc et d’autres soûtras, (II, 58)
 
  
Si bien qu’il les détourne de leurs anciennes croyances
+
{{DrelSection
Et les amène à adopter les méthodes et la connaissance
+
|verse=I.117
En les faisant mûrir dans le véhicule suprême.
+
|text=:L’eau, la lumière du soleil, le vent, la terre, le temps et l’espace
Ensuite, il leur annonce qu’ils atteindront l’Éveil suprême. (II, 59)
+
:sont autant de conditions
 +
:Qui, sous la peau des fruits du palmier ou du manguier,
 +
:coopèrent à la naissance d’un grand arbre.
 +
:De même, sous la peau du fruit des émotions qui affectent les êtres,
 +
:loge la graine de la bouddhéité parfaite
 +
:Différentes conditions vertueuses permettront de voir
 +
:le germe du Dharma pendant qu’il croît.}} (I, 120)
  
[Le bouddha] est profond, sa puissance est parfaite
 
Et il guide les êtres puérils en fonction de leurs intérêts.
 
Dès lors, on saura que [ses trois corps] sont, dans le même ordre,
 
Profondeur, vastitude et magnanimité. (II, 60)
 
  
Ici donc, le corps absolu vient en premier
+
{{DrelSection
Et les [deux] corps formels suivent.
+
|verse=I.118
Comme les formes se situent dans l’espace,
+
|text=:Imaginez une statue du bouddha en matières précieuses
Dans le premier corps se situent les deux autres. (II, 61)
+
:Enveloppée dans de puantes guenilles.
 +
:Un dieu qui l’a vue abandonnée sur la route
 +
:En avertit les passants pour qu’ils la libèrent.}} (I, 121)
  
En raison d’une infinité de causes et du nombre inépuisable des êtres,
 
Et comme l’amour, les prodiges, la connaissance
 
et la perfection lui sont acquis,
 
Qu’il domine les phénomènes, qu’il a vaincu le démon de la mort
 
Et qu’il n’a pas d’essence, le Protecteur du monde est permanent. (II, 62)
 
  
Comme, ayant renoncé à son corps, à sa vie
+
{{DrelSection
Et à ses biens, il a embrassé le vrai Dharma ;
+
|verse=I.119
Comme, pour le bien de tous les êtres, il ira
+
|text=:De même, celui dont rien ne bloque la vision et qui voit,
Jusqu’au terme de son vœu originel ; (II, 63)
+
:Chez les animaux aussi, la substance d’un bouddha
 +
:Enveloppée dans toute la variété des affections,
 +
:Montrera les moyens de l’en délivrer.}} (I, 122)
  
Comme la bouddhéité est totalement imprégnée
 
D’une compassion pure et immaculée ;
 
Comme il use des quatre bases des pouvoirs miraculeux
 
Pour agir en restant [dans le monde] ; (II, 64)
 
  
Comme avec la connaissance il s’est affranchi
+
{{DrelSection
De la croyance à la dualité du saṃsāra et du nirvāṇa ;
+
|verse=I.120
Comme il ne se déprend jamais de la félicité parfaite
+
|text=:Le dieu qui, de son œil divin, aperçoit sur la route
D’inconcevables recueillements d’extase ; (II, 65)
+
:une statue du Bouddha toute en matières précieuses
 +
:enveloppée dans de puants haillons
 +
:La montre aux passants pour qu’ils l’en délivrent.
  
Et comme, lors même qu’il agit dans le monde,
 
Les choses du monde ne peuvent pas le souiller ;
 
[Le corps absolu est permanent] parce qu’il a trouvé
 
l’immortalité et la paix
 
Là où le démon de la mort ne court plus. (II, 66)
 
  
Parce que, inconditionné par nature,
+
:De même, lorsqu’il voit sur les chemins du saṃsāra,
Le sage est apaisé dès l’origine
+
:jusques et y compris chez les animaux,
Et parce qu’il est logique qu’il soit le refuge
+
:l’Élément enfoui sous les guenilles des affections,
De ceux qui n’ont pas de refuge permanent. (II, 67)
+
:Le Vainqueur enseigne le Dharma pour le libérer.}} (I, 123)
  
Les sept premières raisons
 
Valent pour la permanence des corps formels
 
De notre Instructeur ; les trois dernières,
 
Pour la permanence de son corps absolu. (II, 68)
 
  
Ineffable, il revient à l’absolu ;
+
{{DrelSection
Ce n’est pas un objet d’analyse ; il échappe à toute comparaison ;
+
|verse=I.121
Insurpassable, l’existence et la paix ne peuvent le contenir ;
+
|text=:Imaginez une femme sans beauté ni protecteur
Aux êtres sublimes aussi, le domaine des Vainqueurs
+
:Qui vit dans un asile pour les déshérités.
reste inconcevable. (II, 69)
+
:Même enceinte de la gloire d’un souverain,
 +
:Elle ignore que son sein abrite le maître des hommes.}} (I, 124)
  
[L’Éveil] est inconcevable parce qu’il est indicible ;
 
Il est indicible parce qu’il est absolu ;
 
Il est absolu parce que ce n’est pas un objet d’analyse ;
 
Ce n’est pas un objet d’analyse parce qu’on ne peut pas l’inférer ; (II, 70)
 
  
On ne peut pas l’inférer parce que rien ne lui est supérieur ;
+
{{DrelSection
Rien ne lui est supérieur parce qu’on ne peut à rien le ramener ;
+
|verse=I.122
On ne peut à rien le ramener parce qu’il ne se trouve nulle part ;
+
|text=:L’asile pour les déshérités est une image
Il ne se trouve nulle part parce qu’il n’a pas les idées
+
:de la naissance dans le saṃsāra
de qualité et de défaut. (II, 71)
+
:Et la femme enceinte figure les êtres qui ne se sont pas purifiés.
 +
:Ce qui est présent en elle assure sa protection ;
 +
:Quant à l’Élément immaculé, il est comparable
 +
:[au monarque] qu’elle porte en son sein.}} (I, 125)
  
Subtil pour les cinq premières raisons,
 
Le corps absolu est inconcevable ;
 
Irréels, pour la sixième [raison],
 
Les corps formels sont inconcevables. (II, 72)
 
  
Du fait de leur sagesse insurpassable, de leur grande compassion
+
{{DrelSection
et de leurs autres vertus,
+
|verse=I.123
Les Vainqueurs transcendent toutes les qualités
+
|text=:La femme laide dans ses vêtements sales
et sont [donc] inconcevables.
+
:a beau porter un monarque en son sein,
Dès lors, les grands sages qui ont reçu l’initiation ignorent,
+
:Elle n’en subit pas moins les pires souffrances
Eux aussi, l’état ultime des bouddhas nés d’eux-mêmes. (II, 73)
+
:dans un asile pour les déshérités.
 +
:De même, les êtres qui, sous l’emprise des affections,
 +
:n’ont pas l’esprit en paix
 +
:Restent sur le terrain de la souffrance et se sentent abandonnés
 +
:malgré le protecteur qu’ils portent en eux.}} (I, 126)
  
Ici prend fin le deuxième chapitre, « L’Éveil », du Traité de la Continuité
 
suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des Trois Joyaux.
 
  
III
+
{{DrelSection
 +
|verse=I.124
 +
|text=:La statue coulée dans l’or qui refroidit dans [son moule]
 +
:Présente, du dehors, une nature argileuse.
 +
:Ce que voyant, les êtres avertis enlèveront l’enveloppe extérieure
 +
:Pour nettoyer la [statue en] or qui se trouve à l’intérieur.}} (I, 127)
  
LES QUALITÉS
 
  
Le bien propre et le bien d’autrui sont le corps absolu
+
{{DrelSection
Et les corps relatifs qui en dépendent.
+
|verse=I.125
Ils présentent soixante-quatre qualités
+
|text=:De même, voyant parfaitement que les souillures
Qui sont des fruits de séparation et de maturation. (III, 1)
+
:De nature lumineuse sont fortuites,
 +
:[Ceux qui ont atteint] l’Éveil suprême lavent de leurs voiles
 +
:Les êtres comparables à des mines de joyaux.}} (I, 128)
  
Le corps absolu est le lieu
 
Des richesses personnelles.
 
Le corps symbolique des sages
 
Est le lieu du bien parfait des autres. (III, 2)
 
  
Le premier corps est doté des forces
+
{{DrelSection
Et des autres qualités de séparation ;
+
|verse=I.126
Le second possède les marques des grands êtres,
+
|text=:Au fait de la vraie nature de la forme en or, brillante et pure,
Qui sont des qualités de maturation. (III, 3)
+
:Confinée dans l’argile refroidie, l’orfèvre l’en dégage.
 +
:De même, les omniscients, qui connaissent l’or pur de l’esprit apaisé,
 +
:Enseignent-ils le Dharma pour faire disparaître les voiles
 +
:en frappant « là où il faut ».}} (I, 129)
  
Si les forces sont comparables aux vajras [lancés]
 
contre le voile de l’ignorance,
 
Les intrépidités évoquent le lion dans l’assemblée [des animaux],
 
Les [qualités] exclusives des tathāgatas ressemblent à l’espace
 
Et la double apparence du Sage tient [du reflet] de la lune dans l’eau. (III, 4)
 
  
Le correct et l’incorrect,
+
{{DrelSection
La rétribution des actes, les facultés,
+
|verse=I.127
Les tempéraments, les aspirations,
+
|text=:Dans un lotus fané, parmi les abeilles,
Les voies de toutes les destinées, les concentrations (III, 5)
+
:Dans la balle du grain, dans les immondices, dans la terre,
 +
:Sous la peau du fruit, sous les guenilles, dans la matrice
 +
:D’une pauvresse et dans un moule en glaise,}} (I, 130)
  
Souillées ou immaculées,
 
Le souvenir des existences [passées],
 
L’œil divin et l’apaisement :
 
Voilà les dix forces de connaissance. (III, 6)
 
  
Le correct et l’incorrect, la rétribution, les tempéraments,
+
{{DrelSection
les destinées et les aspirations dans toute leur diversité,
+
|verse=I.128
Ce qui est souillé par les affections ou parfaitement purifié,
+
|text=:Comparable à un bouddha, au miel, au grain,
l’ensemble des facultés, le souvenir des états antérieurs,
+
:De même qu’à l’or, à un trésor, à un grand arbre,
L’œil divin et l’art d’épuiser les souillures : voilà les [dix] forces
+
:Une précieuse image, un monarque universel
[de connaissance] que l’on compare à des vajras
+
:Et une statue en or,}} (I, 131)
Parce qu’elles transpercent les armures, abattent les remparts
 
et rasent les forêts de l’ignorance. (III, 7)
 
  
À toute chose il s’éveille pleinement ;
 
Il met fin aux obstacles ;
 
Il enseigne la voie et montre la cessation :
 
Telles sont les quatre intrépidités. (III, 8)
 
  
Comme il connaît et fait connaître tout ce que les autres et soi-même
+
{{DrelSection
se doivent de connaître ;
+
|verse=I.129
Comme il a éliminé et fait éliminer ce qui devait l’être
+
|text=:L’Élément des êtres, dit-on, n’a rien de commun
et qu’il a suivi ce qu’il fallait suivre ;
+
:Avec l’enveloppe des affections.
Comme il a atteint et fait atteindre l’état suprême
+
:La pureté naturelle de l’esprit
et très immaculé qu’il faut atteindre,
+
:Est telle depuis l’absence de commencement.}} (I, 132)
Et comme, enfin, il prêche la vérité pour le bien de tous,
 
le Sage ne rencontre jamais d’obstacles. (III, 9)
 
  
À l’orée de la jungle, le roi des animaux se promène sans peur
 
Et jamais il ne craint aucun autre animal.
 
De même, dans une assemblée, le Seigneur des Sages,
 
qui est pareil au lion,
 
Peut-il rester à l’aise, indépendant, habile et stable. (III, 10)
 
  
[Notre Instructeur] ne se trompe pas
+
{{DrelSection
et ne tient pas de propos futiles,
+
|verse=I.130
Sa mémoire est infaillible, son esprit
+
|text=:L’attachement, l’aversion et la confusion,
Ne quitte jamais le recueillement profond ;
+
:Ainsi que leur vive émergence et leurs imprégnations,
Il ne perçoit pas non plus de différences (III, 11)
+
:De même que les souillures éliminées
 +
:sur les voies de vision et de méditation,
 +
:Ou encore sur les terre impures et les terres pures :}} (I, 133)
  
Et ne saurait être indifférent par manque de discernement.
 
Ses aspirations, son ardeur, son attention,
 
Sa connaissance supérieure, sa liberté totale
 
Et ce que voit sa libre sagesse ignorent le déclin. (III, 12)
 
  
Ses actes procèdent de la sagesse
+
{{DrelSection
Libre des voiles temporels.
+
|verse=I.131
Telles sont, entre autres, dix-huit
+
|text=:Voilà neuf groupes [de souillures] qu’illustrent
Qualités exclusives de notre Instructeur. (III, 13)
+
:Le lotus fané et les autres comparaisons,
 +
:Mais les enveloppes des affections secondaires
 +
:Présentent des millions et des millions de subdivisions.}} (I, 134)
  
Erreurs, bavardages, oubli, dispersion, perceptions toutes différentes
 
Et indifférence naturelle : rien de cela n’affecte le Sage.
 
Ses aspirations, son ardeur, son attention, sa connaissance
 
parfaitement pure et immaculée, sa liberté perpétuelle
 
Et sa libre sagesse qui voit tous les phénomènes ignorent le déclin.
 
(III, 14)
 
  
Les actes de son corps, de sa parole et de son esprit
+
{{DrelSection
sont tous précédés et suivis par la sagesse primordiale,
+
|verse=I.132
Tandis que son immense sagesse opère toujours
+
|text=:L’attachement et les huit autres souillures
dans les trois temps sans jamais rencontrer d’obstacles.
+
:Sont disposés ci-dessus de façon à correspondre,
Fort de cette réalisation, il ne craint pas de faire tourner
+
:Dans le même ordre, au lotus fané
la grande roue du vrai Dharma pour le bien des êtres.
+
:Et aux huit autres comparaisons.}} (I, 135)
Cette victoire dotée de grande compassion :
 
voilà ce que les bouddhas ont trouvé. (III, 15)
 
  
La terre et les autres éléments n’ont pas la même nature que l’espace ;
 
Les caractéristiques de la forme n’ont rien à voir
 
avec l’absence d’obstacles et les autres particularités de l’espace.
 
La terre, l’eau, le feu et l’air, de même que l’espace,
 
sont communs à [tous les] mondes,
 
Mais les [qualités] exclusives [des bouddhas] n’ont pas même
 
une particule en commun avec le monde. (III, 16)
 
  
[Le bouddha] a les pieds bien posés, marqués chacun d’une roue ;
+
{{DrelSection
Il a les talons larges et les malléoles invisibles ;
+
|verse=I.133
Ses doigts et ses orteils sont longs
+
|text=:Les êtres puérils sont entachés par quatre
Et rattachés par des membranes. (III, 17)
+
:De ces souillures ; les arhats par une,
 +
:Les disciples [sur les voies avec apprentissage] par deux ;
 +
:Et les sages [bodhisattvas] par deux souillures aussi.}} (I, 136)
  
D’une délicatesse juvénile, sa peau est d’une douceur parfaite ;
 
Le dos de ses mains, ses cous-de-pied, ses épaules et sa nuque
 
forment sept protubérances bien arrondies ;
 
Ses jarrets sont les mêmes que ceux de l’antilope eṇaya
 
Et son secret rentré au fourreau comme celui de l’éléphant. (III, 18)
 
  
Il a un torse de lion et des épaules
+
{{DrelSection
Pleines et larges aux sommets
+
|verse=I.134
Bien rebondis. Il a les bras tendres,
+
|text=:Devant un lotus, fleur née de la boue,
Ronds et réguliers. (III, 19)
+
:On se sent toujours heureux.
 +
:Mais cette joie bientôt s’évanouit,
 +
:Comme la joie née du désir décline aussi.}} (I, 137)
  
Ses bras sont longs et son corps, entièrement pur,
 
Est entouré d’un halo de lumière.
 
Sa gorge évoque une conque immaculée
 
Et ses joues valent celles du roi des animaux. (III, 20)
 
  
Il a quarante dents parfaitement égales,
+
{{DrelSection
Brillantes et bien alignées,
+
|verse=I.135
Pures et de la même taille ;
+
|text=:De même que les abeilles
Ses canines sont d’une blancheur suprême. (III, 21)
+
:Excitées jouent du dard,
 +
:La colère en surgissant
 +
:Arrache le cœur.}} (I, 138)
  
Sa langue longue, infinie, inconcevable,
 
Donne un goût suprême à tous les aliments.
 
De sa voix de Brahma, le Bouddha parle
 
Avec des accents de kalaviṅka. (III, 22)
 
  
Il a de beaux yeux pareils à des lotus bleus
+
{{DrelSection
et les cils de la reine des vaches ne valent pas les siens.
+
|verse=I.136
Son beau visage sans défauts s’orne d’un poil-trésor blanc.
+
|text=:De même que le grain de riz
Le haut de son crâne se pare d’un apex et sa peau,
+
:Est recouvert par la balle,
fine et pure,
+
:La vision de la quintessence est bloquée
A la couleur de l’or : n’est-il pas suprême entre tous les êtres ? (III, 23)
+
:Par la coquille de l’ignorance.}} (I, 139)
  
Chacun de ses poils doux et fins
 
S’enroule à droite en poussant vers le haut ;
 
Impeccable est sa chevelure bleu foncé comme un précieux saphir ;
 
Ses proportions sont parfaites comme celles du banian. (III, 24)
 
  
Universellement bon et incomparable, le grand Sage
+
{{DrelSection
A le corps robuste et la force de Nārāyaṇa.
+
|verse=I.137
De ces trente-deux marques inconcevables,
+
|text=:De même que les immondices sont répugnantes,
Notre Instructeur précise qu’elles appartiennent
+
:Immonde est l’émergence [des poisons],
aux seigneurs parmi les hommes. (III, 25)
+
:Car elle est la cause dont dépend le désir
 +
:De ceux qui lui sont attachés.}} (I, 140)
  
De même qu’en automne on voit la forme de la lune
 
Dans un ciel sans nuages comme dans les eaux bleues d’un lac,
 
De même, les enfants des Vainqueurs verront la forme
 
De l’Omniprésent dans le maṇḍala de la parfaite bouddhéité. (III, 26)
 
  
Il faut savoir que ces soixante-quatre qualités,
+
{{DrelSection
Ainsi que les causes de chacune,
+
|verse=I.138
Apparaissent ici dans le même ordre
+
|text=:De même que les richesses bien cachées
Que dans le Soûtra de Ratnadārikā. (III, 27)
+
:Sont d’introuvables trésors ignorés,
 +
:La [sagesse] spontanée des êtres est voilée
 +
:Par la terre des imprégnations de l’ignorance.}} (I, 141)
  
Elles sont indestructibles, audacieuses,
 
Inégalables et inamovibles,
 
Si bien qu’on les compare respectivement
 
Au vajra, au lion, à l’espace et au [reflet de] la lune dans l’eau pure.
 
(III, 28)
 
  
Des dix forces, les six premières éliminent
+
{{DrelSection
Le voile de la connaissance ; les trois suivantes
+
|verse=I.139
Le voile de l’absorption méditative ; et la dernière
+
|text=:La croissance progressive du germe
Le voile des affections avec leurs imprégnations : (III, 29)
+
:Déchire le tégument de la graine.
 +
:De même, la vision du réel supprime
 +
:[Les souillures] qui sur cette voie s’éliminent.}} (I, 142)
  
Comme si elles transperçaient des armures,
 
Abattaient des remparts et rasaient des forêts.
 
Les forces des Sages sont comparables à des vajras,
 
Parce qu’elles sont sûres, essentielles, stables et indestructibles.(III, 30)
 
  
Pourquoi sont-elles sûres ? Parce qu’elles sont essentielles.
+
{{DrelSection
Essentielles ? Parce qu’elles sont stables. Stables ?
+
|verse=I.140
Parce qu’elles sont indestructibles. Et comme elles sont
+
|text=:Une fois reliés à la voie des êtres sublimes,
Indestructibles, on les compare à des vajras. (III, 31)
+
:[Les arhats] ont vaincu l’essentiel – la croyance à l’individualité.
 +
:Les objets que la sagesse primordiale élimine sur la voie de méditation
 +
:Ressemblent, dit-on, à des guenilles ou des haillons.}} (I, 143)
  
Impavide, indépendant,
 
Stable et parfaitement habile,
 
Le lion des sages est tel un lion sans crainte
 
Au cœur des assemblées qui se pressent autour de lui. (III, 32)
 
  
Comme il connaît tout directement,
+
{{DrelSection
Il reste sans peur en toute occasion,
+
|verse=I.141
Et comme il voit que les êtres qui se sont purifiés
+
|text=:Les souillures présentes sur les sept terres [impures]
Eux-mêmes ne le valent point, il reste indépendant. (III, 33)
+
:Sont comparables aux souillures d’une matrice
 +
:Et la sagesse non conceptuelle et parfaitement mûre
 +
:À un [embryon] délivré de la matrice.}} (I, 144)
  
L’esprit concentré sur tous les phénomènes,
 
Il est la stabilité même. Passé très au-delà
 
De la terre des imprégnations de l’ignorance,
 
Il rayonne de pouvoir créatif. (III, 34)
 
  
Les êtres ordinaires, les auditeurs, les bouddhas-par-soi,
+
{{DrelSection
Les sages bodhisattvas et les bouddhas nés d’eux-mêmes,
+
|verse=I.142
Atteignent des états de compréhension de plus en plus subtils
+
|text=:Les souillures liées aux trois terres [pures]
Qu’illustrent cinq comparaisons : (III, 35)
+
:Sont comparables à des traces d’argile [sur une statue].
 +
:Le recueillement Adamantin des grands êtres
 +
:En aura raison.}} (I, 145)
  
Comme ils assurent la survie de tous les mondes,
 
Ils sont pareils à la terre, à l’eau, au feu et au vent ;
 
Comme ils transcendent les caractères mondains
 
Et supramondains, ils sont comparables à l’espace. (III, 36)
 
  
Ces trente-deux qualités sont autant
+
{{DrelSection
De divisions du corps absolu,
+
|verse=I.143
De même que la lumière, la couleur et la forme
+
|text=:L’attachement et les huit autres souillures
D’une pierre précieuse n’en sont point séparées. (III, 37)
+
:Sont donc comparables à un lotus fané et aux huit autres exemples.
 +
:Ramené à sa triple nature, l’Élément
 +
:Est comparable à un bouddha et ainsi de suite.}} (I, 146)
  
Elles comblent la vue, ces qualités
 
Appelées « trente-deux marques » !
 
Elles s’appuient sur le corps d’apparition
 
Et le corps de la jouissance parfaite du Dharma. (III, 38)
 
  
Les éloignés de la pureté et ses proches,
+
{{DrelSection
Les uns dans le monde et les autres dans le maṇḍala d’un vainqueur,
+
|verse=I.144
Voient les corps formels de deux façons :
+
|text=:Cette [triple] nature est le corps du Dharma,
Comme la forme de la lune dans le ciel
+
:L’ainsité et la filiation que l’on reconnaîtra
ou bien de son reflet dans l’eau. (III, 39)
+
:Successivement dans trois comparaisons,
 +
:Puis dans une seule et enfin dans cinq.}} (I, 147)
  
Ici prend fin le troisième chapitre, « Les Qualités », du Traité de la
 
Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des
 
Trois Joyaux.
 
  
IV
+
{{DrelSection
 +
|verse=I.145
 +
|text=:Le corps du Dharma présente deux aspects
 +
:La très pure dimension absolue
 +
:Et son analogue, les enseignements
 +
:Du mode profond et du mode détaillé.}} (I, 148)
  
LES ACTIVITÉS ÉVEILLÉES
 
  
L’Omniprésent se manifeste toujours spontanément
+
{{DrelSection
Et arrive sur les lieux au moment opportun
+
|verse=I.146
Selon les dispositions du disciple, les moyens de le discipliner
+
|text=:Bien au-delà du monde,
Et la discipline qu’il convient d’appliquer. (IV, 1)
+
:Rien ne lui ressemble dans le monde.
 +
:Voilà montrée la similitude
 +
:De l’Élément et du Tathāgata.}} (I, 149)
  
Riche de tous les joyaux les plus précieux, les qualités,
 
l’océan de la sagesse primordiale scintille
 
au soleil des mérites et de la sagesse ;
 
C’est l’accomplissement définitif de tous les véhicules,
 
une immensité dépourvue de centre et de périphérie,
 
omniprésente comme l’espace.
 
La bouddhéité, trésor des qualités immaculées, apparaît alors
 
dans tous les êtres, sans différence entre eux,
 
Tandis que se lève le vent de la compassion des bouddhas
 
qui déchirera le filet des nuages tissé
 
par les voiles émotionnel et cognitif. (IV, 2)
 
  
Qui ? Comment ? En appliquant
+
{{DrelSection
Quelle discipline ? Où ? Quand ?
+
|verse=I.147
Comme le Sage n’a pas de ces pensées,
+
|text=:Les enseignements du mode profond et subtil
Son action est toujours spontanée. (IV, 3)
+
:Évoquent le goût unique de tous les miels.
 +
:Quant aux enseignements du mode détaillé,
 +
:Ils ressemblent à tous ces grains dans leur balle.}} (I, 150)
  
« Qui » renvoie aux dispositions du disciple,
 
« Comment » aux moyens de le discipliner,
 
« Quelle discipline » à leur application,
 
« Où » et « quand » au lieu et à l’instant. (IV, 4)
 
  
[Les activités éveillées ne s’interrompent jamais]
+
{{DrelSection
Parce qu’elles ont lieu sans pensées comme celles-ci :
+
|verse=I.148
La libération définitive, son point d’appui,
+
|text=:En raison de sa nature immuable,
Son fruit, les êtres pris en charge,
+
:Vertueuse et parfaitement pure,
Les voiles et la condition de leur élimination. (IV, 5)
+
:L’ainsité est comparable
 +
:À une forme en or.}} (I, 151)
  
Les dix terres sont la voie de la libération définitive
 
Dont les deux accumulations forment la cause.
 
Le fruit alors atteint est l’Éveil suprême
 
Qui prend en charge l’Éveil au cœur des êtres. (IV, 6)
 
  
Les innombrables affections principales et secondaires,
+
{{DrelSection
Ainsi que leurs imprégnations, forment un voile.
+
|verse=I.149
La condition qui à tout moment détruit
+
|text=:Sachez que, semblable au trésor et à l’arbre fruitier,
[Les affections] est la grande compassion. (IV, 7)
+
:La filiation spirituelle a deux aspects
 +
:Présente sans commencement [en tant que] nature [de l’esprit]
 +
:Et suprême [quand on l’a] correctement adoptée.}} (I, 152)
  
Voici six points dont vous saurez qu’ils comparent
 
[Le processus des activités] à l’océan,
 
Puis au soleil, ensuite à l’espace, à un trésor,
 
Aux nuages et enfin au vent. (IV, 8)
 
  
Les terres [des bodhisattvas] sont comparables à l’océan
+
{{DrelSection
Parce qu’on y trouve l’eau de la sagesse et les joyaux des qualités.
+
|verse=I.150
Les deux accumulations ressemblent au soleil
+
|text=:On atteint les trois corps de la bouddhéité
Parce qu’elles sustentent tous les êtres. (IV, 9)
+
:À partir de cette double filiation.
 +
:Le premier corps, de la première ;
 +
:Les deux suivants, de la seconde.}} (I, 153)
  
L’Éveil est pareil à l’élément espace
 
Parce qu’il est immense et n’a ni bords ni centre.
 
On compare l’Élément des êtres à un trésor
 
Parce qu’il a pour nature la bouddhéité authentique et parfaite. (IV, 10)
 
  
Les affections évoquent les nuages parce qu’elles ne durent pas,
+
{{DrelSection
Enveloppent toute chose et manquent de solidité.
+
|verse=I.151
Enfin, la compassion est comparable à un vent irrésistible
+
|text=:Vous devriez savoir que la beauté du corps essentiel
Parce qu’elle se tient prête à disperser [les affections]. (IV, 11)
+
:Est comparable à une précieuse image
 +
:Parce que ce corps de nature incréée
 +
:Et ses qualités forment un trésor de joyaux.}} (I, 154)
  
Les activités ne s’interrompront pas tant que le saṃsāra durera
 
Parce que les bouddhas se libèrent avec le concours des autres,
 
Parce qu’ils voient que tous les êtres sont leurs égaux
 
Et parce que leur œuvre est inachevée. (IV, 12)
 
  
Le Tathāgata est comparable à Indra,
+
{{DrelSection
Au tambour [des dieux], à un nuage,
+
|verse=I.152
À Brahma, au soleil, à un précieux joyau,
+
|text=:Le corps de parfaite jouissance évoque un monarque universel
À l’écho, à l’espace et à la terre. (IV, 13)
+
:Parce qu’il détient le grand royaume du vrai Dharma.
 +
:Le corps d’apparition est alors comparé à une forme en or
 +
:Parce qu’il a la nature des reflets.}} (I, 155)
  
Si le sol prenait l’aspect
 
Du lapis-lazuli le plus pur,
 
Cette pureté permettrait de voir
 
Le seigneur des dieux parmi les jeunes déesses, (IV, 14)
 
  
Le splendide palais de la Victoire Absolue
+
{{DrelSection
Et d’autres divins séjours agrémentés
+
|verse=I.153
De bâtisses magnifiques, ainsi que les objets
+
|text=:C’est la foi qui permet de réaliser
Divins les plus divers. (IV, 15)
+
:L’absolu des [bouddhas] nés d’eux-mêmes.
 +
:Qui n’a pas d’yeux ne peut voir
 +
:L’éclat de l’orbe solaire.}} (I, 156)
  
À la vue de ces apparences,
 
Les hommes et les femmes
 
Qui peuplent la terre
 
Forment le souhait (IV, 16)
 
  
D’être comme le seigneur
+
{{DrelSection
Des dieux avant longtemps.
+
|verse=I.154
Pour y parvenir, ils adoptent
+
|text=:Ici, il n’y a rien à enlever
La vertu et s’y tiennent pour de bon. (IV, 17)
+
:Et rien à ajouter.
 +
:Regardez réellement le réel !
 +
:Quand vous le verrez, vous serez libres.}} (I, 157)
  
Même s’ils ignorent
 
Que ce n’est là qu’une apparence,
 
Leurs actes vertueux leur permettront
 
De quitter la terre pour renaître chez les dieux. (IV, 18)
 
  
Et même si cette apparence n’a absolument
+
{{DrelSection
Aucune pensée et que rien ne l’ébranle,
+
|verse=I.155
Il faut bien admettre que, sur la terre,
+
|text=:L’Élément est vide des souillures adventices
Elle est de la plus grande utilité. (IV, 19)
+
:Qui ont pour caractère d’en être séparables.
 +
:Il n’est pas vide de ses insurpassables qualités
 +
:Qui ont pour caractère d’en être inséparables.}} (I, 158)
  
Ainsi, les êtres dont la foi et les autres qualités
 
Ne sont pas souillées mais dûment cultivées
 
Verront mentalement le parfait Bouddha,
 
Paré des marques majeures et mineures, (IV, 20)
 
  
Marcher, rester debout,
+
{{DrelSection
S’asseoir et s’allonger,
+
|verse=I.156
Se livrer aux activités les plus variées,
+
|text=:Les Vainqueurs ont enseigné ici et là
Enseigner la vérité de la paix, (IV, 21)
+
:que tous les phénomènes sont vides
 +
:Sous tous les aspects, comme des nuages, des rêves et des illusions.
 +
:Or voici qu’ils déclarent que tous les êtres animés
 +
:Ont une nature de bouddha : pourquoi ?}} (I, 159)
  
Se taire et méditer avant de manifester
 
Des prodiges en tout genre :
 
Ces êtres verront ces hauts faits
 
Dans leur majestueux éclat. (IV, 22)
 
  
Ce qu’ayant vu, ils aspireront
+
{{DrelSection
À la « bouddhéité » et s’y appliqueront.
+
|verse=I.157
Ils adopteront les causes de l’état
+
|text=:Perdre courage et mépriser les êtres plus humbles que soi,
Auquel ils aspirent et ils l’atteindront. (IV, 23)
+
:Croire à ce qui n’est pas vrai, déprécier le vrai Dharma
 +
:Et, enfin, être trop attaché à soi-même : voilà cinq défauts
 +
:Que cet enseignement se propose d’éliminer chez ceux qu’ils affectent.}}
 +
:(I, 160)
  
Car, même si cette apparence n’a absolument
 
Aucune pensée et que rien ne l’ébranle,
 
Il faut bien admettre que, dans le monde,
 
Elle est de la plus grande utilité. (IV, 24)
 
  
Les êtres ordinaires ne savent pas que cette vision
+
{{DrelSection
Est une perception au sein de leur propre esprit.
+
|verse=I.158
Cependant, la vue de ces formes
+
|text=:La limite du réel se trouve toujours
Leur procurera de grands bienfaits. (IV, 25)
+
:À l’écart des phénomènes conditionnés.
 +
:Il est alors possible de comparer les affections,
 +
:Les actes et leurs effets à des nuages, des rêves, des illusions.}} (I, 161)
  
Petit à petit, les êtres qui s’en tiennent
 
À ce véhicule-ci verront, du fait de cette vision,
 
Le suprême corps absolu à l’intérieur d’eux-mêmes
 
Avec l’œil de la sagesse primordiale. (IV, 26)
 
  
Si la terre, débarrassée de tous ses lieux inquiétants,
+
{{DrelSection
Prenait la belle clarté d’un pur lapis, si elle devenait lisse
+
|verse=I.159
et présentait les perfections d’un joyau,
+
|text=:Les affections sont comparables à des nuages ;
Elle serait si pure que les divers séjours divins
+
:Les actes, à des expériences faites en rêve ;
et la forme des dieux et de leur seigneur pourraient s’y refléter.
+
:Et les agrégats, qui résultent des affections
Mais peu à peu le sol perdrait ces qualités,
+
:Et des actes, à des illusions et des apparitions.}} (I, 162)
et les reflets dont il se parait disparaîtraient. (IV, 27)
 
  
Pour atteindre l’état d’Indra, les hommes et les femmes suivraient
 
les préceptes d’un jour et les règles de conduite. Ils opteraient
 
pour le don et les autres vertus
 
Et, formant de pieux souhaits, ils prieraient en répandant des fleurs
 
et [en s’adonnant à d’] autres [dévotions]. (IV, 28ab)
 
  
De même, pour atteindre l’état du Seigneur des Sages
+
{{DrelSection
qui apparaît dans leur l’esprit pareil à un pur lapis-lazuli,
+
|verse=I.160
Pleins d’une douce allégresse, les enfants des Vainqueurs
+
|text=:En plus des premiers exposés,
engendrent l’esprit d’Éveil. (IV, 28cd)
+
:La Continuité suprême enseigne
 +
:La présence de l’Élément spirituel
 +
:Pour éliminer les cinq défauts.}} (I, 163)
  
De même que sur le sol pur en lapis-lazuli
 
Apparaît le reflet du seigneur des dieux,
 
Sur le sol pur de l’esprit des êtres,
 
Apparaît le reflet du Seigneur des Sages. (IV, 29)
 
  
L’apparition ou la disparition de ces reflets dans le monde des êtres
+
{{DrelSection
Se produit en fonction de l’état clair ou trouble de l’esprit de chacun.
+
|verse=I.161
De même que les reflets [d’Indra]
+
|text=:Ainsi, l’esprit d’Éveil ne naîtra point
qui apparaissent dans le monde,
+
:Chez ceux qui, n’ayant pas entendu [cet enseignement],
Il ne faut pas voir [les apparences du Bouddha]
+
:Se méprisent eux-mêmes
comme si elles étaient et qu’elles ne sont plus. (IV, 30)
+
:Jusqu’à perdre courage.}} (I, 164)
  
Ainsi, chez les dieux, par le pouvoir
 
Des actes blancs de leurs vies antérieures,
 
Sans effort ni lieu [d’origine], sans esprit
 
Ni forme, et sans la moindre pensée, (IV, 31)
 
  
Le tambour du Dharma exhorte encore
+
{{DrelSection
Et toujours les dieux insouciants,
+
|verse=I.162
Au son des mots : impermanence,
+
|text=:D’entre ceux qui ont produit l’esprit d’Éveil,
Souffrance, irréalité du soi et paix. (IV, 32)
+
:Certains se disent supérieurs
 +
:Et tiennent pour inférieurs
 +
:Ceux que l’esprit d’Éveil n’a pas encore gagnés.}} (I, 165)
  
De même, l’Omniprésent est libre de l’effort
 
Et des quatre autres points mais, de sa parole éveillée,
 
Il imprègne tous les êtres sans exception
 
Et enseigne le Dharma aux êtres fortunés. (IV, 33)
 
  
De même que le son du tambour
+
{{DrelSection
Des dieux émane de leurs actes,
+
|verse=I.163
De même, les enseignements que le Sage
+
|text=:La juste sagesse ne peut naître
A prodigués au monde émanent des actes de chacun. (IV, 34)
+
:Chez ceux qui pensent de la sorte.
 +
:Ceux-là croient ce qui n’est pas vrai
 +
:Et le vrai n’a pas de sens pour eux.}} (I, 166)
  
De même que sans effort, sans lieu, sans corps
 
Et sans esprit, le son du tambour établit la paix,
 
De même, sans effort, sans lieu, sans corps
 
Et sans esprit, ces enseignements établissent la paix. (IV, 35)
 
  
De même que dans la ville des dieux, le son du tambour
+
{{DrelSection
leur insuffle le don de l’intrépidité
+
|verse=I.164
Lorsque, sous l’effet de leurs affections, les dieux se jettent
+
|text=:Artificiels et passagers, les défauts
dans la mêlée pour vaincre les antidieux ; et de même, encore,
+
:Des êtres ne sont pas réels.
que le tambour met fin à leurs jeux,
+
:En vérité, les fautes n’ont pas de soi
De même, dans notre monde, la concentration
+
:Et les qualités sont pures par nature.}} (I, 167)
du Sans-Forme et les autres vertus concourent à la cause
 
De l’expression de la voie suprême, laquelle écrase les affections
 
qui torturent les êtres tout en apaisant leurs souffrances. (IV, 36)
 
  
Universelle, bénéfique, source de bonheur,
 
Dotée du pouvoir des trois prodiges,
 
La voix du Sage est éminemment
 
Supérieure aux cymbales des dieux. (IV, 37)
 
  
Dans le monde des dieux, le son puissant du tambour
+
{{DrelSection
Ne tombe pas jusqu’aux oreilles des terriens.
+
|verse=I.165
Le tambour de la voix d’un bouddha résonne
+
|text=:S’il croit à des défauts irréels
Jusqu’aux mondes souterrains du saṃsāra. (IV, 38)
+
:Et sous-estime de réelles qualités,
 +
:L’être intelligent n’acquerra pas la bienveillance
 +
:Qui voit l’égalité d’autrui et de soi-même.}} (I, 168)
  
Dans le monde des dieux, les cymbales sonnent
 
Par millions pour exacerber les flammes du désir.
 
Les incarnations de la compassion n’ont qu’une seule voix
 
Qui fait tout pour éteindre à jamais les flammes de la souffrance.
 
(IV, 39)
 
  
Dans le monde des dieux, le son des cymbales dont la beauté se double
+
{{DrelSection
D’un charme exquis augmente l’agitation mentale habituelle.
+
|verse=I.166
La parole des tathāgatas, compassion incarnée, incite
+
|text=:Ainsi, quand on a entendu ce qui précède,
À réfléchir et à méditer jusqu’au recueillement profond. (IV, 40)
+
:on ne peut qu’être enthousiaste,
 +
:Respecter les autres autant que notre Instructeur,
 +
:Et accéder à la connaissance, à la sagesse et à la grande bienveillance.
 +
:L’émergence de ces cinq qualités permet}} (I, 169)
  
En bref, dans toutes les sphères du monde sans aucune exception,
 
Chez les dieux comme ici-bas, toutes les matières à bonheur
 
Reposent entièrement, dit-on, sur cette voix mélodieuse
 
Que l’on perçoit, omniprésente, dans absolument tous les mondes.
 
(IV, 41)
 
  
De même que les malentendants
+
{{DrelSection
Ne perçoivent pas les sons subtils
+
|verse=I.167
Et que l’oreille divine elle-même
+
|text=:D’éliminer l’erreur [du découragement], de voir égal,
N’entend pas tous les sons, (IV, 42)
+
:De [réaliser] l’absence des défauts et la présence des qualités,
 +
:Et de s’aimer soi-même autant que les autres,
 +
:Grâce à quoi l’on atteindra bientôt l’état de bouddha.}} (I, 170)
  
De même, les enseignements les plus subtils
 
Relèvent de la sagesse primordiale, fine aussi,
 
Mais ils atteindront seulement les oreilles
 
D’une poignée de sages libres d’affections. (IV, 43)
 
  
De même qu’en été les nuages
+
:Ici prend fin le premier chapitre, « La Quintessence des tathāgatas », du
Sont des gages d’abondantes récoltes
+
:Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation
Quand ils s’abattent sans effort
+
:spirituelle des Trois Joyaux.
En trombes d’eau sur la terre, (IV, 44)
 
  
De même, des nuages de la compassion
 
Tombe sans la moindre pensée
 
La pluie des saints enseignements du Vainqueur
 
Qui promet aux êtres des moissons de vertus. (IV, 45)
 
  
De même que, le monde prenant le chemin de la vertu,
+
===II - L’ÉVEIL===
Les nuages nés du vent se répandent en pluies,
 
De même, pour accroître les vertus d’un monde
 
où souffle le vent de l’amour,
 
Des nuages de la bouddhéité tombe la pluie du vrai Dharma. (IV, 46)
 
  
Plein de connaissance et d’amour pour le monde,
+
{{DrelSection
Il trône au centre de l’espace, inaltéré par le changeant et l’immuable.
+
|verse=II.1
Les nuages du Seigneur des Sages, qui consistent en l’eau pure
+
|text=:[L’Éveil] est pureté, obtention et séparation ;
des recueillements et des formules de mémoire,
+
:Bien propre, bien d’autrui, support,
Produiront des moissons de vertus. (IV, 47)
+
:Profondeur, vastitude, magnanimité,
 +
:Durée et essence.}} (II, 1)
  
Fraîche, agréable, douce et légère,
 
L’eau qui tombe des nuages
 
Se charge d’un grand nombre de saveurs,
 
Comme le salé, au contact de la terre. (IV, 48)
 
  
De même, la pluie de l’octuple sentier des êtres sublimes
+
{{DrelSection
Qui jaillit des immenses nuées de la compassion
+
|verse=II.2
Aura autant de goûts différents
+
|text=:L’essence, la cause, le fruit,
Qu’il y a de formes d’esprit chez les êtres. (IV, 49)
+
:La fonction, la dotation, la manifestation,
 +
:La permanence et l’inconcevabilité
 +
:[Ces huit points] déterminent la bouddhéité.}} (II, 2)
  
Ceux qui ont foi dans le véhicule suprême,
 
Ceux qui restent neutres et ceux qui lui sont hostiles
 
Forment trois groupes d’êtres comparables
 
À des êtres humains, des paons et des prétas (IV, 50)
 
  
À la fin du printemps, les hommes et les oiseaux
+
{{DrelSection
qui ne volent pas souffrent de l’absence des nuages,
+
|verse=II.3
Alors que les prétas pâtissent des pluies d’été qui s’abattent sur la terre.
+
|text=:On l’appelle « luminosité naturelle » et elle évoque le soleil et le ciel.
De même, suivant que, des nuées de la compassion,
+
:L’épaisse nuée des [voiles] adventices du connaissable
l’eau des enseignements jaillit ou non,
+
:et des affections la recouvrent
Ceux qui, dans les mondes, aspirent au Dharma
+
:[Mais elle reste] la bouddhéité permanente, stable et éternelle,
et ceux qui lui sont hostiles correspondent
+
:dotée de toutes les qualités immaculées des bouddhas.
aux éléments de la comparaison. (IV, 51)
+
:On peut l’atteindre avec les deux sagesses qui discernent
 +
:tous les phénomènes sans la moindre pensée.}} (II, 3)
  
Quand s’abattent sur la terre de grosses gouttes de pluie,
 
des pierres brûlantes ou des flammes de diamant,
 
Les nuages ne se soucient pas plus des petites bêtes
 
que de celles qui se sont réfugiées dans la montagne.
 
Les gouttes, des plus petites aux plus grosses,
 
qui tombent des nuages de l’amour et de la connaissance
 
Ne se soucient absolument pas des affections qu’elles purifient
 
ni de la tendance à voir un soi. (IV, 52)
 
  
Dans le cercle sans commencement des morts et des renaissances,
+
{{DrelSection
les êtres suivent cinq voies
+
|verse=II.4
Mais, de même qu’il n’y a pas de bonnes odeurs dans les excréments,
+
|text=:L’indivisible bouddhéité se distingue
il n’y a jamais de bonheur dans les cinq destinées.
+
:Pleinement par ses qualités pures,
 +
:Comme si elle se dédoublait en soleil de la sagesse
 +
:Et en ciel de l’élimination.}} (II, 4)
  
Cette souffrance permanente née de la rencontre
 
avec les armes, le feu, le sel et d’autres supplices encore
 
S’apaise quand, des nuées de la compassion, tombe
 
une abondante pluie de vrai Dharma. (IV, 53)
 
  
Comme ils ont compris que les dieux souffraient de la déchéance
+
{{DrelSection
[qui suit leur mort] et les hommes de la quête effrénée [du plaisir],
+
|verse=II.5
Les sages n’aspirent pas aux suprêmes pouvoirs des dieux
+
|text=:Luminosité incomposée,
et des hommes.
+
:Inséparable de ses manifestations,
Grâce à la connaissance supérieure et aux paroles du Tathāgata
+
:Elle est dotée de toutes les qualités des bouddhas,
qu’ils ont suivies avec foi,
+
:Plus nombreuses que les grains de sable du Gange.}} (II, 5)
Ils voient avec sagesse que « ceci est la souffrance,
 
cela en est la cause, et cela la cessation ». (IV, 54)
 
  
De même qu’il faut reconnaître la maladie et en éliminer la cause
 
En prenant des remèdes qui rétabliront la santé,
 
Il faut reconnaître la souffrance, en éliminer la cause
 
Et réaliser sa cessation en empruntant la voie. (IV, 55)
 
  
De même que, sans quitter son palais,
+
{{DrelSection
Brahma manifeste des apparences
+
|verse=II.6
De lui-même dans tous les lieux divins
+
|text=:Comme ils n’existent pas par eux-mêmes,
Sans fournir le moindre effort, (IV, 56)
+
:Qu’ils sont omniprésents et adventices,
 +
:On compare les voiles émotionnel
 +
:Et cognitif à des nuages.}} (II, 6)
  
De même, sans quitter le corps absolu
 
Et sans effort, le Sage montre des apparences
 
De lui-même dans toutes les sphères
 
Aux êtres assez fortunés pour cela. (IV, 57)
 
  
De même que, sans jamais quitter son palais,
+
{{DrelSection
Brahma se manifeste dans le monde du Désir
+
|verse=II.7
À la vue des dieux et qu’à cette vision, ces derniers
+
|text=:On affirme que la séparation d’avec les deux voiles
se détournent des objets [de plaisir],
+
:A pour cause une double sagesse
De même, sans quitter le corps absolu, le Bien-Allé s’introduit
+
:L’absence de pensée [de la méditation]
dans toutes les sphères du monde
+
:Et la sagesse de la post-méditation.}} (II, 7)
Où les êtres fortunés le voient, et cette vision leur permet
 
d’éliminer toutes leurs souillures à jamais. (IV, 58)
 
  
Par le pouvoir de ses propres souhaits antérieurs
 
Et celui des actes vertueux des êtres divins,
 
Brahma se manifeste sans effort. De même en est-il
 
Pour les corps d’apparition de celui qui est né de lui-même. (IV, 59)
 
  
Le départ [de Tuṣita], l’entrée dans la matrice, la naissance,
+
{{DrelSection
l’arrivée au palais de son père,
+
|verse=II.8
Les jeux de l’amour, la quête solitaire, le triomphe sur Māra,
+
|text=:Comme un lac aux eaux limpides qui peu à peu se couvrent de lotus ;
L’obtention de l’Éveil le plus grand
+
:Comme la pleine lune qui s’échappe de la gueule de Rāhu ;
et l’art de guider sur la voie de la paix :
+
:Comme le soleil qui se dégage de la nue des affections
Quand il eut tout montré, le Sage disparut
+
:[L’Éveil] rayonne de lumières en raison de ses qualités immaculées.}}
de la vue des êtres infortunés. (IV, 60)
+
:(II, 8)
  
Le soleil brûle tout. Au même instant, le lotus et d’autres fleurs
 
S’ouvrent tandis que le nénuphar blanc se referme.
 
Ces [fleurs] nées de l’eau ont la qualité de s’ouvrir
 
et le défaut de se refermer,
 
Mais l’astre n’y pense pas : de même le soleil de l’être sublime. (IV, 61)
 
  
De même que, sans y penser,
+
{{DrelSection
En émettant soudain sa lumière,
+
|verse=II.9
Le soleil fait s’ouvrir les lotus
+
|text=:Le Vainqueur est comparable au plus grand des sages, au miel,
Et mûrir d’autres [plantes], (IV, 62)
+
:Au grain, à l’or précieux, à un trésor et à un grand arbre ;
 +
:On le compare encore à une pure et précieuse image du Bouddha,
 +
:À un maître de la terre et à une statue en or.}} (II, 9)
  
De même, les rayons de vrai Dharma
 
Du soleil du Tathāgata
 
S’infiltrent sans la moindre pensée
 
Dans les lotus des êtres qu’il peut aider. (IV, 63)
 
  
Avec le corps absolu et les corps formels,
+
{{DrelSection
Le soleil de l’Omniscient qui s’élève
+
|verse=II.10
Dans l’espace de la quintessence de l’Éveil
+
|text=:Pour nous résumer, nous dirons que le fruit
Darde ses rayons de sagesse sur les êtres. (IV, 64)
+
:De la sagesse dépourvue de pensées,
 +
:C’est la pureté du désir et des autres affections adventices,
 +
:Laquelle est comparable au lac, [à la pleine lune] et au reste.}} (II, 10)
  
Tous les êtres sensibles au Dharma du Bien-Allé
 
Sont comparables à des coupes d’eau pure
 
Où les innombrables reflets du soleil du Bouddha
 
Apparaissent tous au même instant. (IV, 65)
 
  
Au cœur de l’espace de la dimension absolue
+
{{DrelSection
Qui tout embrasse à jamais,
+
|verse=II.11
Le soleil du Bouddha brille sur les montagnes
+
|text=:Il est enseigné que le fruit de la sagesse primordiale
Des disciples à proportion de leurs mérites. (IV, 66)
+
:Atteint pendant la post-méditation,
 +
:C’est l’obtention définitive de l’état de bouddha
 +
:Pourvu de tous les attributs suprêmes.}} (II, 11)
  
De même qu’en se levant le soleil répand sa lumière immense
 
Et ses rayons par milliers en éclairant tout
 
dans les mondes avant de se poser
 
  
Par paliers sur les montagnes les plus hautes,
+
{{DrelSection
les moyennes et enfin les plus basses,
+
|verse=II.12
De même, le soleil du Vainqueur brille progressivement
+
|text=:[L’état de bouddha] est comparable à une étendue d’eau pure
sur tous les êtres. (IV, 67)
+
:Où le sédiment du désir a déposé
 +
:Et où l’eau de la concentration
 +
:Baigne les disciples pareils à des lotus.}} (II, 12)
  
Le soleil ne rayonne pas jusqu’au fond de l’espace dans tous les univers
 
Et il ne peut même pas montrer le sens d’un objet
 
retenu sous les ténèbres de l’ignorance.
 
La compassion incarnée éclaire tout et montre aux êtres
 
le sens des choses
 
Avec des lumières rayonnant de toutes les couleurs. (IV, 68)
 
  
Quand le Bouddha se rend au village, les individus
+
{{DrelSection
privés de la vue voient.
+
|verse=II.13
Libérés de toute chose insensée, ils voient le sens et,
+
|text=:Comme il a échappé à la colère de Rāhu,
mieux, ils l’éprouvent.
+
:On le compare à la pleine lune immaculée
Aveuglés par l’ignorance, les êtres aux prises avec l’océan des existences
+
:Comblant les destinées de lumières
sont enveloppés par les ténèbres des vues fausses,
+
:Qui rayonnent de grande bienveillance et de grande compassion.}} (II, 13)
Mais, à la lumière du soleil d’un bouddha, ils verront
 
ce que leur esprit ne pouvait pas voir jusque-là. (IV, 69)
 
  
De même que le Joyau magique,
 
Exauce chacun de tous les désirs
 
De ceux qui se trouvent dans sa sphère
 
Instantanément et sans y penser, (IV, 70)
 
  
De même, quand ceux dont les désirs diffèrent
+
{{DrelSection
S’en remettent au Joyau magique du Bouddha,
+
|verse=II.14
Ils entendent toute une variété d’enseignements
+
|text=:La bouddhéité est comparable à un soleil immaculé
Dont le Bouddha n’a pas conçu le moindre. (IV, 71)
+
:Qui s’est libéré des nuages de l’ignorance
 +
:Et, de ses radieuses lumières de sagesse,
 +
:Disperse les ténèbres du monde.}} (II, 14)
  
De même que le Joyau magique procure
 
Sans effort ni pensée les richesses désirées,
 
Le Sage restera dans le monde tant que celui-ci durera,
 
Pour le bien des autres, sans effort
 
et à proportion de leurs mérites. (IV, 72)
 
  
De même que, pour qui le désire en ce monde,
+
{{DrelSection
Il est difficile de trouver le bon Joyau dans l’océan ou sous la terre,
+
|verse=II.15
Il faut de même savoir que, pour l’infortuné
+
|text=:Comme ses qualités égalent le sans-égal,
dont l’esprit est pris par les affections,
+
:Qu’elle prodigue la saveur du vrai Dharma
La vision du Bouddha est chose difficile. (IV, 73)
+
:Et qu’elle est libre de l’enveloppe [des voiles]
 +
:On compare [la bouddhéité] à un bouddha, au miel et à une graine.}}
 +
:(II, 15)
  
De même que le son de l’écho,
 
Qui jaillit de la perception des êtres
 
N’a pas de pensées, n’est pas fabriqué
 
Et ne se tient pas plus dedans que dehors, (IV, 74)
 
  
De même, la parole des bouddhas,
+
{{DrelSection
Qui jaillit de la perception des êtres,
+
|verse=II.16
N’a pas de pensées, n’est pas fabriquée
+
|text=:Comme elle est pure et riche de qualités
Et ne se tient pas plus dedans que dehors. (IV, 75)
+
:Qui éliminent la pauvreté
 +
:Et qu’elle procure le fruit de la libération,
 +
:On la compare à de l’or, à un trésor et à un arbre fruitier.}} (II, 16)
  
Immatériel, inapparent,
 
Introuvable, sans appui,
 
Bien au-delà du visible,
 
Sans forme, impossible à montrer, (IV, 76)
 
  
Et pourtant vu là-haut ou là-bas,
+
{{DrelSection
L’espace n’est ni haut ni bas.
+
|verse=II.17
De même, le Bouddha n’est pas
+
|text=:Comme elle est le joyau du corps absolu,
Comme tout ce que l’on peut voir de lui. (IV, 77)
+
:Le maître suprême des hommes,
 +
:Et qu’elle a l’aspect d’une forme précieuse, on la compare
 +
:À une précieuse [image], à un monarque et à une [statue en] or.}} (II, 17)
  
De même que tout ce qui naît de la terre
 
Prend appui sur la terre, qui n’a pas de pensées,
 
Pour croître, se renforcer et s’épanouir, (IV, 78)
 
  
De même, prenant appui sur la terre
+
{{DrelSection
Du parfait Bouddha, laquelle n’a pas de pensées,
+
|verse=II.18
Les racines de bien des êtres
+
|text=:Non souillé, omniprésent, indestructible,
Croîtront toutes sans exception. (IV, 79)
+
:Stable, paisible, éternel, sans transmigration et source [de qualités],
 +
:Le Tathāgata est, comme l’espace, la cause de l’expérience
 +
:Des objets qui s’offrent aux six facultés des êtres purs.}} (II, 18)
  
Comme on n’a jamais vu d’activité
 
S’accomplir sans le moindre effort,
 
Neuf exemples ont été enseignés
 
Pour trancher les doutes des disciples. (IV, 80)
 
  
Ces neuf exemples
+
{{DrelSection
Ont été présentés en détail
+
|verse=II.19
Dans un soûtra dont le nom
+
|text=:[Le bouddha] est la cause qui permet de voir
Seul évoque le propos. (IV, 81)
+
:des formes dépourvues d’éléments,
 +
:D’entendre des paroles bonnes et pures,
 +
:De humer les fragrances de la discipline des bien-allés,
 +
:De connaître le goût du vrai Dharma des grands êtres sublimes,}} (II, 19)
  
Parés de l’immense éclat lumineux
 
De la connaissance issue de l’étude,
 
Les sages accéderont vite à toutes
 
Les sphères d’activité des bouddhas. (IV, 82)
 
  
Le reflet d’Indra sur un sol de lapis-lazuli
+
{{DrelSection
Et huit autres exemples
+
|verse=II.20
Ont été donnés à cette fin,
+
|text=:D’éprouver les délices du tangible pendant l’absorption méditative
Dont on retiendra le résumé : (IV, 83)
+
:Et de réaliser le mode profond en son essence même.
 +
:Quand on y réfléchit plus précisément, le tathāgata qui procure
 +
:Le bonheur absolu est dépourvu de causes comme l’espace.}} (II, 20)
  
Apparition, parole, omniprésence,
 
Manifestation, rayonnement de la sagesse,
 
Secrets de l’esprit, de la parole et du corps,
 
Et obtention d’une nature compatissante. (IV, 84)
 
  
L’esprit éveillé, où tous les flots de l’effort
+
{{DrelSection
Se sont calmés, n’a aucune pensée
+
|verse=II.21
Comme l’apparition du reflet d’Indra sur le sol
+
|text=:Il faut savoir que ces deux sagesses
De lapis-lazuli immaculé et ainsi de suite. (IV, 85)
+
:Ont en bref pour fonction
 +
:Le corps de libération ou la perfection
 +
:Et le corps absolu ou la purification.}} (II, 21)
  
L’apaisement de l’effort constitue la thèse ;
 
L’absence de pensées dans l’esprit, la preuve ;
 
Et pour l’indiscutable conclusion du sujet de discussion,
 
Le reflet d’Indra et les huit autres comparaisons. (IV, 86)
 
  
Voici le sens du présent chapitre :
+
{{DrelSection
L’apparition et les huit autres cas
+
|verse=II.22
Opèrent sans que l’Instructeur, libre de la naissance
+
|text=:On connaîtra le corps de libération et le corps absolu
Et de la mort, ne fasse d’efforts. (IV, 87)
+
:Sous deux aspects puis sous un seul,
 +
:Puisqu’ils sont non contaminés, omniprésents,
 +
:Incomposés et que ce sont des sources [de qualités].}} (II, 22)
  
Ce qui, tant que dure le monde, accomplit le bien des autres
 
Sans effort – comme Indra, le tambour, les nuages,
 
Brahma, le soleil, le précieux roi des Joyaux magiques,
 
L’écho, l’espace et la terre –, tout cela, les yogis le connaissent. (IV, 88)
 
  
[L’Instructeur] est comparable au reflet d’Indra
+
{{DrelSection
dans une pierre précieuse.
+
|verse=II.23
Comme le tambour des dieux, il excelle à instruire.
+
|text=:[Le corps de libération] n’est pas contaminé
Les nuées d’amour et de connaissance de l’omniprésent seigneur
+
:Puisque les affections et leurs tendances ont cessé.
Enveloppent l’infinité des êtres jusqu’au sommet du devenir. (IV, 89)
+
:On tient [le corps absolu] pour l’omniprésence
 +
:de la sagesse primordiale
 +
:Puisqu’il n’est attaché à rien et que rien ne lui fait obstacle.}} (II, 23)
  
Tel Brahma, il se manifeste dans de multiples apparitions
 
sans quitter son séjour immaculé.
 
Comme le soleil, il rayonne de l’éclat de la sagesse
 
Et son esprit éveillé ressemble au très pur
 
et très précieux Joyau magique. (IV, 90)
 
  
Comme l’écho, la parole des Vainqueurs se passe de mots.
+
{{DrelSection
Semblable à l’espace, leur corps est omniprésent,
+
|verse=II.24
dépourvu de forme et permanent.
+
|text=:[Ces deux corps] sont incomposés
Pareil à la terre, le niveau de bouddha est toujours
+
:Puisqu’ils sont indestructibles à jamais.
Le fondement de tous les remèdes favorisant
+
:C’est leur indestructibilité qu’explicitent
les qualités pures des êtres. (IV, 91)
+
:La stabilité et les trois autres qualités.}} (II, 24)
  
La cause de la vision d’un bouddha n’est autre
 
Qu’un esprit qui a la pureté du lapis-lazuli.
 
Cette pureté vient du pouvoir accru
 
D’une confiance irréversible. (IV, 92)
 
  
La vertu apparaissant et disparaissant,
+
{{DrelSection
La forme des bouddhas apparaît et disparaît.
+
|verse=II.25
Comme Indra, le corps absolu du Sage
+
|text=:La destruction présente quatre aspects
N’apparaît ni ne disparaît. (IV, 93)
+
:Qui sont les contraires de la stabilité et ainsi de suite
 +
:La dégradation, le changement, l’interruption
 +
:Et la transmigration avec ses métamorphoses inconcevables.}} (II, 25)
  
Ainsi, tant que le monde durera,
 
[Le Sage] apparaîtra et exercera ses activités
 
Sans effort à partir du corps absolu
 
Qui ignore la naissance et la cessation. (IV, 94)
 
  
Ce résumé des activités en neuf comparaisons
+
{{DrelSection
Est donné dans un ordre tel
+
|verse=II.26
Que les inexactitudes d’une comparaison
+
|text=:Indestructibles de ces quatre façons, [les deux corps]
N’apparaissent plus dans la suivante. (IV, 95)
+
:Sont stables, paisibles, permanents et libres de la transmigration.
 +
:L’absence de souillures et la sagesse en sont la source
 +
:En tant que supports des qualités pures.}} (II, 26)
  
Le Bouddha est comparable à un reflet
 
Mais il en diffère car les reflets n’ont pas de voix.
 
Il est comparable au tambour des dieux mais en diffère
 
Parce que les tambours ne font pas le bien en tout lieu. (IV, 96)
 
  
Il est comparable à un grand nuage mais en diffère
+
{{DrelSection
Parce que les nuages n’éliminent pas les graines inutiles.
+
|verse=II.27
Il est comparable au Grand Brahma mais en diffère
+
|text=:De même que l’espace, qui n’est pas une cause,
Parce que Brahma ne fait pas mûrir à jamais. (IV, 97)
+
:Est cause de la vision des formes
 +
:Et de la perception des sons, des odeurs,
 +
:Des saveurs, des tangibles et des phénomènes [mentaux],}} (II, 27)
  
Il est comparable au soleil mais en diffère
 
Parce que le soleil ne vainc pas les ténèbres une bonne fois pour toutes.
 
Il est comparable au Joyau magique mais en diffère
 
Parce qu’il n’est pas difficile de trouver ce joyau. (IV, 98)
 
  
Il est comparable à l’écho mais en diffère
+
{{DrelSection
Parce que l’écho est un phénomène conditionné.
+
|verse=II.28
Il est comparable à l’espace mais en diffère
+
|text=:De même, grâce à la [voie de] jonction où les voiles disparaissent,
Parce que l’espace n’est pas le terrain des vertus. (IV, 99)
+
:Les deux corps sont les causes de l’apparition
 +
:De qualités non contaminées comme autant d’objets
 +
:Offerts aux facultés des [êtres] stables.}} (II, 28)
  
Comme il forme le fondement où se tiennent
 
Toutes les perfections mondaines
 
Et supramondaines sans la moindre exception,
 
On le compare au cercle de la terre. (IV, 100)
 
  
Comme la voie supramondaine se présente
+
{{DrelSection
Par le fait de l’Éveil des bouddhas,
+
|verse=II.29
La voie des actes vertueux, les concentrations,
+
|text=:Inconcevable, permanent, stable, paisible, éternel,
Les immensurables et le Sans-Forme se présentent aussi. (IV, 101)
+
:Apaisé, omniprésent, libre de la pensée, pareil à l’espace,
 +
:Libre d’attachement, nulle part entravé, sans plus de contacts grossiers,
 +
:Invisible, insaisissable et vertueux, le Bouddha est immaculé.}} (II, 29)
  
Ici prend fin le quatrième chapitre, « Les Activités éveillées des tathāgatas »
 
du Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation
 
spirituelle des Trois Joyaux.
 
  
V
+
{{DrelSection
 +
|verse=II.30
 +
|text=:Le corps de libération et le corps absolu
 +
:Enseignent le bien propre et le bien d’autrui.
 +
:Supports du double bienfait, ils sont inconcevables
 +
:En plus de quatorze autres qualités.}} (II, 30)
  
LES BIENFAITS DU PRÉSENT ENSEIGNEMENT
 
  
L’Élément des bouddhas, l’Éveil des bouddhas,
+
{{DrelSection
Les qualités des bouddhas et les activités des bouddhas
+
|verse=II.31
Sont inconcevables même pour les êtres purs.
+
|text=:La bouddhéité est l’objet de l’omnisciente
Ils relèvent de la sphère de nos guides. (V, 1)
+
:Sagesse primordiale et non des trois connaissances.
 +
:Les êtres pourvus d’un corps de sagesse [autres que les bouddhas]
 +
:Comprendront qu’elle est inconcevable.}} (II, 31)
  
Les sages qui aspirent au domaine des Vainqueurs
 
Seront les réceptacles de toutes les qualités éveillées ;
 
Comme toutes ces inconcevables qualités les réjouissent,
 
Leurs mérites éclipsent ceux de tous les autres êtres. (V, 2)
 
  
Imaginez un être attiré par l’Éveil qui offrirait constamment
+
{{DrelSection
aux souverains du Dharma,
+
|verse=II.32
Jour après jour, des champs d’or incrustés de joyaux
+
|text=:De par sa subtilité, ce n’est pas un objet d’étude.
en nombre égal aux atomes de tous les champs de bouddhas.
+
:Absolue, ce n’est un objet de réflexion.
Imaginez maintenant un autre être qui n’aurait entendu
+
:Profonde essence du réel, ce n’est pas non plus l’objet
qu’un seul mot [du présent traité] et qu’en l’entendant il y ait cru :
+
:Des méditations mondaines et autres.}} (II, 32)
Cet être en tirera beaucoup plus de mérites qu’on en tirera
 
de la vertu de générosité [ci-dessus évoquée]. (V, 3)
 
  
Il y a des êtres intelligents qui, aspirant à l’Éveil suprême,
 
observent sans effort,
 
Durant d’innombrables ères, une parfaite discipline
 
du corps, de la parole et de l’esprit ;
 
Et il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot
 
[du présent traité] et qui, l’entendant, y croient :
 
Ces derniers en tireront beaucoup plus de mérites
 
qu’on en tirera de la vertu de discipline [ci-dessus évoquée]. (V, 4)
 
  
Il y a ici-bas des individus qui pratiquent les concentrations
+
{{DrelSection
qui éteignent le feu des affections dans les trois mondes,
+
|verse=II.33
Et, arrivés au terme du domaine des dieux et de Brahma,
+
|text=:De même que les aveugles de naissance ne voient pas les formes,
cultivent les immuables méthodes de l’Éveil parfait.
+
:Les êtres puérils ne l’ont jamais vue. Les êtres sublimes eux-mêmes
Il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot
+
:Sont pareils à des nourrissons qui entrevoient la forme du soleil
[du présent traité] et qui, l’entendant, y croient :
+
:Depuis la chambre où ils viennent de naître.}} (II, 33)
Ceux-là en tireront beaucoup plus de mérites
 
qu’on en tirera de la vertu de concentration [ci-dessus évoquée]. (V, 5)
 
  
La générosité ne fait qu’assurer les richesses matérielles ;
 
La discipline ne conduit qu’à une renaissance heureuse ;
 
Et la méditation ne peut que repousser les affections :
 
La connaissance les surpasse toutes parce qu’elle élimine
 
les voiles émotionnel et cognitif, et qu’elle a pour cause
 
la présente étude. (V, 6)
 
  
La base, sa transformation, ses qualités
+
{{DrelSection
Et le bien qu’elle accomplit : ces quatre objets
+
|verse=II.34
De la connaissance des Vainqueurs
+
|text=:[La bouddhéité] est permanente parce qu’elle n’est jamais née ;
Ont été expliqués dans le présent traité. (V, 7)
+
:Elle est stable parce qu’elle ne cesse jamais ;
 +
:Elle est paisible parce qu’elle n’a plus de dualités ;
 +
:Elle est éternelle parce que l’essence du réel persiste.}} (II, 34)
  
Les êtres intelligents, confiants dans l’existence,
 
Les capacités et les qualités de cette base,
 
Auront sans tarder la bonne fortune
 
D’atteindre l’état de tathāgata. (V, 8)
 
  
« Cet objet inconcevable existe bien ;
+
{{DrelSection
Mes semblables et moi, nous pouvons l’atteindre ;
+
|verse=II.35
Le fait de l’atteindre possède telles et telles excellences » :
+
|text=:[L’Éveil est] très paisible en tant que vérité de la cessation ;
Ces êtres sont animés d’une aspiration dictée par la foi, (V, 9)
+
:Omniprésent pour sa réalisation de toute chose ;
 +
:Sans pensées parce qu’il ne fait fond sur rien ;
 +
:Et sans attachement parce qu’il n’a plus d’affections.}} (II, 35)
  
Et l’esprit d’Éveil – réceptacle de détermination,
 
De persévérance, de mémoire, de concentration,
 
De connaissance et d’autres qualités encore –
 
Les accompagne toujours. (V, 10)
 
  
Comme [l’esprit d’Éveil] les accompagne toujours,
+
{{DrelSection
Les enfants des Vainqueurs ne régressent jamais.
+
|verse=II.36
Ils accomplissent les vertus liées aux mérites
+
|text=:Il est totalement pur du voile cognitif
Et les conduisent à leur pleine pureté. (V, 11)
+
:Et rien ne peut lui faire obstacle.
 +
:Libre du double [obstacle] et infiniment souple,
 +
:Il n’a plus de contacts grossiers.}} (II, 36)
  
Ils n’ont aucune idée des trois pôles de l’acte
 
Quand ils s’adonnent aux cinq vertus liées aux mérites,
 
Si bien que pour parfaire et purifier,
 
Il leur suffit d’écarter les facteurs contraires. (V, 12)
 
  
Le mérite né du don, c’est la générosité,
+
{{DrelSection
Et le mérite né de la moralité, la discipline ;
+
|verse=II.37
La patience et la concentration sont toutes deux
+
|text=:[L’Éveil] est invisible parce qu’il n’a pas de forme ;
des effets de la méditation.
+
:Insaisissable parce qu’il n’a pas de caractéristiques ;
La persévérance peut s’appliquer à toutes. (V, 13)
+
:Vertueux parce qu’il est pur par nature ;
 +
:Immaculé parce qu’il n’a plus de souillures.}} (II, 37)
  
La pensée qu’un acte ait trois pôles
 
Peut définir le voile cognitif.
 
De l’avarice et des autres pensées,
 
On dit qu’elles forment le voile émotionnel. (V, 14)
 
  
Il n’y a que la connaissance qui puisse
+
{{DrelSection
Éliminer les deux voiles. C’est pourquoi
+
|verse=II.38
La connaissance est suprême.
+
|text=:Sans commencement ni milieu ni fin, indivisible,
Sa racine étant l’étude, l’étude est suprême aussi. (V, 15)
+
:Non duelle, dégagée des trois [voiles], immaculée et libre de la pensée
 +
:Telle est la nature de la dimension absolue
 +
:Dont la réalisation est la vision des yogis établis en méditation.}}
 +
:(II, 38)
  
J’ai donné ces explications en m’aidant de textes
 
et de raisonnements dignes de confiance
 
Dans la seule intention de me purifier moi-même.
 
Je l’ai fait aussi pour prendre soin des êtres dont l’intelligence
 
Est dotée de la parfaite vertu de l’aspiration. (V, 16)
 
  
De même qu’à la lumière d’une lampe, d’un éclair, d’un joyau,
+
{{DrelSection
Du soleil ou de la lune, ceux qui ont des yeux voient,
+
|verse=II.39
De même, j’ai donné toutes ces explications par la grâce du Sage
+
|text=:Dotée de qualités immensurables, inconcevables,
qui répand sa lumière
+
:Inégalées, plus nombreuses que les grains de sable du Gange,
Sur les enseignements, leur sens, leur expression verbale
+
:La pure immensité des tathāgatas
et l’assurance du discours. (V, 17)
+
:Est libre de tous les maux et de leurs imprégnations.}} (II, 39)
  
Une parole pourvue d’un sens et liée au Dharma
 
Qui tend à chasser les affections des trois mondes
 
Et montre les bienfaits de la paix : telle est
 
La parole du grand Sage. Ses contraires sont autres. (V, 18)
 
  
Ce que, relevant uniquement des enseignements du Vainqueur,
+
{{DrelSection
Un esprit libre de distraction explique
+
|verse=II.40
En accord avec la voie qui mène à la libération,
+
|text=:Avec le vrai Dharma sous ses deux aspects,
On le porte au sommet de sa tête comme la parole du Sage. (V, 19)
+
:avec des corps rayonnant de lumières,
 +
:Il s’empresse d’accomplir son but, celui de libérer les êtres,
 +
:Et pour ce faire il agit comme le souverain des Joyaux magiques
 +
:En revêtant toutes les apparences possibles
 +
:sans être leur essence pour autant.}} (II, 40)
  
Personne au monde n’est plus sage que le Vainqueur,
 
Nul autre que lui n’a l’omniscience qui connaît avec exactitude
 
la totalité des choses et leur suprême réalité.
 
Aussi ne faut-il pas mélanger les soûtras disposés par le Sage lui-même
 
Car, en détruisant la méthode du Sage,
 
on nuirait gravement au vrai Dharma. (V, 20)
 
  
Avec leurs vues d’attachement, les ignorants
+
{{DrelSection
qu’aveuglent leurs affections
+
|verse=II.41
Bafouent les êtres sublimes et dénigrent leurs enseignements.
+
|text=:Les [corps] formels sont en ce monde la cause de l’entrée
N’allez donc pas souiller votre esprit à ces vues d’attachement :
+
:des êtres ordinaires dans la voie de la paix.
On teinte le tissu propre et non les tissus tachés de graisse. (V, 21)
+
:De même sont-ils la cause de leur maturité et de la prédiction.
 +
:Ils resteront ici à jamais comme le monde
 +
:De la Forme restera dans l’espace.}} (II, 41)
  
Le manque d’intelligence comme d’aspiration à la vertu,
 
le maintien d’une fierté mal placée,
 
Une nature obscurcie par la pauvreté en vrai Dharma,
 
la confusion du sens provisoire et du sens définitif,
 
L’appât du gain, le pouvoir des opinions, la fréquentation
 
de ceux qui déprécient le Dharma,
 
L’éloignement des détenteurs du Dharma et le manque d’aspiration :
 
voilà dix raisons qui privent de l’enseignement
 
des Destructeurs de l’Ennemi. (V, 22)
 
  
Plus que le feu, le poison d’un terrible serpent, l’assassin ou la foudre,
+
{{DrelSection
Les sages craindront le déclin des enseignements profonds.
+
|verse=II.42
Le feu, le serpent, l’ennemi et la foudre ne font que prendre la vie ;
+
|text=:On appelle « bouddhéité » l’omniscience
Ils ne conduisent pas dans l’effroyable destinée
+
:De ceux qui d’eux-mêmes sont nés.
des Tourments Insurpassables. (V, 23)
+
:Voilà le nirvāṇa suprême, l’impensable,
 +
:Le vainqueur de l’ennemi et l’incarnation
 +
:[de la sagesse] qui se connaît elle-même.}} (II, 42)
  
L’individu qui, influencé par ses fréquentations malsaines,
 
a eu de mauvaises pensées à l’endroit du Bouddha,
 
A commis l’inadmissible en tuant son père, sa mère ou un arhat,
 
et qui crée un schisme dans l’assemblée suprême,
 
Celui-là aussi s’affranchira vite de ces [crimes]
 
dès lors qu’il réfléchira vraiment à l’essence du réel.
 
Mais comment se libérera celui qui hait le Dharma ? (V, 24)
 
  
Par les vertus que j’ai acquises en expliquant correctement
+
{{DrelSection
les sept points du présent traité –
+
|verse=II.43
Les Trois Joyaux, l’Élément purifié, l’Éveil immaculé,
+
|text=:Elle se manifeste dans le corps essentiel
les qualités et les activités éveillées –,
+
:Et les deux autres corps en fonction de leurs qualités
Puissent les êtres voir le sage Amitāyus, détenteur de l’infinie lumière,
+
:Respectives de profondeur, de vastitude
Et, l’ayant vu, atteindre l’Éveil suprême
+
:Et de magnanimité.}} (II, 43)
grâce à la pureté de l’œil du Dharma ! (V, 25)
 
  
Quatre strophes expliquent
 
Sur quelle base, pour quelles raisons,
 
Sur quel mode a lieu l’explication,
 
Ce qui en est l’objet et ce qui lui correspond. (V, 26)
 
  
Deux strophes enseignent les moyens
+
{{DrelSection
De se purifier soi-même. Une strophe
+
|verse=II.44
Donne les causes du déclin, dont les effets
+
|text=:Sachez donc, en bref,
Occupent les deux strophes suivantes. (V, 27)
+
:Que le corps essentiel des bouddhas
 +
:Possède cinq caractéristiques.
 +
:On ramène ses qualités à cinq aussi.}} (II, 44)
  
L’expression résumée des qualités de patience
 
Dans le maṇḍala de l’entourage et de l’obtention
 
De l’Éveil, qui sont les deux aspects du fruit,
 
Font l’objet de la dernière [strophe]. (V, 28)
 
  
Ici prend fin le cinquième chapitre, « Les bienfaits », du Traité de la
+
{{DrelSection
Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des
+
|verse=II.45
Trois Joyaux.
+
|text=:[Le corps essentiel est] incomposé, indivisible,
 +
:Dégagé des deux extrêmes
 +
:Et définitivement libre des trois voiles
 +
:Émotionnel, cognitif et méditatif.}} (II, 45)
  
Colophon
 
  
Traduit par le paṇḍita et grand érudit Sajjana, petit-fils du brahmane
+
{{DrelSection
Ratnavajra, grand érudit de la cité d’Anupamapura, et par le traducteur et
+
|verse=II.46
moine bouddhiste Lodèn Shérab, dans l’Incomparable Cité.-->
+
|text=:Immaculé, sans pensée,
 +
:C’est le domaine des yogis
 +
:Et, en tant que dimension absolue
 +
:Pure par essence, la luminosité.}} (II, 46)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.47
 +
|text=:Le corps essentiel est réellement pourvu
 +
:De qualités ultimes : il est immensurable,
 +
:Indénombrable, inconcevable,
 +
:Inégalable et pur.}} (II, 47)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.48
 +
|text=:Cela, parce que, respectivement, il est immense
 +
:Et se dérobe à toute mesure, que ce n’est pas un objet
 +
:De spéculation, qu’il est unique
 +
:Et n’a plus de propensions karmiques.}} (II, 48)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.49
 +
|text=:Il jouit à la perfection des divers enseignements,
 +
:Il se manifeste avec ses qualités naturelles,
 +
:Et le bien qu’il ne cesse de prodiguer aux êtres
 +
:Est l’analogue de sa pure compassion.}} (II, 49)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.50
 +
|text=:Il comble tous les désirs, quels qu’ils soient,
 +
:Sans la moindre pensée, sans le moindre effort.
 +
:Aussi, avec ses prodiges de Joyau magique,
 +
:Sa présence est-elle parfaite jouissance.}} (II, 50)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.51
 +
|text=:L’expression, l’apparence et les activités ininterrompues,
 +
:L’absence d’action délibérée
 +
:Et le fait de montrer qu’il n’est pas l’essence de toutes [ces choses],
 +
:Rendent compte de la quintuple diversité
 +
:[du corps de parfaite jouissance].}} (II, 51)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.52
 +
|text=:De même que sur un fond coloré
 +
:La pierre précieuse apparaît telle qu’elle n’est pas,
 +
:De même, du fait de la diversité des êtres,
 +
:L’Omniprésent est perçu tel qu’il n’est pas.}} (II, 52)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.53
 +
|text=:Celui qui connaît tous les mondes
 +
:Les considère avec grande compassion
 +
:Et, sans dévier du corps absolu,
 +
:Manifeste diverses apparitions de lui-même.}} (II, 53)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.54
 +
|text=:Les vies antérieures, la naissance spontanée [chez les dieux],
 +
:La descente du ciel des Tuṣitas,
 +
:L’entrée dans une matrice, la naissance,
 +
:La maîtrise des arts et des sciences,}} (II, 54)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.55
 +
|text=:Les plaisirs du gynécée,
 +
:Le renoncement, l’ascèse,
 +
:L’arrivée au Trône de l’Éveil,
 +
:La victoire sur les armées de Māra et l’Éveil parfait,}} (II, 55)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.56
 +
|text=:[La mise en branle] de la roue du Dharma
 +
:Et le passage en nirvāṇa : voilà autant de hauts faits
 +
:Qu’il manifeste dans les champs impurs
 +
:Tant que s’y trouveront des êtres.}} (II, 56)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.57
 +
|text=:Les termes « impermanence », « souffrance », « sans soi »
 +
:Et « paix » permettent à celui qui connaît les méthodes
 +
:De provoquer chez les êtres le dégoût des trois mondes
 +
:En leur donnant accès au nirvāṇa.}} (II, 57)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.58
 +
|text=:Fort engagés sur la voie de la paix, certains
 +
:Pensent avoir atteint le nirvāṇa. À ceux-là
 +
:Le Bouddha montre la réalité des phénomènes
 +
:Comme dans Le Lotus blanc et d’autres soûtras,}} (II, 58)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.59
 +
|text=:Si bien qu’il les détourne de leurs anciennes croyances
 +
:Et les amène à adopter les méthodes et la connaissance
 +
:En les faisant mûrir dans le véhicule suprême.
 +
:Ensuite, il leur annonce qu’ils atteindront l’Éveil suprême.}} (II, 59)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.60
 +
|text=:[Le bouddha] est profond, sa puissance est parfaite
 +
:Et il guide les êtres puérils en fonction de leurs intérêts.
 +
:Dès lors, on saura que [ses trois corps] sont, dans le même ordre,
 +
:Profondeur, vastitude et magnanimité.}} (II, 60)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.61
 +
|text=:Ici donc, le corps absolu vient en premier
 +
:Et les [deux] corps formels suivent.
 +
:Comme les formes se situent dans l’espace,
 +
:Dans le premier corps se situent les deux autres.}} (II, 61)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.62
 +
|text=:En raison d’une infinité de causes et du nombre inépuisable des êtres,
 +
:Et comme l’amour, les prodiges, la connaissance
 +
:et la perfection lui sont acquis,
 +
:Qu’il domine les phénomènes, qu’il a vaincu le démon de la mort
 +
:Et qu’il n’a pas d’essence, le Protecteur du monde est permanent.}} (II, 62)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.63
 +
|text=:Comme, ayant renoncé à son corps, à sa vie
 +
:Et à ses biens, il a embrassé le vrai Dharma ;
 +
:Comme, pour le bien de tous les êtres, il ira
 +
:Jusqu’au terme de son vœu originel ;}} (II, 63)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.64
 +
|text=:Comme la bouddhéité est totalement imprégnée
 +
:D’une compassion pure et immaculée ;
 +
:Comme il use des quatre bases des pouvoirs miraculeux
 +
:Pour agir en restant [dans le monde] ;}} (II, 64)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.65
 +
|text=:Comme avec la connaissance il s’est affranchi
 +
:De la croyance à la dualité du saṃsāra et du nirvāṇa ;
 +
:Comme il ne se déprend jamais de la félicité parfaite
 +
:D’inconcevables recueillements d’extase ;}} (II, 65)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.66
 +
|text=:Et comme, lors même qu’il agit dans le monde,
 +
:Les choses du monde ne peuvent pas le souiller ;
 +
:[Le corps absolu est permanent] parce qu’il a trouvé
 +
:l’immortalité et la paix
 +
:Là où le démon de la mort ne court plus.}} (II, 66)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.67
 +
|text=:Parce que, inconditionné par nature,
 +
:Le sage est apaisé dès l’origine
 +
:Et parce qu’il est logique qu’il soit le refuge
 +
:De ceux qui n’ont pas de refuge permanent.}} (II, 67)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.68
 +
|text=:Les sept premières raisons
 +
:Valent pour la permanence des corps formels
 +
:De notre Instructeur ; les trois dernières,
 +
:Pour la permanence de son corps absolu.}} (II, 68)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.69
 +
|text=:Ineffable, il revient à l’absolu ;
 +
:Ce n’est pas un objet d’analyse ; il échappe à toute comparaison ;
 +
:Insurpassable, l’existence et la paix ne peuvent le contenir ;
 +
:Aux êtres sublimes aussi, le domaine des Vainqueurs
 +
:reste inconcevable.}} (II, 69)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.70
 +
|text=:[L’Éveil] est inconcevable parce qu’il est indicible ;
 +
:Il est indicible parce qu’il est absolu ;
 +
:Il est absolu parce que ce n’est pas un objet d’analyse ;
 +
:Ce n’est pas un objet d’analyse parce qu’on ne peut pas l’inférer ;}} (II, 70)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.71
 +
|text=:On ne peut pas l’inférer parce que rien ne lui est supérieur ;
 +
:Rien ne lui est supérieur parce qu’on ne peut à rien le ramener ;
 +
:On ne peut à rien le ramener parce qu’il ne se trouve nulle part ;
 +
:Il ne se trouve nulle part parce qu’il n’a pas les idées
 +
:de qualité et de défaut.}} (II, 71)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.72
 +
|text=:Subtil pour les cinq premières raisons,
 +
:Le corps absolu est inconcevable ;
 +
:Irréels, pour la sixième [raison],
 +
:Les corps formels sont inconcevables.}} (II, 72)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=II.73
 +
|text=:Du fait de leur sagesse insurpassable, de leur grande compassion
 +
:et de leurs autres vertus,
 +
:Les Vainqueurs transcendent toutes les qualités
 +
:et sont [donc] inconcevables.
 +
:Dès lors, les grands sages qui ont reçu l’initiation ignorent,
 +
:Eux aussi, l’état ultime des bouddhas nés d’eux-mêmes.}} (II, 73)
 +
 
 +
 
 +
:Ici prend fin le deuxième chapitre, « L’Éveil », du Traité de la Continuité
 +
:suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des Trois Joyaux.
 +
 
 +
 
 +
===III - LES QUALITÉS===
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.1
 +
|text=:Le bien propre et le bien d’autrui sont le corps absolu
 +
:Et les corps relatifs qui en dépendent.
 +
:Ils présentent soixante-quatre qualités
 +
:Qui sont des fruits de séparation et de maturation.}} (III, 1)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.2
 +
|text=:Le corps absolu est le lieu
 +
:Des richesses personnelles.
 +
:Le corps symbolique des sages
 +
:Est le lieu du bien parfait des autres.}} (III, 2)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.3
 +
|text=:Le premier corps est doté des forces
 +
:Et des autres qualités de séparation ;
 +
:Le second possède les marques des grands êtres,
 +
:Qui sont des qualités de maturation.}} (III, 3)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.4
 +
|text=:Si les forces sont comparables aux vajras [lancés]
 +
:contre le voile de l’ignorance,
 +
:Les intrépidités évoquent le lion dans l’assemblée [des animaux],
 +
:Les [qualités] exclusives des tathāgatas ressemblent à l’espace
 +
:Et la double apparence du Sage tient [du reflet] de la lune dans l’eau.}} (III, 4)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.5
 +
|text=:Le correct et l’incorrect,
 +
:La rétribution des actes, les facultés,
 +
:Les tempéraments, les aspirations,
 +
:Les voies de toutes les destinées, les concentrations}} (III, 5)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.6
 +
|text=:Souillées ou immaculées,
 +
:Le souvenir des existences [passées],
 +
:L’œil divin et l’apaisement
 +
:Voilà les dix forces de connaissance.}} (III, 6)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.7
 +
|text=:Le correct et l’incorrect, la rétribution, les tempéraments,
 +
:les destinées et les aspirations dans toute leur diversité,
 +
:Ce qui est souillé par les affections ou parfaitement purifié,
 +
:l’ensemble des facultés, le souvenir des états antérieurs,
 +
:L’œil divin et l’art d’épuiser les souillures : voilà les [dix] forces
 +
:[de connaissance] que l’on compare à des vajras
 +
:Parce qu’elles transpercent les armures, abattent les remparts
 +
:et rasent les forêts de l’ignorance.}} (III, 7)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.8
 +
|text=:À toute chose il s’éveille pleinement ;
 +
:Il met fin aux obstacles ;
 +
:Il enseigne la voie et montre la cessation
 +
:Telles sont les quatre intrépidités.}} (III, 8)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.9
 +
|text=:Comme il connaît et fait connaître tout ce que les autres et soi-même
 +
:se doivent de connaître ;
 +
:Comme il a éliminé et fait éliminer ce qui devait l’être
 +
:et qu’il a suivi ce qu’il fallait suivre ;
 +
:Comme il a atteint et fait atteindre l’état suprême
 +
:et très immaculé qu’il faut atteindre,
 +
:Et comme, enfin, il prêche la vérité pour le bien de tous,
 +
:le Sage ne rencontre jamais d’obstacles.}} (III, 9)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.10
 +
|text=:À l’orée de la jungle, le roi des animaux se promène sans peur
 +
:Et jamais il ne craint aucun autre animal.
 +
:De même, dans une assemblée, le Seigneur des Sages,
 +
:qui est pareil au lion,
 +
:Peut-il rester à l’aise, indépendant, habile et stable.}} (III, 10)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.11
 +
|text=:[Notre Instructeur] ne se trompe pas
 +
:et ne tient pas de propos futiles,
 +
:Sa mémoire est infaillible, son esprit
 +
:Ne quitte jamais le recueillement profond ;
 +
:Il ne perçoit pas non plus de différences}} (III, 11)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.12
 +
|text=:Et ne saurait être indifférent par manque de discernement.
 +
:Ses aspirations, son ardeur, son attention,
 +
:Sa connaissance supérieure, sa liberté totale
 +
:Et ce que voit sa libre sagesse ignorent le déclin.}} (III, 12)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.13
 +
|text=:Ses actes procèdent de la sagesse
 +
:Libre des voiles temporels.
 +
:Telles sont, entre autres, dix-huit
 +
:Qualités exclusives de notre Instructeur.}} (III, 13)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.14
 +
|text=:Erreurs, bavardages, oubli, dispersion, perceptions toutes différentes
 +
:Et indifférence naturelle : rien de cela n’affecte le Sage.
 +
:Ses aspirations, son ardeur, son attention, sa connaissance
 +
:parfaitement pure et immaculée, sa liberté perpétuelle
 +
:Et sa libre sagesse qui voit tous les phénomènes ignorent le déclin.}}
 +
:(III, 14)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.15
 +
|text=:Les actes de son corps, de sa parole et de son esprit
 +
:sont tous précédés et suivis par la sagesse primordiale,
 +
:Tandis que son immense sagesse opère toujours
 +
:dans les trois temps sans jamais rencontrer d’obstacles.
 +
:Fort de cette réalisation, il ne craint pas de faire tourner
 +
:la grande roue du vrai Dharma pour le bien des êtres.
 +
:Cette victoire dotée de grande compassion
 +
:voilà ce que les bouddhas ont trouvé.}} (III, 15)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.16
 +
|text=:La terre et les autres éléments n’ont pas la même nature que l’espace ;
 +
:Les caractéristiques de la forme n’ont rien à voir
 +
:avec l’absence d’obstacles et les autres particularités de l’espace.
 +
:La terre, l’eau, le feu et l’air, de même que l’espace,
 +
:sont communs à [tous les] mondes,
 +
:Mais les [qualités] exclusives [des bouddhas] n’ont pas même
 +
:une particule en commun avec le monde.}} (III, 16)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.17
 +
|text=:[Le bouddha] a les pieds bien posés, marqués chacun d’une roue ;
 +
:Il a les talons larges et les malléoles invisibles ;
 +
:Ses doigts et ses orteils sont longs
 +
:Et rattachés par des membranes.}} (III, 17)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.18
 +
|text=:D’une délicatesse juvénile, sa peau est d’une douceur parfaite ;
 +
:Le dos de ses mains, ses cous-de-pied, ses épaules et sa nuque
 +
:forment sept protubérances bien arrondies ;
 +
:Ses jarrets sont les mêmes que ceux de l’antilope eṇaya
 +
:Et son secret rentré au fourreau comme celui de l’éléphant.}} (III, 18)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.19
 +
|text=:Il a un torse de lion et des épaules
 +
:Pleines et larges aux sommets
 +
:Bien rebondis. Il a les bras tendres,
 +
:Ronds et réguliers.}} (III, 19)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.20
 +
|text=:Ses bras sont longs et son corps, entièrement pur,
 +
:Est entouré d’un halo de lumière.
 +
:Sa gorge évoque une conque immaculée
 +
:Et ses joues valent celles du roi des animaux.}} (III, 20)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.21
 +
|text=:Il a quarante dents parfaitement égales,
 +
:Brillantes et bien alignées,
 +
:Pures et de la même taille ;
 +
:Ses canines sont d’une blancheur suprême.}} (III, 21)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.22
 +
|text=:Sa langue longue, infinie, inconcevable,
 +
:Donne un goût suprême à tous les aliments.
 +
:De sa voix de Brahma, le Bouddha parle
 +
:Avec des accents de kalaviṅka.}} (III, 22)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.23
 +
|text=:Il a de beaux yeux pareils à des lotus bleus
 +
:et les cils de la reine des vaches ne valent pas les siens.
 +
:Son beau visage sans défauts s’orne d’un poil-trésor blanc.
 +
:Le haut de son crâne se pare d’un apex et sa peau,
 +
:fine et pure,
 +
:A la couleur de l’or : n’est-il pas suprême entre tous les êtres ?}} (III, 23)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.24
 +
|text=:Chacun de ses poils doux et fins
 +
:S’enroule à droite en poussant vers le haut ;
 +
:Impeccable est sa chevelure bleu foncé comme un précieux saphir ;
 +
:Ses proportions sont parfaites comme celles du banian.}} (III, 24)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.25
 +
|text=:Universellement bon et incomparable, le grand Sage
 +
:A le corps robuste et la force de Nārāyaṇa.
 +
:De ces trente-deux marques inconcevables,
 +
:Notre Instructeur précise qu’elles appartiennent
 +
:aux seigneurs parmi les hommes.}} (III, 25)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.26
 +
|text=:De même qu’en automne on voit la forme de la lune
 +
:Dans un ciel sans nuages comme dans les eaux bleues d’un lac,
 +
:De même, les enfants des Vainqueurs verront la forme
 +
:De l’Omniprésent dans le maṇḍala de la parfaite bouddhéité.}} (III, 26)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.27
 +
|text=:Il faut savoir que ces soixante-quatre qualités,
 +
:Ainsi que les causes de chacune,
 +
:Apparaissent ici dans le même ordre
 +
:Que dans le Soûtra de Ratnadārikā.}} (III, 27)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.28
 +
|text=:Elles sont indestructibles, audacieuses,
 +
:Inégalables et inamovibles,
 +
:Si bien qu’on les compare respectivement
 +
:Au vajra, au lion, à l’espace et au [reflet de] la lune dans l’eau pure.}}
 +
:(III, 28)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.29
 +
|text=:Des dix forces, les six premières éliminent
 +
:Le voile de la connaissance ; les trois suivantes
 +
:Le voile de l’absorption méditative ; et la dernière
 +
:Le voile des affections avec leurs imprégnations :}} (III, 29)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.30
 +
|text=:Comme si elles transperçaient des armures,
 +
:Abattaient des remparts et rasaient des forêts.
 +
:Les forces des Sages sont comparables à des vajras,
 +
:Parce qu’elles sont sûres, essentielles, stables et indestructibles.}} (III, 30)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.31
 +
|text=:Pourquoi sont-elles sûres ? Parce qu’elles sont essentielles.
 +
:Essentielles ? Parce qu’elles sont stables. Stables ?
 +
:Parce qu’elles sont indestructibles. Et comme elles sont
 +
:Indestructibles, on les compare à des vajras.}} (III, 31)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.32
 +
|text=:Impavide, indépendant,
 +
:Stable et parfaitement habile,
 +
:Le lion des sages est tel un lion sans crainte
 +
:Au cœur des assemblées qui se pressent autour de lui.}} (III, 32)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.33
 +
|text=:Comme il connaît tout directement,
 +
:Il reste sans peur en toute occasion,
 +
:Et comme il voit que les êtres qui se sont purifiés
 +
:Eux-mêmes ne le valent point, il reste indépendant.}} (III, 33)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.34
 +
|text=:L’esprit concentré sur tous les phénomènes,
 +
:Il est la stabilité même. Passé très au-delà
 +
:De la terre des imprégnations de l’ignorance,
 +
:Il rayonne de pouvoir créatif.}} (III, 34)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.35
 +
|text=:Les êtres ordinaires, les auditeurs, les bouddhas-par-soi,
 +
:Les sages bodhisattvas et les bouddhas nés d’eux-mêmes,
 +
:Atteignent des états de compréhension de plus en plus subtils
 +
:Qu’illustrent cinq comparaisons :}} (III, 35)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.36
 +
|text=:Comme ils assurent la survie de tous les mondes,
 +
:Ils sont pareils à la terre, à l’eau, au feu et au vent ;
 +
:Comme ils transcendent les caractères mondains
 +
:Et supramondains, ils sont comparables à l’espace.}} (III, 36)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.37
 +
|text=:Ces trente-deux qualités sont autant
 +
:De divisions du corps absolu,
 +
:De même que la lumière, la couleur et la forme
 +
:D’une pierre précieuse n’en sont point séparées.}} (III, 37)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.38
 +
|text=:Elles comblent la vue, ces qualités
 +
:Appelées « trente-deux marques » !
 +
:Elles s’appuient sur le corps d’apparition
 +
:Et le corps de la jouissance parfaite du Dharma.}} (III, 38)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=III.39
 +
|text=:Les éloignés de la pureté et ses proches,
 +
:Les uns dans le monde et les autres dans le maṇḍala d’un vainqueur,
 +
:Voient les corps formels de deux façons
 +
:Comme la forme de la lune dans le ciel
 +
:ou bien de son reflet dans l’eau.}} (III, 39)
 +
 
 +
 
 +
:Ici prend fin le troisième chapitre, « Les Qualités », du Traité de la
 +
:Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des
 +
:Trois Joyaux.
 +
 
 +
 
 +
=== IV - LES ACTIVITÉS ÉVEILLÉES===
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.1
 +
|text=:L’Omniprésent se manifeste toujours spontanément
 +
:Et arrive sur les lieux au moment opportun
 +
:Selon les dispositions du disciple, les moyens de le discipliner
 +
:Et la discipline qu’il convient d’appliquer.}} (IV, 1)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.2
 +
|text=:Riche de tous les joyaux les plus précieux, les qualités,
 +
:l’océan de la sagesse primordiale scintille
 +
:au soleil des mérites et de la sagesse ;
 +
:C’est l’accomplissement définitif de tous les véhicules,
 +
:une immensité dépourvue de centre et de périphérie,
 +
:omniprésente comme l’espace.
 +
:La bouddhéité, trésor des qualités immaculées, apparaît alors
 +
:dans tous les êtres, sans différence entre eux,
 +
:Tandis que se lève le vent de la compassion des bouddhas
 +
:qui déchirera le filet des nuages tissé
 +
:par les voiles émotionnel et cognitif.}} (IV, 2)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.3
 +
|text=:Qui ? Comment ? En appliquant
 +
:Quelle discipline ? Où ? Quand ?
 +
:Comme le Sage n’a pas de ces pensées,
 +
:Son action est toujours spontanée.}} (IV, 3)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.4
 +
|text=:« Qui » renvoie aux dispositions du disciple,
 +
:« Comment » aux moyens de le discipliner,
 +
:« Quelle discipline » à leur application,
 +
:« Où » et « quand » au lieu et à l’instant.}} (IV, 4)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.5
 +
|text=:[Les activités éveillées ne s’interrompent jamais]
 +
:Parce qu’elles ont lieu sans pensées comme celles-ci
 +
:La libération définitive, son point d’appui,
 +
:Son fruit, les êtres pris en charge,
 +
:Les voiles et la condition de leur élimination.}} (IV, 5)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.6
 +
|text=:Les dix terres sont la voie de la libération définitive
 +
:Dont les deux accumulations forment la cause.
 +
:Le fruit alors atteint est l’Éveil suprême
 +
:Qui prend en charge l’Éveil au cœur des êtres.}} (IV, 6)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.7
 +
|text=:Les innombrables affections principales et secondaires,
 +
:Ainsi que leurs imprégnations, forment un voile.
 +
:La condition qui à tout moment détruit
 +
:[Les affections] est la grande compassion.}} (IV, 7)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.8
 +
|text=:Voici six points dont vous saurez qu’ils comparent
 +
:[Le processus des activités] à l’océan,
 +
:Puis au soleil, ensuite à l’espace, à un trésor,
 +
:Aux nuages et enfin au vent.}} (IV, 8)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.9
 +
|text=:Les terres [des bodhisattvas] sont comparables à l’océan
 +
:Parce qu’on y trouve l’eau de la sagesse et les joyaux des qualités.
 +
:Les deux accumulations ressemblent au soleil
 +
:Parce qu’elles sustentent tous les êtres.}} (IV, 9)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.10
 +
|text=:L’Éveil est pareil à l’élément espace
 +
:Parce qu’il est immense et n’a ni bords ni centre.
 +
:On compare l’Élément des êtres à un trésor
 +
:Parce qu’il a pour nature la bouddhéité authentique et parfaite.}} (IV, 10)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.11
 +
|text=:Les affections évoquent les nuages parce qu’elles ne durent pas,
 +
:Enveloppent toute chose et manquent de solidité.
 +
:Enfin, la compassion est comparable à un vent irrésistible
 +
:Parce qu’elle se tient prête à disperser [les affections].}} (IV, 11)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.12
 +
|text=:Les activités ne s’interrompront pas tant que le saṃsāra durera
 +
:Parce que les bouddhas se libèrent avec le concours des autres,
 +
:Parce qu’ils voient que tous les êtres sont leurs égaux
 +
:Et parce que leur œuvre est inachevée.}} (IV, 12)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.13
 +
|text=:Le Tathāgata est comparable à Indra,
 +
:Au tambour [des dieux], à un nuage,
 +
:À Brahma, au soleil, à un précieux joyau,
 +
:À l’écho, à l’espace et à la terre.}} (IV, 13)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.14
 +
|text=:Si le sol prenait l’aspect
 +
:Du lapis-lazuli le plus pur,
 +
:Cette pureté permettrait de voir
 +
:Le seigneur des dieux parmi les jeunes déesses,}} (IV, 14)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.15
 +
|text=:Le splendide palais de la Victoire Absolue
 +
:Et d’autres divins séjours agrémentés
 +
:De bâtisses magnifiques, ainsi que les objets
 +
:Divins les plus divers.}} (IV, 15)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.16
 +
|text=:À la vue de ces apparences,
 +
:Les hommes et les femmes
 +
:Qui peuplent la terre
 +
:Forment le souhait}} (IV, 16)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.17
 +
|text=:D’être comme le seigneur
 +
:Des dieux avant longtemps.
 +
:Pour y parvenir, ils adoptent
 +
:La vertu et s’y tiennent pour de bon.}} (IV, 17)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.18
 +
|text=:Même s’ils ignorent
 +
:Que ce n’est là qu’une apparence,
 +
:Leurs actes vertueux leur permettront
 +
:De quitter la terre pour renaître chez les dieux.}} (IV, 18)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.19
 +
|text=:Et même si cette apparence n’a absolument
 +
:Aucune pensée et que rien ne l’ébranle,
 +
:Il faut bien admettre que, sur la terre,
 +
:Elle est de la plus grande utilité.}} (IV, 19)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.20
 +
|text=:Ainsi, les êtres dont la foi et les autres qualités
 +
:Ne sont pas souillées mais dûment cultivées
 +
:Verront mentalement le parfait Bouddha,
 +
:Paré des marques majeures et mineures,}} (IV, 20)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.21
 +
|text=:Marcher, rester debout,
 +
:S’asseoir et s’allonger,
 +
:Se livrer aux activités les plus variées,
 +
:Enseigner la vérité de la paix,}} (IV, 21)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.22
 +
|text=:Se taire et méditer avant de manifester
 +
:Des prodiges en tout genre
 +
:Ces êtres verront ces hauts faits
 +
:Dans leur majestueux éclat.}} (IV, 22)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.23
 +
|text=:Ce qu’ayant vu, ils aspireront
 +
:À la « bouddhéité » et s’y appliqueront.
 +
:Ils adopteront les causes de l’état
 +
:Auquel ils aspirent et ils l’atteindront.}} (IV, 23)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.24
 +
|text=:Car, même si cette apparence n’a absolument
 +
:Aucune pensée et que rien ne l’ébranle,
 +
:Il faut bien admettre que, dans le monde,
 +
:Elle est de la plus grande utilité.}} (IV, 24)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.25
 +
|text=:Les êtres ordinaires ne savent pas que cette vision
 +
:Est une perception au sein de leur propre esprit.
 +
:Cependant, la vue de ces formes
 +
:Leur procurera de grands bienfaits.}} (IV, 25)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.26
 +
|text=:Petit à petit, les êtres qui s’en tiennent
 +
:À ce véhicule-ci verront, du fait de cette vision,
 +
:Le suprême corps absolu à l’intérieur d’eux-mêmes
 +
:Avec l’œil de la sagesse primordiale.}} (IV, 26)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.27
 +
|text=:Si la terre, débarrassée de tous ses lieux inquiétants,
 +
:Prenait la belle clarté d’un pur lapis, si elle devenait lisse
 +
:et présentait les perfections d’un joyau,
 +
:Elle serait si pure que les divers séjours divins
 +
:et la forme des dieux et de leur seigneur pourraient s’y refléter.
 +
:Mais peu à peu le sol perdrait ces qualités,
 +
:et les reflets dont il se parait disparaîtraient.}} (IV, 27)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.28
 +
|text=:Pour atteindre l’état d’Indra, les hommes et les femmes suivraient
 +
:les préceptes d’un jour et les règles de conduite. Ils opteraient
 +
:pour le don et les autres vertus
 +
:Et, formant de pieux souhaits, ils prieraient en répandant des fleurs
 +
:et [en s’adonnant à d’] autres [dévotions]. (IV, 28ab)
 +
 
 +
 
 +
:De même, pour atteindre l’état du Seigneur des Sages
 +
:qui apparaît dans leur l’esprit pareil à un pur lapis-lazuli,
 +
:Pleins d’une douce allégresse, les enfants des Vainqueurs
 +
:engendrent l’esprit d’Éveil. (IV, 28cd)}}
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.29
 +
|text=:De même que sur le sol pur en lapis-lazuli
 +
:Apparaît le reflet du seigneur des dieux,
 +
:Sur le sol pur de l’esprit des êtres,
 +
:Apparaît le reflet du Seigneur des Sages.}} (IV, 29)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.30
 +
|text=:L’apparition ou la disparition de ces reflets dans le monde des êtres
 +
:Se produit en fonction de l’état clair ou trouble de l’esprit de chacun.
 +
:De même que les reflets [d’Indra]
 +
:qui apparaissent dans le monde,
 +
:Il ne faut pas voir [les apparences du Bouddha]
 +
:comme si elles étaient et qu’elles ne sont plus.}} (IV, 30)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.31
 +
|text=:Ainsi, chez les dieux, par le pouvoir
 +
:Des actes blancs de leurs vies antérieures,
 +
:Sans effort ni lieu [d’origine], sans esprit
 +
:Ni forme, et sans la moindre pensée,}} (IV, 31)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.32
 +
|text=:Le tambour du Dharma exhorte encore
 +
:Et toujours les dieux insouciants,
 +
:Au son des mots : impermanence,
 +
:Souffrance, irréalité du soi et paix.}} (IV, 32)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.33
 +
|text=:De même, l’Omniprésent est libre de l’effort
 +
:Et des quatre autres points mais, de sa parole éveillée,
 +
:Il imprègne tous les êtres sans exception
 +
:Et enseigne le Dharma aux êtres fortunés.}} (IV, 33)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.34
 +
|text=:De même que le son du tambour
 +
:Des dieux émane de leurs actes,
 +
:De même, les enseignements que le Sage
 +
:A prodigués au monde émanent des actes de chacun. (IV, 34)
 +
 
 +
 
 +
:De même que sans effort, sans lieu, sans corps
 +
:Et sans esprit, le son du tambour établit la paix,
 +
:De même, sans effort, sans lieu, sans corps
 +
:Et sans esprit, ces enseignements établissent la paix.}} (IV, 35)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.35
 +
|text=:De même que dans la ville des dieux, le son du tambour
 +
:leur insuffle le don de l’intrépidité
 +
:Lorsque, sous l’effet de leurs affections, les dieux se jettent
 +
:dans la mêlée pour vaincre les antidieux ; et de même, encore,
 +
:que le tambour met fin à leurs jeux,
 +
:De même, dans notre monde, la concentration
 +
:du Sans-Forme et les autres vertus concourent à la cause
 +
:De l’expression de la voie suprême, laquelle écrase les affections
 +
:qui torturent les êtres tout en apaisant leurs souffrances.}} (IV, 36)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.36
 +
|text=:Universelle, bénéfique, source de bonheur,
 +
:Dotée du pouvoir des trois prodiges,
 +
:La voix du Sage est éminemment
 +
:Supérieure aux cymbales des dieux.}} (IV, 37)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.37
 +
|text=:Dans le monde des dieux, le son puissant du tambour
 +
:Ne tombe pas jusqu’aux oreilles des terriens.
 +
:Le tambour de la voix d’un bouddha résonne
 +
:Jusqu’aux mondes souterrains du saṃsāra.}} (IV, 38)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.38
 +
|text=:Dans le monde des dieux, les cymbales sonnent
 +
:Par millions pour exacerber les flammes du désir.
 +
:Les incarnations de la compassion n’ont qu’une seule voix
 +
:Qui fait tout pour éteindre à jamais les flammes de la souffrance.}}
 +
:(IV, 39)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.39
 +
|text=:Dans le monde des dieux, le son des cymbales dont la beauté se double
 +
:D’un charme exquis augmente l’agitation mentale habituelle.
 +
:La parole des tathāgatas, compassion incarnée, incite
 +
:À réfléchir et à méditer jusqu’au recueillement profond.}} (IV, 40)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.40
 +
|text=:En bref, dans toutes les sphères du monde sans aucune exception,
 +
:Chez les dieux comme ici-bas, toutes les matières à bonheur
 +
:Reposent entièrement, dit-on, sur cette voix mélodieuse
 +
:Que l’on perçoit, omniprésente, dans absolument tous les mondes.}}
 +
:(IV, 41)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.41
 +
|text=:De même que les malentendants
 +
:Ne perçoivent pas les sons subtils
 +
:Et que l’oreille divine elle-même
 +
:N’entend pas tous les sons, (IV, 42)
 +
 
 +
 
 +
:De même, les enseignements les plus subtils
 +
:Relèvent de la sagesse primordiale, fine aussi,
 +
:Mais ils atteindront seulement les oreilles
 +
:D’une poignée de sages libres d’affections.}} (IV, 43)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.42
 +
|text=:De même qu’en été les nuages
 +
:Sont des gages d’abondantes récoltes
 +
:Quand ils s’abattent sans effort
 +
:En trombes d’eau sur la terre,}} (IV, 44)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.43
 +
|text=:De même, des nuages de la compassion
 +
:Tombe sans la moindre pensée
 +
:La pluie des saints enseignements du Vainqueur
 +
:Qui promet aux êtres des moissons de vertus.}} (IV, 45)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.44
 +
|text=:De même que, le monde prenant le chemin de la vertu,
 +
:Les nuages nés du vent se répandent en pluies,
 +
:De même, pour accroître les vertus d’un monde
 +
:où souffle le vent de l’amour,
 +
:Des nuages de la bouddhéité tombe la pluie du vrai Dharma.}} (IV, 46)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.45
 +
|text=:Plein de connaissance et d’amour pour le monde,
 +
:Il trône au centre de l’espace, inaltéré par le changeant et l’immuable.
 +
:Les nuages du Seigneur des Sages, qui consistent en l’eau pure
 +
:des recueillements et des formules de mémoire,
 +
:Produiront des moissons de vertus.}} (IV, 47)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.46
 +
|text=:Fraîche, agréable, douce et légère,
 +
:L’eau qui tombe des nuages
 +
:Se charge d’un grand nombre de saveurs,
 +
:Comme le salé, au contact de la terre. (IV, 48)
 +
 
 +
 
 +
:De même, la pluie de l’octuple sentier des êtres sublimes
 +
:Qui jaillit des immenses nuées de la compassion
 +
:Aura autant de goûts différents
 +
:Qu’il y a de formes d’esprit chez les êtres.}} (IV, 49)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.47
 +
|text=:Ceux qui ont foi dans le véhicule suprême,
 +
:Ceux qui restent neutres et ceux qui lui sont hostiles
 +
:Forment trois groupes d’êtres comparables
 +
:À des êtres humains, des paons et des prétas}} (IV, 50)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.48
 +
|text=:À la fin du printemps, les hommes et les oiseaux
 +
:qui ne volent pas souffrent de l’absence des nuages,
 +
:Alors que les prétas pâtissent des pluies d’été qui s’abattent sur la terre.
 +
:De même, suivant que, des nuées de la compassion,
 +
:l’eau des enseignements jaillit ou non,
 +
:Ceux qui, dans les mondes, aspirent au Dharma
 +
:et ceux qui lui sont hostiles correspondent
 +
:aux éléments de la comparaison.}} (IV, 51)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.49
 +
|text=:Quand s’abattent sur la terre de grosses gouttes de pluie,
 +
:des pierres brûlantes ou des flammes de diamant,
 +
:Les nuages ne se soucient pas plus des petites bêtes
 +
:que de celles qui se sont réfugiées dans la montagne.
 +
:Les gouttes, des plus petites aux plus grosses,
 +
:qui tombent des nuages de l’amour et de la connaissance
 +
:Ne se soucient absolument pas des affections qu’elles purifient
 +
:ni de la tendance à voir un soi.}} (IV, 52)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.50
 +
|text=:Dans le cercle sans commencement des morts et des renaissances,
 +
:les êtres suivent cinq voies
 +
:Mais, de même qu’il n’y a pas de bonnes odeurs dans les excréments,
 +
:il n’y a jamais de bonheur dans les cinq destinées.
 +
:Cette souffrance permanente née de la rencontre
 +
:avec les armes, le feu, le sel et d’autres supplices encore
 +
:S’apaise quand, des nuées de la compassion, tombe
 +
:une abondante pluie de vrai Dharma.}} (IV, 53)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.51
 +
|text=:Comme ils ont compris que les dieux souffraient de la déchéance
 +
:[qui suit leur mort] et les hommes de la quête effrénée [du plaisir],
 +
:Les sages n’aspirent pas aux suprêmes pouvoirs des dieux
 +
:et des hommes.
 +
:Grâce à la connaissance supérieure et aux paroles du Tathāgata
 +
:qu’ils ont suivies avec foi,
 +
:Ils voient avec sagesse que « ceci est la souffrance,
 +
:cela en est la cause, et cela la cessation ».}} (IV, 54)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.52
 +
|text=:De même qu’il faut reconnaître la maladie et en éliminer la cause
 +
:En prenant des remèdes qui rétabliront la santé,
 +
:Il faut reconnaître la souffrance, en éliminer la cause
 +
:Et réaliser sa cessation en empruntant la voie.}} (IV, 55)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.53
 +
|text=:De même que, sans quitter son palais,
 +
:Brahma manifeste des apparences
 +
:De lui-même dans tous les lieux divins
 +
:Sans fournir le moindre effort,}} (IV, 56)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.54
 +
|text=:De même, sans quitter le corps absolu
 +
:Et sans effort, le Sage montre des apparences
 +
:De lui-même dans toutes les sphères
 +
:Aux êtres assez fortunés pour cela.}} (IV, 57)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.55
 +
|text=:De même que, sans jamais quitter son palais,
 +
:Brahma se manifeste dans le monde du Désir
 +
:À la vue des dieux et qu’à cette vision, ces derniers
 +
:se détournent des objets [de plaisir],
 +
:De même, sans quitter le corps absolu, le Bien-Allé s’introduit
 +
:dans toutes les sphères du monde
 +
:Où les êtres fortunés le voient, et cette vision leur permet
 +
:d’éliminer toutes leurs souillures à jamais.}} (IV, 58)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.56
 +
|text=:Par le pouvoir de ses propres souhaits antérieurs
 +
:Et celui des actes vertueux des êtres divins,
 +
:Brahma se manifeste sans effort. De même en est-il
 +
:Pour les corps d’apparition de celui qui est né de lui-même.}} (IV, 59)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.57
 +
|text=:Le départ [de Tuṣita], l’entrée dans la matrice, la naissance,
 +
:l’arrivée au palais de son père,
 +
:Les jeux de l’amour, la quête solitaire, le triomphe sur Māra,
 +
:L’obtention de l’Éveil le plus grand
 +
:et l’art de guider sur la voie de la paix
 +
:Quand il eut tout montré, le Sage disparut
 +
:de la vue des êtres infortunés.}} (IV, 60)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.58
 +
|text=:Le soleil brûle tout. Au même instant, le lotus et d’autres fleurs
 +
:S’ouvrent tandis que le nénuphar blanc se referme.
 +
:Ces [fleurs] nées de l’eau ont la qualité de s’ouvrir
 +
:et le défaut de se refermer,
 +
:Mais l’astre n’y pense pas : de même le soleil de l’être sublime.}} (IV, 61)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.59
 +
|text=:De même que, sans y penser,
 +
:En émettant soudain sa lumière,
 +
:Le soleil fait s’ouvrir les lotus
 +
:Et mûrir d’autres [plantes],}} (IV, 62)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.60
 +
|text=:De même, les rayons de vrai Dharma
 +
:Du soleil du Tathāgata
 +
:S’infiltrent sans la moindre pensée
 +
:Dans les lotus des êtres qu’il peut aider.}} (IV, 63)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.61
 +
|text=:Avec le corps absolu et les corps formels,
 +
:Le soleil de l’Omniscient qui s’élève
 +
:Dans l’espace de la quintessence de l’Éveil
 +
:Darde ses rayons de sagesse sur les êtres.}} (IV, 64)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.62
 +
|text=:Tous les êtres sensibles au Dharma du Bien-Allé
 +
:Sont comparables à des coupes d’eau pure
 +
:Où les innombrables reflets du soleil du Bouddha
 +
:Apparaissent tous au même instant.}} (IV, 65)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.63
 +
|text=:Au cœur de l’espace de la dimension absolue
 +
:Qui tout embrasse à jamais,
 +
:Le soleil du Bouddha brille sur les montagnes
 +
:Des disciples à proportion de leurs mérites.}} (IV, 66)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.64
 +
|text=:De même qu’en se levant le soleil répand sa lumière immense
 +
:Et ses rayons par milliers en éclairant tout
 +
:dans les mondes avant de se poser
 +
:Par paliers sur les montagnes les plus hautes,
 +
:les moyennes et enfin les plus basses,
 +
:De même, le soleil du Vainqueur brille progressivement
 +
:sur tous les êtres.}} (IV, 67)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.65
 +
|text=:Le soleil ne rayonne pas jusqu’au fond de l’espace dans tous les univers
 +
:Et il ne peut même pas montrer le sens d’un objet
 +
:retenu sous les ténèbres de l’ignorance.
 +
:La compassion incarnée éclaire tout et montre aux êtres
 +
:le sens des choses
 +
:Avec des lumières rayonnant de toutes les couleurs.}} (IV, 68)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.66
 +
|text=:Quand le Bouddha se rend au village, les individus
 +
:privés de la vue voient.
 +
:Libérés de toute chose insensée, ils voient le sens et,
 +
:mieux, ils l’éprouvent.
 +
:Aveuglés par l’ignorance, les êtres aux prises avec l’océan des existences
 +
:sont enveloppés par les ténèbres des vues fausses,
 +
:Mais, à la lumière du soleil d’un bouddha, ils verront
 +
:ce que leur esprit ne pouvait pas voir jusque-là.}} (IV, 69)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.67
 +
|text=:De même que le Joyau magique,
 +
:Exauce chacun de tous les désirs
 +
:De ceux qui se trouvent dans sa sphère
 +
:Instantanément et sans y penser,}} (IV, 70)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.68
 +
|text=:De même, quand ceux dont les désirs diffèrent
 +
:S’en remettent au Joyau magique du Bouddha,
 +
:Ils entendent toute une variété d’enseignements
 +
:Dont le Bouddha n’a pas conçu le moindre.}} (IV, 71)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.69
 +
|text=:De même que le Joyau magique procure
 +
:Sans effort ni pensée les richesses désirées,
 +
:Le Sage restera dans le monde tant que celui-ci durera,
 +
:Pour le bien des autres, sans effort
 +
:et à proportion de leurs mérites.}} (IV, 72)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.70
 +
|text=:De même que, pour qui le désire en ce monde,
 +
:Il est difficile de trouver le bon Joyau dans l’océan ou sous la terre,
 +
:Il faut de même savoir que, pour l’infortuné
 +
:dont l’esprit est pris par les affections,
 +
:La vision du Bouddha est chose difficile.}} (IV, 73)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.71
 +
|text=:De même que le son de l’écho,
 +
:Qui jaillit de la perception des êtres
 +
:N’a pas de pensées, n’est pas fabriqué
 +
:Et ne se tient pas plus dedans que dehors,}} (IV, 74)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.72
 +
|text=:De même, la parole des bouddhas,
 +
:Qui jaillit de la perception des êtres,
 +
:N’a pas de pensées, n’est pas fabriquée
 +
:Et ne se tient pas plus dedans que dehors.}} (IV, 75)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.73
 +
|text=:Immatériel, inapparent,
 +
:Introuvable, sans appui,
 +
:Bien au-delà du visible,
 +
:Sans forme, impossible à montrer,}} (IV, 76)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.74
 +
|text=:Et pourtant vu là-haut ou là-bas,
 +
:L’espace n’est ni haut ni bas.
 +
:De même, le Bouddha n’est pas
 +
:Comme tout ce que l’on peut voir de lui.}} (IV, 77)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.75
 +
|text=:De même que tout ce qui naît de la terre
 +
:Prend appui sur la terre, qui n’a pas de pensées,
 +
:Pour croître, se renforcer et s’épanouir,}} (IV, 78)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.76
 +
|text=:De même, prenant appui sur la terre
 +
:Du parfait Bouddha, laquelle n’a pas de pensées,
 +
:Les racines de bien des êtres
 +
:Croîtront toutes sans exception.}} (IV, 79)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.77
 +
|text=:Comme on n’a jamais vu d’activité
 +
:S’accomplir sans le moindre effort,
 +
:Neuf exemples ont été enseignés
 +
:Pour trancher les doutes des disciples.}} (IV, 80)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.78
 +
|text=:Ces neuf exemples
 +
:Ont été présentés en détail
 +
:Dans un soûtra dont le nom
 +
:Seul évoque le propos.}} (IV, 81)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.79
 +
|text=:Parés de l’immense éclat lumineux
 +
:De la connaissance issue de l’étude,
 +
:Les sages accéderont vite à toutes
 +
:Les sphères d’activité des bouddhas.}} (IV, 82)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.80
 +
|text=:Le reflet d’Indra sur un sol de lapis-lazuli
 +
:Et huit autres exemples
 +
:Ont été donnés à cette fin,
 +
:Dont on retiendra le résumé :}} (IV, 83)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.81
 +
|text=:Apparition, parole, omniprésence,
 +
:Manifestation, rayonnement de la sagesse,
 +
:Secrets de l’esprit, de la parole et du corps,
 +
:Et obtention d’une nature compatissante.}} (IV, 84)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.82
 +
|text=:L’esprit éveillé, où tous les flots de l’effort
 +
:Se sont calmés, n’a aucune pensée
 +
:Comme l’apparition du reflet d’Indra sur le sol
 +
:De lapis-lazuli immaculé et ainsi de suite.}} (IV, 85)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.83
 +
|text=:L’apaisement de l’effort constitue la thèse ;
 +
:L’absence de pensées dans l’esprit, la preuve ;
 +
:Et pour l’indiscutable conclusion du sujet de discussion,
 +
:Le reflet d’Indra et les huit autres comparaisons.}} (IV, 86)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.84
 +
|text=:Voici le sens du présent chapitre
 +
:L’apparition et les huit autres cas
 +
:Opèrent sans que l’Instructeur, libre de la naissance
 +
:Et de la mort, ne fasse d’efforts.}} (IV, 87)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.85
 +
|text=:Ce qui, tant que dure le monde, accomplit le bien des autres
 +
:Sans effort – comme Indra, le tambour, les nuages,
 +
:Brahma, le soleil, le précieux roi des Joyaux magiques,
 +
:L’écho, l’espace et la terre –, tout cela, les yogis le connaissent.}} (IV, 88)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.86
 +
|text=:[L’Instructeur] est comparable au reflet d’Indra
 +
:dans une pierre précieuse.
 +
:Comme le tambour des dieux, il excelle à instruire.
 +
:Les nuées d’amour et de connaissance de l’omniprésent seigneur
 +
:Enveloppent l’infinité des êtres jusqu’au sommet du devenir.}} (IV, 89)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.87
 +
|text=:Tel Brahma, il se manifeste dans de multiples apparitions
 +
:sans quitter son séjour immaculé.
 +
:Comme le soleil, il rayonne de l’éclat de la sagesse
 +
:Et son esprit éveillé ressemble au très pur
 +
:et très précieux Joyau magique.}} (IV, 90)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.88
 +
|text=:Comme l’écho, la parole des Vainqueurs se passe de mots.
 +
:Semblable à l’espace, leur corps est omniprésent,
 +
:dépourvu de forme et permanent.
 +
:Pareil à la terre, le niveau de bouddha est toujours
 +
:Le fondement de tous les remèdes favorisant
 +
:les qualités pures des êtres.}} (IV, 91)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.89
 +
|text=:La cause de la vision d’un bouddha n’est autre
 +
:Qu’un esprit qui a la pureté du lapis-lazuli.
 +
:Cette pureté vient du pouvoir accru
 +
:D’une confiance irréversible.}} (IV, 92)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.90
 +
|text=:La vertu apparaissant et disparaissant,
 +
:La forme des bouddhas apparaît et disparaît.
 +
:Comme Indra, le corps absolu du Sage
 +
:N’apparaît ni ne disparaît.}} (IV, 93)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.91
 +
|text=:Ainsi, tant que le monde durera,
 +
:[Le Sage] apparaîtra et exercera ses activités
 +
:Sans effort à partir du corps absolu
 +
:Qui ignore la naissance et la cessation.}} (IV, 94)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.92
 +
|text=:Ce résumé des activités en neuf comparaisons
 +
:Est donné dans un ordre tel
 +
:Que les inexactitudes d’une comparaison
 +
:N’apparaissent plus dans la suivante.}} (IV, 95)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.93
 +
|text=:Le Bouddha est comparable à un reflet
 +
:Mais il en diffère car les reflets n’ont pas de voix.
 +
:Il est comparable au tambour des dieux mais en diffère
 +
:Parce que les tambours ne font pas le bien en tout lieu.}} (IV, 96)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.94
 +
|text=:Il est comparable à un grand nuage mais en diffère
 +
:Parce que les nuages n’éliminent pas les graines inutiles.
 +
:Il est comparable au Grand Brahma mais en diffère
 +
:Parce que Brahma ne fait pas mûrir à jamais.}} (IV, 97)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.95
 +
|text=:Il est comparable au soleil mais en diffère
 +
:Parce que le soleil ne vainc pas les ténèbres une bonne fois pour toutes.
 +
:Il est comparable au Joyau magique mais en diffère
 +
:Parce qu’il n’est pas difficile de trouver ce joyau.}} (IV, 98)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.96
 +
|text=:Il est comparable à l’écho mais en diffère
 +
:Parce que l’écho est un phénomène conditionné.
 +
:Il est comparable à l’espace mais en diffère
 +
:Parce que l’espace n’est pas le terrain des vertus.}} (IV, 99)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.97
 +
|text=:Comme il forme le fondement où se tiennent
 +
:Toutes les perfections mondaines
 +
:Et supramondaines sans la moindre exception,
 +
:On le compare au cercle de la terre.}} (IV, 100)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=IV.98
 +
|text=:Comme la voie supramondaine se présente
 +
:Par le fait de l’Éveil des bouddhas,
 +
:La voie des actes vertueux, les concentrations,
 +
:Les immensurables et le Sans-Forme se présentent aussi.}} (IV, 101)
 +
 
 +
 
 +
:Ici prend fin le quatrième chapitre, « Les Activités éveillées des tathāgatas »
 +
:du Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation
 +
:spirituelle des Trois Joyaux.
 +
 
 +
 
 +
=== V - LES BIENFAITS DU PRÉSENT ENSEIGNEMENT===
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.1
 +
|text=:L’Élément des bouddhas, l’Éveil des bouddhas,
 +
:Les qualités des bouddhas et les activités des bouddhas
 +
:Sont inconcevables même pour les êtres purs.
 +
:Ils relèvent de la sphère de nos guides.}} (V, 1)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.2
 +
|text=:Les sages qui aspirent au domaine des Vainqueurs
 +
:Seront les réceptacles de toutes les qualités éveillées ;
 +
:Comme toutes ces inconcevables qualités les réjouissent,
 +
:Leurs mérites éclipsent ceux de tous les autres êtres.}} (V, 2)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.3
 +
|text=:Imaginez un être attiré par l’Éveil qui offrirait constamment
 +
:aux souverains du Dharma,
 +
:Jour après jour, des champs d’or incrustés de joyaux
 +
:en nombre égal aux atomes de tous les champs de bouddhas.
 +
:Imaginez maintenant un autre être qui n’aurait entendu
 +
:qu’un seul mot [du présent traité] et qu’en l’entendant il y ait cru
 +
:Cet être en tirera beaucoup plus de mérites qu’on en tirera
 +
:de la vertu de générosité [ci-dessus évoquée].}} (V, 3)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.4
 +
|text=:Il y a des êtres intelligents qui, aspirant à l’Éveil suprême,
 +
:observent sans effort,
 +
:Durant d’innombrables ères, une parfaite discipline
 +
:du corps, de la parole et de l’esprit ;
 +
:Et il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot
 +
:[du présent traité] et qui, l’entendant, y croient
 +
:Ces derniers en tireront beaucoup plus de mérites
 +
:qu’on en tirera de la vertu de discipline [ci-dessus évoquée].}} (V, 4)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.5
 +
|text=:Il y a ici-bas des individus qui pratiquent les concentrations
 +
:qui éteignent le feu des affections dans les trois mondes,
 +
:Et, arrivés au terme du domaine des dieux et de Brahma,
 +
:cultivent les immuables méthodes de l’Éveil parfait.
 +
:Il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot
 +
:[du présent traité] et qui, l’entendant, y croient
 +
:Ceux-là en tireront beaucoup plus de mérites
 +
:qu’on en tirera de la vertu de concentration [ci-dessus évoquée].}} (V, 5)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.6
 +
|text=:La générosité ne fait qu’assurer les richesses matérielles ;
 +
:La discipline ne conduit qu’à une renaissance heureuse ;
 +
:Et la méditation ne peut que repousser les affections
 +
:La connaissance les surpasse toutes parce qu’elle élimine
 +
:les voiles émotionnel et cognitif, et qu’elle a pour cause
 +
:la présente étude.}} (V, 6)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.7
 +
|text=:La base, sa transformation, ses qualités
 +
:Et le bien qu’elle accomplit : ces quatre objets
 +
:De la connaissance des Vainqueurs
 +
:Ont été expliqués dans le présent traité.}} (V, 7)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.8
 +
|text=:Les êtres intelligents, confiants dans l’existence,
 +
:Les capacités et les qualités de cette base,
 +
:Auront sans tarder la bonne fortune
 +
:D’atteindre l’état de tathāgata.}} (V, 8)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.9
 +
|text=:« Cet objet inconcevable existe bien ;
 +
:Mes semblables et moi, nous pouvons l’atteindre ;
 +
:Le fait de l’atteindre possède telles et telles excellences »
 +
:Ces êtres sont animés d’une aspiration dictée par la foi,}} (V, 9)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.10
 +
|text=:Et l’esprit d’Éveil – réceptacle de détermination,
 +
:De persévérance, de mémoire, de concentration,
 +
:De connaissance et d’autres qualités encore –
 +
:Les accompagne toujours.}} (V, 10)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.11
 +
|text=:Comme [l’esprit d’Éveil] les accompagne toujours,
 +
:Les enfants des Vainqueurs ne régressent jamais.
 +
:Ils accomplissent les vertus liées aux mérites
 +
:Et les conduisent à leur pleine pureté.}} (V, 11)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.12
 +
|text=:Ils n’ont aucune idée des trois pôles de l’acte
 +
:Quand ils s’adonnent aux cinq vertus liées aux mérites,
 +
:Si bien que pour parfaire et purifier,
 +
:Il leur suffit d’écarter les facteurs contraires.}} (V, 12)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.13
 +
|text=:Le mérite né du don, c’est la générosité,
 +
:Et le mérite né de la moralité, la discipline ;
 +
:La patience et la concentration sont toutes deux
 +
:des effets de la méditation.
 +
:La persévérance peut s’appliquer à toutes.}} (V, 13)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.14
 +
|text=:La pensée qu’un acte ait trois pôles
 +
:Peut définir le voile cognitif.
 +
:De l’avarice et des autres pensées,
 +
:On dit qu’elles forment le voile émotionnel.}} (V, 14)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.15
 +
|text=:Il n’y a que la connaissance qui puisse
 +
:Éliminer les deux voiles. C’est pourquoi
 +
:La connaissance est suprême.
 +
:Sa racine étant l’étude, l’étude est suprême aussi.}} (V, 15)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.16
 +
|text=:J’ai donné ces explications en m’aidant de textes
 +
:et de raisonnements dignes de confiance
 +
:Dans la seule intention de me purifier moi-même.
 +
:Je l’ai fait aussi pour prendre soin des êtres dont l’intelligence
 +
:Est dotée de la parfaite vertu de l’aspiration.}} (V, 16)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.17
 +
|text=:De même qu’à la lumière d’une lampe, d’un éclair, d’un joyau,
 +
:Du soleil ou de la lune, ceux qui ont des yeux voient,
 +
:De même, j’ai donné toutes ces explications par la grâce du Sage
 +
:qui répand sa lumière
 +
:Sur les enseignements, leur sens, leur expression verbale
 +
:et l’assurance du discours.}} (V, 17)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.18
 +
|text=:Une parole pourvue d’un sens et liée au Dharma
 +
:Qui tend à chasser les affections des trois mondes
 +
:Et montre les bienfaits de la paix : telle est
 +
:La parole du grand Sage. Ses contraires sont autres.}} (V, 18)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.19
 +
|text=:Ce que, relevant uniquement des enseignements du Vainqueur,
 +
:Un esprit libre de distraction explique
 +
:En accord avec la voie qui mène à la libération,
 +
:On le porte au sommet de sa tête comme la parole du Sage.}} (V, 19)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.20
 +
|text=:Personne au monde n’est plus sage que le Vainqueur,
 +
:Nul autre que lui n’a l’omniscience qui connaît avec exactitude
 +
:la totalité des choses et leur suprême réalité.
 +
:Aussi ne faut-il pas mélanger les soûtras disposés par le Sage lui-même
 +
:Car, en détruisant la méthode du Sage,
 +
:on nuirait gravement au vrai Dharma.}} (V, 20)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.21
 +
|text=:Avec leurs vues d’attachement, les ignorants
 +
:qu’aveuglent leurs affections
 +
:Bafouent les êtres sublimes et dénigrent leurs enseignements.
 +
:N’allez donc pas souiller votre esprit à ces vues d’attachement
 +
:On teinte le tissu propre et non les tissus tachés de graisse.}} (V, 21)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.22
 +
|text=:Le manque d’intelligence comme d’aspiration à la vertu,
 +
:le maintien d’une fierté mal placée,
 +
:Une nature obscurcie par la pauvreté en vrai Dharma,
 +
:la confusion du sens provisoire et du sens définitif,
 +
:L’appât du gain, le pouvoir des opinions, la fréquentation
 +
:de ceux qui déprécient le Dharma,
 +
:L’éloignement des détenteurs du Dharma et le manque d’aspiration
 +
:voilà dix raisons qui privent de l’enseignement
 +
:des Destructeurs de l’Ennemi.}} (V, 22)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.23
 +
|text=:Plus que le feu, le poison d’un terrible serpent, l’assassin ou la foudre,
 +
:Les sages craindront le déclin des enseignements profonds.
 +
:Le feu, le serpent, l’ennemi et la foudre ne font que prendre la vie ;
 +
:Ils ne conduisent pas dans l’effroyable destinée
 +
:des Tourments Insurpassables.}} (V, 23)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.24
 +
|text=:L’individu qui, influencé par ses fréquentations malsaines,
 +
:a eu de mauvaises pensées à l’endroit du Bouddha,
 +
:A commis l’inadmissible en tuant son père, sa mère ou un arhat,
 +
:et qui crée un schisme dans l’assemblée suprême,
 +
:Celui-là aussi s’affranchira vite de ces [crimes]
 +
:dès lors qu’il réfléchira vraiment à l’essence du réel.
 +
:Mais comment se libérera celui qui hait le Dharma ?}} (V, 24)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.25
 +
|text=:Par les vertus que j’ai acquises en expliquant correctement
 +
:les sept points du présent traité –
 +
:Les Trois Joyaux, l’Élément purifié, l’Éveil immaculé,
 +
:les qualités et les activités éveillées –,
 +
:Puissent les êtres voir le sage Amitāyus, détenteur de l’infinie lumière,
 +
:Et, l’ayant vu, atteindre l’Éveil suprême
 +
:grâce à la pureté de l’œil du Dharma !}} (V, 25)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.26
 +
|text=:Quatre strophes expliquent
 +
:Sur quelle base, pour quelles raisons,
 +
:Sur quel mode a lieu l’explication,
 +
:Ce qui en est l’objet et ce qui lui correspond.}} (V, 26)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.27
 +
|text=:Deux strophes enseignent les moyens
 +
:De se purifier soi-même. Une strophe
 +
:Donne les causes du déclin, dont les effets
 +
:Occupent les deux strophes suivantes.}} (V, 27)
 +
 
 +
 
 +
{{DrelSection
 +
|verse=V.28
 +
|text=:L’expression résumée des qualités de patience
 +
:Dans le maṇḍala de l’entourage et de l’obtention
 +
:De l’Éveil, qui sont les deux aspects du fruit,
 +
:Font l’objet de la dernière [strophe].}} (V, 28)
 +
 
 +
 
 +
:Ici prend fin le cinquième chapitre, « Les bienfaits », du Traité de la
 +
:Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des
 +
:Trois Joyaux.
 +
 
 +
 
 +
:Colophon
 +
 
 +
:Traduit par le paṇḍita et grand érudit Sajjana, petit-fils du brahmane
 +
:Ratnavajra, grand érudit de la cité d’Anupamapura, et par le traducteur et
 +
:moine bouddhiste Lodèn Shérab, dans l’Incomparable Cité.
 
}}
 
}}

Latest revision as of 17:13, 10 February 2020

रत्नगोत्रविभाग महायानोत्तरतन्त्रशास्त्र
Ratnagotravibhāga Mahāyānottaratantraśāstra
ཐེག་པ་ཆེན་པོ་རྒྱུད་བླ་མའི་བསྟན་བཅོས།
theg pa chen po rgyud bla ma'i bstan bcos
究竟一乘寶性論
jiu jing yi cheng bao xing lun
Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule
The Treatise on the Ultimate Continuum of the Mahāyāna (84000)
D4024  ·  001 T1,611
SOURCE TEXT


The French translation below was published as Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule: Mahāyānottaratantraśāstra, avec le commentaire de Jamgön Kongtrul Lodreu Thayé L'Incontestable Rugissement du lion. Plazac: Éditions Padmakara, 2019. This new translation of the famed Gyu Lama, or Ratnagotravibhāga Mahāyānottaratantraśāstra, represents a major step forward in providing access to key Buddhist literature for Francophones. The book includes a translation of the whole text with commentary by the nineteenth-century Tibetan master Jamgon Kongtrul and has a full bibliography, notes, glossaries and appendixes covering the key Buddhist source texts and an outline of the Tibetan commentary, as well as specialized indexes.

Translated by Christian Charrier and Patrick Carré. Plazac: Éditions Padmakara, 2019.

Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule

En sanskrit : Mahāyāna-uttara-tantra-śāstra.
En tibétain : Theg pa chen po’i rgyud bla ma’i bstan bcos.
En français : Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule.


Hommage à tous les bouddhas et les bodhisattvas !


Le Bouddha, le Dharma, la Communauté, l’Élément, l’Éveil,
Les qualités et, enfin, les activités éveillées
Le corps du traité tout entier se ramène
À ces sept points de vajra. (I, 1)


On connaîtra ces sept points selon leurs caractéristiques propres
Et dans le même ordre. Les trois premiers viennent
De l’introduction du Soûtra du Roi Dhāraṇīśvara
Et les quatre derniers de la classification
des qualités des Vainqueurs et des sages. (I, 2)


Du Bouddha vient le Dharma et du Dharma
la Communauté des êtres sublimes.
De la Communauté vient l’obtention de la quintessence,
l’Élément de la sagesse primordiale.
Enfin, l’obtention de cette sagesse est l’Éveil suprême doté des forces
Et des autres qualités utiles au bien de tous les êtres. (I, 3)


À celui qui, de lui-même, s’est éveillé à la paisible bouddhéité
dépourvue de commencement, de milieu et de fin,
Qui, pleinement éveillé, montre la voie indestructible et éternelle
pour que les non-réalisés se réalisent,
Qui brandit le vajra suprême, l’épée de la sagesse et de la compassion,
et tranche les pousses de la souffrance.
À lui qui abat le mur des doutes cerné par la jungle des vues,
je rends hommage. (I, 4)


La bouddhéité est inconditionnée, spontanée,
Réalisée sans conditions étrangères,
Pourvue de sagesse, de compassion et de puissance,
Ainsi que des deux bienfaits. (I, 5)


Comme par nature elle n’a ni commencement,
Ni milieu, ni fin, elle est incomposée.
Douée de la paix du corps absolu,
On la dit spontanée. (I, 6)


Sa réalisation ne dépend pas de conditions étrangères
Car chacun la réalise par soi-même.
En raison de ces trois réalisations, elle est sagesse ;
Comme elle montre la voie, elle est compassion. (I, 7)


Elle est puissance parce que la sagesse et la compassion
Éliminent les souffrances et les affections.
Les trois premières qualités représentent le bien propre,
Et les trois dernières le bien d’autrui. (I, 8)


À ce qui n’est ni inexistant, ni existant, ni existant et inexistant,
ni autre qu’existant et inexistant,
Qui est impossible à analyser, indéfinissable,
connu par l’expérience personnelle, en paix,
Immaculé, rayonnant de la lumière de la sagesse primordiale,
Et qui, pour tout objet perçu, détruit l’attachement,
l’aversion et la taie [de l’ignorance]
Au soleil du vrai Dharma, je rends hommage. (I. 9)


Inconcevable, libre de deux [voiles] et de la pensée,
Le Dharma est pureté, clarté et antidote.
Libre de l’attachement dont il délivre,
Il a pour caractéristiques les deux vérités. (I, 10)


La libération de l’attachement se ramène
Aux vérités de la cessation et de la voie.
On saura que dans cet ordre
Chacune possède trois qualités. (I, 11)


Non analysable, inexprimable,
Connu des [seuls] êtres sublimes, il est inconcevable.
Paix, il est libre des deux [voiles] et de la pensée ;
Sa pureté et ses deux autres qualités l’assimilent au soleil. (I, 12)


Comme l’esprit est par nature luminosité, ils voient
que les affections n’ont pas d’essence,
Si bien qu’ils réalisent correctement la paix,
l’inexistence ultime du soi de tous les êtres.
À ceux qui voient la présence en tous de la bouddhéité parfaite
car ils ont une intelligence libre de voiles ;
À ceux dont la vision de sagesse a pour objet
la pureté et l’infinité des êtres, je rends hommage. (I, 13)


Comme le regard de leur sagesse intérieure
Sur l’essence des choses et leur diversité est pur,
L’assemblée des sages qui ne régressent plus
Possède d’insurpassables qualités. (I, 14)


Avec la réalisation de la vraie nature
Paisible des êtres, ils [connaissent] l’essence des choses.
La nature [de l’esprit] étant totalement pure,
Les affections y sont épuisées dès l’origine. (I, 15)


Avec l’intelligence qui réalise l’état ultime des phénomènes,
[Ils connaissent] la diversité parce qu’ils voient
L’omnisciente essence du réel
Présente en tous les êtres. (I, 16)


Cette réalisation est la vision
Que chacun connaît par soi-même.
Elle est pure parce que, dans l’immensité immaculée,
Il n’y a pas d’attachement ni d’obstacles (I, 17)


Comme leur vision de sagesse est pure
Et [proche de] l’insurpassable sagesse des bouddhas,
Les êtres sublimes qui ne régressent plus
Sont des refuges pour tous les êtres vivants. (I, 18)


On a instauré le triple refuge en considération
Du maître, de l’enseignement et des disciples,
Du point de vue des adeptes des trois véhicules
Et des aspirations aux trois activités. (I, 19)


Ni le Dharma sous ses deux aspects ni la sublime assemblée
Ne sont de suprêmes refuges promis à durer.
L’un parce qu’il faudra le laisser derrière soi,
parce qu’il est trompeur et qu’il n’existe pas ;
Et l’autre parce qu’on y trouve encore de la peur. (I, 20)


Au sens le plus sacré, les êtres
N’ont qu’un seul refuge : le Bouddha,
Car le Sage a pour corps le Dharma
Et qu’il est le but ultime de la Communauté. (I, 21)


Les « Joyaux » sont ainsi nommés
Pour leur rareté, leur pureté et leurs pouvoirs,
Parce qu’ils sont les ornements du monde
Et parce qu’ils sont suprêmes et immuables. (I, 22)


De l’ainsité avec et sans souillures,
Des qualités immaculées des bouddhas
et de leurs activités de Vainqueurs
Émergent les Trois Joyaux de vertu,
L’objet même de ceux qui voient la vérité absolue. (I, 23)


La filiation spirituelle des Trois Joyaux
Est l’objet de ceux qui voient tout.
Les quatre points sont inconcevables
Pour quatre raisons. Respectivement : (I, 24)


Parce que [l’Élément] est pur mais encore associé aux affections ;
Parce que [l’Éveil] est dépourvu de souillures et pourtant purifié ;
Parce que les qualités ne sont pas séparées [de l’essence du réel] ;
Et parce que les [activités] spontanées ne recourent pas à la pensée. (I, 25)


L’objet de la réalisation, la réalisation,
Ses attributs et ce qui amène à la réalisation
De ces quatre points, le premier est la cause
De la purification et les trois autres ses conditions. (I, 26)


I - LA QUINTESSENCE DES TATHĀGATAS

Comme le corps des parfaits bouddhas rayonne,
Que l’ainsité est indifférenciée,
Et que la filiation spirituelle existe,
Tous les êtres sont toujours porteurs de la quintessence des bouddhas.
(I, 27)


Comme la sagesse des bouddhas imprègne la multitude des êtres,
Que sa nature immaculée est non duelle
Et que la filiation spirituelle des bouddhas est une métaphore du fruit,
Il est enseigné que tous les êtres sont porteurs
de la quintessence des bouddhas. (I, 28)


L’essence, la cause, le fruit, la fonction,
La dotation, la manifestation, les états et l’omniprésence,
L’immutabilité perpétuelle et les indissociables qualités
Voilà les points qui permettent de comprendre la dimension absolue.
(I, 29)


Pure comme un joyau, comme l’espace ou comme l’eau,
Sa nature demeure à jamais libre des affections.
Elle émerge de l’aspiration au Dharma, de la connaissance supérieure,
Du recueillement et de la compassion. (I, 30)


Comme elle est puissante, immuable,
Et de nature humide,
Elle est analogue
Au précieux joyau, à l’espace et à l’eau. (I, 31)


L’aversion pour le Dharma et la vue du soi,
La peur des souffrances du saṃsāra
Et l’indifférence au bien des êtres
Sont respectivement les voiles des hédonistes,
Des hétérodoxes, des auditeurs et des [bouddhas] nés d’eux-mêmes.
L’aspiration supérieure et les trois autres qualités
Sont alors les causes de leur purification. (I, 32-33)


Ceux qui ont eu pour graine l’aspiration au véhicule suprême,
Pour mère la connaissance qui produit les qualités des bouddhas,
Pour matrice la félicité de la concentration,
et pour nourrice la compassion,
Ceux-là sont assurément les enfants et les successeurs des Sages. (I, 34)


Le fruit est la perfection transcendante des qualités
De pureté, de soi, de félicité et de permanence.
Il a pour fonction le dégoût de la souffrance,
L’aspiration à la paix et le vœu de l’atteindre. (I, 35)


En résumé, le fruit de ces [quatre causes]
Consiste en ces antidotes qui s’opposent
Aux quatre types de méprises
Relatives au corps absolu. (I, 36)


[Le corps absolu] est pureté parce qu’il est pur par nature
Et qu’il n’a plus d’imprégnations karmiques.
Il est le vrai soi parce que les élaborations
Du soi et du sans-soi y sont apaisées. (I, 37)


Il est félicité parce qu’il a renoncé aux agrégats
De nature mentale et à leurs causes.
Il est permanence parce qu’il réalise
L’égalité du saṃsāra et du nirvāṇa. (I, 38)


Les compatissants ont coupé sans reste la soif du soi
avec la connaissance transcendante ;
Et comme ils ont soif des êtres vivants, ils ne consomment pas la paix.
Avec l’intelligence et la compassion pour méthodes d’Éveil,
Les êtres sublimes ne se tiennent ni dans le saṃsāra ni dans le nirvāṇa.
(I, 39)


Si nous n’avions pas d’élément de bouddha,
Nous ne nous lasserions pas de souffrir
Et ne voudrions pas d’un nirvāṇa
Qui ne nous inspirerait ni intérêt ni désir. (I, 40)


Le fait de voir que le saṃsāra a pour défaut la souffrance
Et que le nirvāṇa a pour qualité le bonheur
Est dû à la présence de la filiation spirituelle –
Ce n’est pas le cas chez ceux qui en sont dépourvus. (I, 41)


Source inépuisable de joyaux aux qualités infinies,
[L’Élément] ressemble au Grand Océan.
On le compare aussi à une lampe car, en essence,
Il possède d’indissociables qualités. (I, 42)


Comme [cet Élément] inclut les domaines du corps absolu,
De la sagesse des Vainqueurs et de la compassion,
L’enseignement le compare à l’Océan
Sous le rapport du réceptacle, des joyaux et de l’eau. (I, 43)


Dans la base immaculée, les connaissances extraordinaires,
La sagesse primordiale et l’absence de souillures
sont indissociables de l’ainsité.
Voilà autant de qualités qui correspondent à celles d’une lampe –
La lumière, la chaleur et les couleurs. (I, 44)


Comme l’ainsité se manifeste différemment
Chez les êtres ordinaires, les êtres sublimes
Et les parfaits bouddhas, Celui qui voit le réel
Montre aux êtres leur essence de Vainqueurs. (I, 45)


Les êtres ordinaires sont dans l’erreur ;
Ceux qui voient les vérités s’en détournent ;
Et les tathāgatas sont tels quels,
Dégagés de l’erreur et des élaborations conceptuelles. (I, 46)


Les [états] impur, impur et pur, et très pur
Sont respectivement appelés
« Être ordinaire », « bodhisattva »,
Et « tathāgata ». (I, 47)


On ramène l’Élément à son essence
Et aux cinq autres points
Pour l’enseigner en fonction
Des trois états et de leurs trois noms. (I, 48)


De même que l’espace qui a pour essence
De ne pas penser se répand en tout lieu,
De même, la nature de l’esprit est omniprésente
Comme l’immensité immaculée. (I, 49)


Ce caractère général imprègne
Les défauts, les qualités et l’ultime,
À l’image de l’espace [qui pénètre] toute forme
Inférieure, moyenne ou supérieure. (I, 50)


Vu le caractère adventice de ses défauts
Et le caractère naturel de ses qualités,
Telle elle était, telle elle sera
L’essence du réel est immuable. (I, 51)


De même que, du fait de sa subtilité,
Rien ne peut souiller l’espace omniprésent,
Rien ne peut souiller cette présence
En tous et en chaque être. (I, 52)


De même que tous les mondes
Naissent et meurent dans l’espace,
De même les facultés des sens naissent
Et meurent dans l’immensité inconditionnée. (I, 53)


Tout comme, jusqu’à ce jour,
Aucun feu n’a jamais consumé l’espace,
Cette [essence] ne se consume pas aux feux
De la mort, de la maladie et de la vieillesse. (I, 54)


La terre s’étend sur l’eau et l’eau sur le vent ;
Le vent [s’étend] dans l’espace, mais l’espace
Ne repose pas sur les éléments vent
Ou eau, ni sur l’élément terre. (I, 55)


Les agrégats, les domaines et les sens
Reposent sur les actes et les affections ;
Les actes et les affections reposent
Toujours sur les activités erronées du mental. (I, 56)


Les activités erronées du mental reposent
Elles-mêmes sur la pureté de l’esprit,
Mais la nature de l’esprit
Ne repose sur aucun de ces phénomènes. (I, 57)


Sachez que les agrégats, les domaines et les sources
Sont semblables à l’élément terre.
Sachez aussi que les actes et les affections des êtres
Évoquent l’élément eau. (I, 58)


Considérez les activités erronées du mental
Comme l’élément vent. Quant à la nature
[De l’esprit], elle n’a pas de fondement
Et ne repose sur rien, comme l’élément espace. (I, 59)


Les activités erronées du mental
Reposent sur la nature de l’esprit ;
Des activités erronées du mental
Procèdent les actes et les affections. (I, 60)


De l’eau des actes et des affections
Émergent les agrégats, les domaines et les sources
Qui apparaissent et disparaissent comme
[Les mondes] qui naissent et se détruisent. (I, 61)


Pareille au domaine de l’espace, la nature
De l’esprit n’a ni cause ni condition
Et n’est pas une combinaison ; elle n’a pas non plus
De naissance, de cessation et de durée. (I, 62)


La nature de l’esprit, qui est luminosité,
Est immuable comme l’espace.
Nées d’idées fausses, les souillures adventices
Comme l’attachement ne l’affecteront jamais. (I, 63)


L’eau des affections et des actes
Ne saurait la produire, guère plus
Que ne sauraient la consumer les feux insupportables
De la maladie, de la vieillesse et de la mort. (I, 64)


Les feux de la mort, de la maladie
Et de la vieillesse sont respectivement
Comparables au feu de la fin des temps,
Au feu des enfers et au feu ordinaire. (I, 65)


Les sages [bodhisattvas] qui ont correctement réalisé
la nature [de l’Élément]
Sont libres de la naissance, de la mort, de la maladie et de la vieillesse.
Or, même libres de toute adversité, et en raison de cela même,
Ils manifestent la naissance et le reste par compassion pour les êtres. (I, 66)


Les sublimes [bodhisattvas] ont dissipé les souffrances
De la mort, de la maladie et de la vieillesse.
La naissance dérivant des affections et des actes
N’est plus et ses suites ne seront point. (I, 67)


Comme ils voient tel quel et correctement,
Ils dépassent la naissance et ses suites,
Mais comme ils incarnent la compassion,
Ils se montrent naissants, malades, vieux et morts. (I, 68)


Les enfants des Vainqueurs ont réalisé l’immuable essence du réel,
Mais ceux que l’ignorance aveugle
Les voient [toujours] naître, vieillir, tomber malades et mourir
N’y a-t-il pas là quelque étonnante merveille ? (I, 69)


Ils ont atteint la sphère des êtres sublimes
Mais se montrent dans la sphère des êtres puérils.
C’est bien pourquoi les méthodes et la compassion
De ces amis des êtres sont suprêmes. (I, 70)


Ils ont dépassé tous les mondes
Mais ne quittent pas le monde ;
Ils œuvrent pour le monde dans le monde
Sans que les impuretés du monde les souillent. (I, 71)


De même que le lotus qui naît dans l’eau
N’est pas souillé par l’eau,
De même naissent-ils dans le monde
Sans que les choses du monde les souillent. (I, 72)


Pour accomplir leur tâche, leur intelligence
Brûle comme un feu qui brûle constamment,
Mais ils restent constamment absorbés
Dans la paix de la concentration. (I, 73)


Sur l’élan de leurs efforts antérieurs
Et affranchis de toute pensée,
Ils font mûrir les êtres
Sans exercer le moindre effort. (I, 74)


Ils savent précisément qui aider,
Comment et par quels moyens,
Que ce soit avec des enseignements, des corps formels,
Des actes altruistes ou certains comportements. (I, 75)


Ainsi, dans les mondes infinis comme l’espace,
Ces êtres intelligents s’engagent toujours correctement
À accomplir le bien des êtres de façon spontanée
Sans jamais rencontrer d’obstacles. (I, 76)


Les êtres ordinaires ne voient pas de différence
Entre la façon de libérer les êtres
Propre aux tathāgatas et celle
Des bodhisattvas en post-méditation. (I, 77)


Et pourtant, il y a la même différence
Entre les bodhisattvas et les bouddhas
Qu’entre une poussière et la terre toute entière
Ou entre l’eau d’une empreinte de sabot et l’océan. (I, 78)


[Le corps absolu] est immuable puisqu’il possède
d’inépuisables qualités ;
C’est un refuge pour les êtres puisqu’il persiste sans limite future ;
Il est toujours non duel puisqu’il ne pense pas ;
Et c’est aussi une réalité indestructible puisque sa nature est incréée.
(I, 79)


Il ne naît pas, ne meurt pas,
Ne souffre pas, ne vieillit pas,
Parce qu’il est permanent, stable,
Paisible et éternel. (I, 80)


Il ne naît pas dans un corps de nature mentale
Puisqu’il est permanent ;
Il ne meurt pas d’une mort aux inconcevables métamorphoses
Puisqu’il est stable ; (I, 81)


Il ne souffre pas des maux résultant des imprégnations subtiles
Puisqu’il est paisible ;
Il ne vieillit pas sous l’effet des formations non contaminées
Puisqu’il est éternel. (I, 82)


En associant les vers correspondants
Des strophes précédentes, on connaîtra le sens
De la permanence, de la stabilité, de la paix et de l’éternité
De l’immensité inconditionnée. (I, 83)


La permanence, c’est l’immutabilité,
Puisque [le corps absolu] possède d’inépuisables qualités.
La stabilité, c’est une nature de refuge,
Puisqu’il a la même limite [que le saṃsāra]. (I, 84)


La paix, c’est la non duelle essence du réel,
Puisqu’il a pour nature de ne pas penser.
L’éternité, c’est l’indestructibilité,
Puisqu’il n’a pas de qualités artificielles. (I, 85)


Voici le corps absolu, le tathāgata,
Les vérités des êtres sublimes et l’absolu nirvāṇa.
Inséparable de ses qualités comme le soleil de ses rayons,
Il n’est de nirvāṇa que la bouddhéité. (I, 86)


En bref, sachez que comme on peut approcher le sens
De l’immensité non contaminée sous quatre angles,
Le « corps absolu » et les trois autres termes ci-dessus
Sont de simples synonymes. (I, 87)


[L’immensité non contaminée], c’est la bouddhéité
indissociable de ses qualités,
La filiation obtenue telle quelle,
L’essence du réel qui ne ment ni ne trompe
Et la paix naturelle des origines. (I, 88)


Éveil manifeste et parfait à toutes choses
Et élimination des souillures avec leurs imprégnations –
Le bouddha et le nirvāṇa
Au sens sacré ne sont pas deux. (I, 89)


La libération a pour caractéristique
D’être inséparable de ses qualités – complètes,
Innombrables, inconcevables et immaculées.
Cette libération est le tathāgata. (I, 90)


Imaginez des peintres aux talents différents
Qui ne savent représenter de parties du corps
que celles qu’ils connaissent.
Le maître du royaume leur offre une toile
« Travaillez ensemble, dit-il, et faites mon portrait ! »
À cet ordre, ils se mettent à l’ouvrage mais l’un d’eux
Doit soudain se rendre à l’étranger.
Celui-là disparu, il sera impossible d’achever le tableau
dans toutes ses parties.
Fin de la parabole. (I, 91-94)


Qui sont ces peintres ? La générosité
La discipline, la patience et les autres vertus.
[Le portrait] est une forme donnée
À la vacuité en tout suprême. (I, 95)


La connaissance, la sagesse et la libération
Éclairent, rayonnent et purifient
Sans se séparer [du corps absolu] ;
On les compare à la lumière du soleil, à ses rayons et à son orbe. (I, 96)


Par conséquent, on n’atteint pas le nirvāṇa
Sans atteindre la bouddhéité,
De même qu’on ne peut voir le soleil
Sans sa lumière et ses rayons. (I, 97)


Voilà donc les dix points qui définissent
La quintessence des Vainqueurs.
Il s’impose maintenant d’en reconnaître la présence
Dans l’enveloppe des affections en s’aidant de comparaisons. (I, 98)


Comme un bouddha dans un lotus flétri, le miel au milieu des abeilles,
Le grain dans la balle, l’or dans les immondices,
Un trésor enterré, le germe [d’un grand arbre né] d’un petit fruit,
Une statue de bouddha dans des haillons, (I, 99)


Un maître des hommes dans le ventre d’une pauvresse,
Ou encore comme une précieuse image dans l’argile [du moule]
Cet Élément ainsi présent dans les êtres est voilé
Par les souillures adventices des affections. (I, 100)


Le lotus, les insectes, la balle du grain, les immondices,
la terre, le fruit et les haillons,
De même que la femme tourmentée par les flammes
de la souffrance et l’argile, représentent les souillures,
Tandis que le bouddha, le miel, le grain, l’or,
le trésor, le banian, l’image,
Le maître suprême des continents et la statue en or
représentent l’Élément sublime et immaculé. (I, 101)


Dans un lotus aux couleurs défraîchies se trouve
Un tathāgata rayonnant de mille marques.
Un homme qui a purifié l’œil divin le voit
Et l’extrait de la corolle fanée du lotus. (I, 102)


De même, avec son œil de bouddha, le Bien-Allé voit aussi
Sa propre nature chez les êtres de l’enfer des Tourments Insurpassables.
Compassion incarnée, libre des voiles,
il restera jusqu’à la fin des temps
Pour libérer les êtres des voiles qui les obscurcissent. (I, 103)


L’œil divin qui voit un bouddha enfermé dans un lotus immonde
Arrache les pétales de la fleur.
De même, le sage qui voit dans chaque être la quintessence
des parfaits bouddhas enfermée dans les souillures
de l’attachement, de la haine et des autres poisons
Élimine ces voiles par compassion. (I, 104)


Voyant que le miel qu’il convoite
Est cerné par les abeilles,
L’homme ingénieux exercera son habileté
En détachant le miel des insectes. (I, 105)


Le grand ermite, qui voit d’un œil omniscient
L’Élément de connaissance comparable au miel,
N’a de cesse que d’éliminer à jamais
Les voiles ici comparés à des abeilles. (I, 106)


L’homme qui convoite le miel caché sous des abeilles par millions
Disperse les insectes et dispose du miel à sa guise.
De même, la connaissance non contaminée présente en chaque être
est comparable au miel ;
Les affections aux abeilles ; et le Vainqueur habile à les détruire
à cet homme. (I, 107)


Le grain dans la balle n’est pas
Utilisable par l’homme.
Pour s’en nourrir il faut
L’extraire de la balle. (I, 108)


De même, tant que le Vainqueur présent en chaque être,
Mêlé cependant à la souillure des affections,
N’aura pas été libéré de cette promiscuité
avec la souillure des affections,
Les Vainqueurs n’exerceront leurs activités
dans aucun des trois mondes. (I, 109)


De même que les grains de riz, de blé noir ou d’orge
encore dans la balle, et avec leurs barbes,
Ne peuvent rien donner de bon à manger
s’ils ne sont pas bien préparés,
Le seigneur des qualités, présent en chaque être,
emprisonné toutefois dans la gangue des affections,
Ne peut offrir la saveur des plaisirs du Dharma à des êtres
tenaillés par la faim des affections. (I, 110)


Un voyageur laissa tomber
Son or dans les immondices
Mais, en raison de sa nature inaltérable,
L’or resta intact pendant des siècles, (I, 111)


Jusqu’à ce qu’un dieu à l’œil pur
L’aperçoive et dise à un être humain
« Il y a ici de l’or, le plus précieux des joyaux.
Purifiez-le et faites-en tout ce que l’on fait avec les précieux joyaux ! »
(I, 112)


De même, voyant la qualité des êtres enfouie
Dans les immondices des affections,
Le sage fait sur tous les êtres tomber les pluies
Du vrai Dharma pour les laver de la boue des affections. (I, 113)


Le dieu qui a décelé l’or tombé dans les immondices
en montre avec insistance
La sublime beauté à un être humain pour qu’il le nettoie parfaitement.
De même, voyant en chaque être le joyau de la bouddhéité parfaite
tombé dans les grandes immondices des affections,
Le Vainqueur enseigne le Dharma aux êtres
pour qu’ils purifient cette [quintessence]. (I, 114)


Sous la maison d’un pauvre
Est enfoui un trésor inépuisable.
Le pauvre homme l’ignore et le trésor
Ne lui dit pas où il se trouve. (I, 115)


De même, l’esprit recèle le précieux trésor immaculé
De l’essence du réel sans ajout ni retrait.
Ne l’ayant pas compris, les êtres subissent constamment
Les souffrances de la pauvreté sous maintes formes. (I, 116)


Le trésor enfoui sous la maison du pauvre ne peut pas
Lui dire sa présence – que le malheureux continue d’ignorer.
De même, le trésor du réel se cache dans la maison de l’esprit des êtres
comme chez le pauvre homme,
Et c’est bien pour qu’ils le trouvent
que de vrais sages viennent au monde. (I, 117)


Le noyau que l’on trouve dans la mangue et d’autres fruits,
A l’inaliénable propriété de germer. Une terre labourée,
De l’eau et d’autres [conditions] concourent alors
À la formation graduelle de la substance du roi des arbres. (I, 118)


Enfoncée sous la peau du fruit que constituent l’ignorance
et les autres [émotions] qui affectent les êtres,
Il y a aussi l’immensité vertueuse de l’Élément du réel.
De même, avec le concours de telle et telle vertu,
Cet Élément devient peu à peu la substance du roi des sages. (I, 119)


L’eau, la lumière du soleil, le vent, la terre, le temps et l’espace
sont autant de conditions
Qui, sous la peau des fruits du palmier ou du manguier,
coopèrent à la naissance d’un grand arbre.
De même, sous la peau du fruit des émotions qui affectent les êtres,
loge la graine de la bouddhéité parfaite
Différentes conditions vertueuses permettront de voir
le germe du Dharma pendant qu’il croît. (I, 120)


Imaginez une statue du bouddha en matières précieuses
Enveloppée dans de puantes guenilles.
Un dieu qui l’a vue abandonnée sur la route
En avertit les passants pour qu’ils la libèrent. (I, 121)


De même, celui dont rien ne bloque la vision et qui voit,
Chez les animaux aussi, la substance d’un bouddha
Enveloppée dans toute la variété des affections,
Montrera les moyens de l’en délivrer. (I, 122)


Le dieu qui, de son œil divin, aperçoit sur la route
une statue du Bouddha toute en matières précieuses
enveloppée dans de puants haillons
La montre aux passants pour qu’ils l’en délivrent.


De même, lorsqu’il voit sur les chemins du saṃsāra,
jusques et y compris chez les animaux,
l’Élément enfoui sous les guenilles des affections,
Le Vainqueur enseigne le Dharma pour le libérer. (I, 123)


Imaginez une femme sans beauté ni protecteur
Qui vit dans un asile pour les déshérités.
Même enceinte de la gloire d’un souverain,
Elle ignore que son sein abrite le maître des hommes. (I, 124)


L’asile pour les déshérités est une image
de la naissance dans le saṃsāra
Et la femme enceinte figure les êtres qui ne se sont pas purifiés.
Ce qui est présent en elle assure sa protection ;
Quant à l’Élément immaculé, il est comparable
[au monarque] qu’elle porte en son sein. (I, 125)


La femme laide dans ses vêtements sales
a beau porter un monarque en son sein,
Elle n’en subit pas moins les pires souffrances
dans un asile pour les déshérités.
De même, les êtres qui, sous l’emprise des affections,
n’ont pas l’esprit en paix
Restent sur le terrain de la souffrance et se sentent abandonnés
malgré le protecteur qu’ils portent en eux. (I, 126)


La statue coulée dans l’or qui refroidit dans [son moule]
Présente, du dehors, une nature argileuse.
Ce que voyant, les êtres avertis enlèveront l’enveloppe extérieure
Pour nettoyer la [statue en] or qui se trouve à l’intérieur. (I, 127)


De même, voyant parfaitement que les souillures
De nature lumineuse sont fortuites,
[Ceux qui ont atteint] l’Éveil suprême lavent de leurs voiles
Les êtres comparables à des mines de joyaux. (I, 128)


Au fait de la vraie nature de la forme en or, brillante et pure,
Confinée dans l’argile refroidie, l’orfèvre l’en dégage.
De même, les omniscients, qui connaissent l’or pur de l’esprit apaisé,
Enseignent-ils le Dharma pour faire disparaître les voiles
en frappant « là où il faut ». (I, 129)


Dans un lotus fané, parmi les abeilles,
Dans la balle du grain, dans les immondices, dans la terre,
Sous la peau du fruit, sous les guenilles, dans la matrice
D’une pauvresse et dans un moule en glaise, (I, 130)


Comparable à un bouddha, au miel, au grain,
De même qu’à l’or, à un trésor, à un grand arbre,
Une précieuse image, un monarque universel
Et une statue en or, (I, 131)


L’Élément des êtres, dit-on, n’a rien de commun
Avec l’enveloppe des affections.
La pureté naturelle de l’esprit
Est telle depuis l’absence de commencement. (I, 132)


L’attachement, l’aversion et la confusion,
Ainsi que leur vive émergence et leurs imprégnations,
De même que les souillures éliminées
sur les voies de vision et de méditation,
Ou encore sur les terre impures et les terres pures : (I, 133)


Voilà neuf groupes [de souillures] qu’illustrent
Le lotus fané et les autres comparaisons,
Mais les enveloppes des affections secondaires
Présentent des millions et des millions de subdivisions. (I, 134)


L’attachement et les huit autres souillures
Sont disposés ci-dessus de façon à correspondre,
Dans le même ordre, au lotus fané
Et aux huit autres comparaisons. (I, 135)


Les êtres puérils sont entachés par quatre
De ces souillures ; les arhats par une,
Les disciples [sur les voies avec apprentissage] par deux ;
Et les sages [bodhisattvas] par deux souillures aussi. (I, 136)


Devant un lotus, fleur née de la boue,
On se sent toujours heureux.
Mais cette joie bientôt s’évanouit,
Comme la joie née du désir décline aussi. (I, 137)


De même que les abeilles
Excitées jouent du dard,
La colère en surgissant
Arrache le cœur. (I, 138)


De même que le grain de riz
Est recouvert par la balle,
La vision de la quintessence est bloquée
Par la coquille de l’ignorance. (I, 139)


De même que les immondices sont répugnantes,
Immonde est l’émergence [des poisons],
Car elle est la cause dont dépend le désir
De ceux qui lui sont attachés. (I, 140)


De même que les richesses bien cachées
Sont d’introuvables trésors ignorés,
La [sagesse] spontanée des êtres est voilée
Par la terre des imprégnations de l’ignorance. (I, 141)


La croissance progressive du germe
Déchire le tégument de la graine.
De même, la vision du réel supprime
[Les souillures] qui sur cette voie s’éliminent. (I, 142)


Une fois reliés à la voie des êtres sublimes,
[Les arhats] ont vaincu l’essentiel – la croyance à l’individualité.
Les objets que la sagesse primordiale élimine sur la voie de méditation
Ressemblent, dit-on, à des guenilles ou des haillons. (I, 143)


Les souillures présentes sur les sept terres [impures]
Sont comparables aux souillures d’une matrice
Et la sagesse non conceptuelle et parfaitement mûre
À un [embryon] délivré de la matrice. (I, 144)


Les souillures liées aux trois terres [pures]
Sont comparables à des traces d’argile [sur une statue].
Le recueillement Adamantin des grands êtres
En aura raison. (I, 145)


L’attachement et les huit autres souillures
Sont donc comparables à un lotus fané et aux huit autres exemples.
Ramené à sa triple nature, l’Élément
Est comparable à un bouddha et ainsi de suite. (I, 146)


Cette [triple] nature est le corps du Dharma,
L’ainsité et la filiation que l’on reconnaîtra
Successivement dans trois comparaisons,
Puis dans une seule et enfin dans cinq. (I, 147)


Le corps du Dharma présente deux aspects
La très pure dimension absolue
Et son analogue, les enseignements
Du mode profond et du mode détaillé. (I, 148)


Bien au-delà du monde,
Rien ne lui ressemble dans le monde.
Voilà montrée la similitude
De l’Élément et du Tathāgata. (I, 149)


Les enseignements du mode profond et subtil
Évoquent le goût unique de tous les miels.
Quant aux enseignements du mode détaillé,
Ils ressemblent à tous ces grains dans leur balle. (I, 150)


En raison de sa nature immuable,
Vertueuse et parfaitement pure,
L’ainsité est comparable
À une forme en or. (I, 151)


Sachez que, semblable au trésor et à l’arbre fruitier,
La filiation spirituelle a deux aspects
Présente sans commencement [en tant que] nature [de l’esprit]
Et suprême [quand on l’a] correctement adoptée. (I, 152)


On atteint les trois corps de la bouddhéité
À partir de cette double filiation.
Le premier corps, de la première ;
Les deux suivants, de la seconde. (I, 153)


Vous devriez savoir que la beauté du corps essentiel
Est comparable à une précieuse image
Parce que ce corps de nature incréée
Et ses qualités forment un trésor de joyaux. (I, 154)


Le corps de parfaite jouissance évoque un monarque universel
Parce qu’il détient le grand royaume du vrai Dharma.
Le corps d’apparition est alors comparé à une forme en or
Parce qu’il a la nature des reflets. (I, 155)


C’est la foi qui permet de réaliser
L’absolu des [bouddhas] nés d’eux-mêmes.
Qui n’a pas d’yeux ne peut voir
L’éclat de l’orbe solaire. (I, 156)


Ici, il n’y a rien à enlever
Et rien à ajouter.
Regardez réellement le réel !
Quand vous le verrez, vous serez libres. (I, 157)


L’Élément est vide des souillures adventices
Qui ont pour caractère d’en être séparables.
Il n’est pas vide de ses insurpassables qualités
Qui ont pour caractère d’en être inséparables. (I, 158)


Les Vainqueurs ont enseigné ici et là
que tous les phénomènes sont vides
Sous tous les aspects, comme des nuages, des rêves et des illusions.
Or voici qu’ils déclarent que tous les êtres animés
Ont une nature de bouddha : pourquoi ? (I, 159)


Perdre courage et mépriser les êtres plus humbles que soi,
Croire à ce qui n’est pas vrai, déprécier le vrai Dharma
Et, enfin, être trop attaché à soi-même : voilà cinq défauts
Que cet enseignement se propose d’éliminer chez ceux qu’ils affectent.
(I, 160)


La limite du réel se trouve toujours
À l’écart des phénomènes conditionnés.
Il est alors possible de comparer les affections,
Les actes et leurs effets à des nuages, des rêves, des illusions. (I, 161)


Les affections sont comparables à des nuages ;
Les actes, à des expériences faites en rêve ;
Et les agrégats, qui résultent des affections
Et des actes, à des illusions et des apparitions. (I, 162)


En plus des premiers exposés,
La Continuité suprême enseigne
La présence de l’Élément spirituel
Pour éliminer les cinq défauts. (I, 163)


Ainsi, l’esprit d’Éveil ne naîtra point
Chez ceux qui, n’ayant pas entendu [cet enseignement],
Se méprisent eux-mêmes
Jusqu’à perdre courage. (I, 164)


D’entre ceux qui ont produit l’esprit d’Éveil,
Certains se disent supérieurs
Et tiennent pour inférieurs
Ceux que l’esprit d’Éveil n’a pas encore gagnés. (I, 165)


La juste sagesse ne peut naître
Chez ceux qui pensent de la sorte.
Ceux-là croient ce qui n’est pas vrai
Et le vrai n’a pas de sens pour eux. (I, 166)


Artificiels et passagers, les défauts
Des êtres ne sont pas réels.
En vérité, les fautes n’ont pas de soi
Et les qualités sont pures par nature. (I, 167)


S’il croit à des défauts irréels
Et sous-estime de réelles qualités,
L’être intelligent n’acquerra pas la bienveillance
Qui voit l’égalité d’autrui et de soi-même. (I, 168)


Ainsi, quand on a entendu ce qui précède,
on ne peut qu’être enthousiaste,
Respecter les autres autant que notre Instructeur,
Et accéder à la connaissance, à la sagesse et à la grande bienveillance.
L’émergence de ces cinq qualités permet (I, 169)


D’éliminer l’erreur [du découragement], de voir égal,
De [réaliser] l’absence des défauts et la présence des qualités,
Et de s’aimer soi-même autant que les autres,
Grâce à quoi l’on atteindra bientôt l’état de bouddha. (I, 170)


Ici prend fin le premier chapitre, « La Quintessence des tathāgatas », du
Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation
spirituelle des Trois Joyaux.


II - L’ÉVEIL

[L’Éveil] est pureté, obtention et séparation ;
Bien propre, bien d’autrui, support,
Profondeur, vastitude, magnanimité,
Durée et essence. (II, 1)


L’essence, la cause, le fruit,
La fonction, la dotation, la manifestation,
La permanence et l’inconcevabilité
[Ces huit points] déterminent la bouddhéité. (II, 2)


On l’appelle « luminosité naturelle » et elle évoque le soleil et le ciel.
L’épaisse nuée des [voiles] adventices du connaissable
et des affections la recouvrent
[Mais elle reste] la bouddhéité permanente, stable et éternelle,
dotée de toutes les qualités immaculées des bouddhas.
On peut l’atteindre avec les deux sagesses qui discernent
tous les phénomènes sans la moindre pensée. (II, 3)


L’indivisible bouddhéité se distingue
Pleinement par ses qualités pures,
Comme si elle se dédoublait en soleil de la sagesse
Et en ciel de l’élimination. (II, 4)


Luminosité incomposée,
Inséparable de ses manifestations,
Elle est dotée de toutes les qualités des bouddhas,
Plus nombreuses que les grains de sable du Gange. (II, 5)


Comme ils n’existent pas par eux-mêmes,
Qu’ils sont omniprésents et adventices,
On compare les voiles émotionnel
Et cognitif à des nuages. (II, 6)


On affirme que la séparation d’avec les deux voiles
A pour cause une double sagesse
L’absence de pensée [de la méditation]
Et la sagesse de la post-méditation. (II, 7)


Comme un lac aux eaux limpides qui peu à peu se couvrent de lotus ;
Comme la pleine lune qui s’échappe de la gueule de Rāhu ;
Comme le soleil qui se dégage de la nue des affections
[L’Éveil] rayonne de lumières en raison de ses qualités immaculées.
(II, 8)


Le Vainqueur est comparable au plus grand des sages, au miel,
Au grain, à l’or précieux, à un trésor et à un grand arbre ;
On le compare encore à une pure et précieuse image du Bouddha,
À un maître de la terre et à une statue en or. (II, 9)


Pour nous résumer, nous dirons que le fruit
De la sagesse dépourvue de pensées,
C’est la pureté du désir et des autres affections adventices,
Laquelle est comparable au lac, [à la pleine lune] et au reste. (II, 10)


Il est enseigné que le fruit de la sagesse primordiale
Atteint pendant la post-méditation,
C’est l’obtention définitive de l’état de bouddha
Pourvu de tous les attributs suprêmes. (II, 11)


[L’état de bouddha] est comparable à une étendue d’eau pure
Où le sédiment du désir a déposé
Et où l’eau de la concentration
Baigne les disciples pareils à des lotus. (II, 12)


Comme il a échappé à la colère de Rāhu,
On le compare à la pleine lune immaculée
Comblant les destinées de lumières
Qui rayonnent de grande bienveillance et de grande compassion. (II, 13)


La bouddhéité est comparable à un soleil immaculé
Qui s’est libéré des nuages de l’ignorance
Et, de ses radieuses lumières de sagesse,
Disperse les ténèbres du monde. (II, 14)


Comme ses qualités égalent le sans-égal,
Qu’elle prodigue la saveur du vrai Dharma
Et qu’elle est libre de l’enveloppe [des voiles]
On compare [la bouddhéité] à un bouddha, au miel et à une graine.
(II, 15)


Comme elle est pure et riche de qualités
Qui éliminent la pauvreté
Et qu’elle procure le fruit de la libération,
On la compare à de l’or, à un trésor et à un arbre fruitier. (II, 16)


Comme elle est le joyau du corps absolu,
Le maître suprême des hommes,
Et qu’elle a l’aspect d’une forme précieuse, on la compare
À une précieuse [image], à un monarque et à une [statue en] or. (II, 17)


Non souillé, omniprésent, indestructible,
Stable, paisible, éternel, sans transmigration et source [de qualités],
Le Tathāgata est, comme l’espace, la cause de l’expérience
Des objets qui s’offrent aux six facultés des êtres purs. (II, 18)


[Le bouddha] est la cause qui permet de voir
des formes dépourvues d’éléments,
D’entendre des paroles bonnes et pures,
De humer les fragrances de la discipline des bien-allés,
De connaître le goût du vrai Dharma des grands êtres sublimes, (II, 19)


D’éprouver les délices du tangible pendant l’absorption méditative
Et de réaliser le mode profond en son essence même.
Quand on y réfléchit plus précisément, le tathāgata qui procure
Le bonheur absolu est dépourvu de causes comme l’espace. (II, 20)


Il faut savoir que ces deux sagesses
Ont en bref pour fonction
Le corps de libération ou la perfection
Et le corps absolu ou la purification. (II, 21)


On connaîtra le corps de libération et le corps absolu
Sous deux aspects puis sous un seul,
Puisqu’ils sont non contaminés, omniprésents,
Incomposés et que ce sont des sources [de qualités]. (II, 22)


[Le corps de libération] n’est pas contaminé
Puisque les affections et leurs tendances ont cessé.
On tient [le corps absolu] pour l’omniprésence
de la sagesse primordiale
Puisqu’il n’est attaché à rien et que rien ne lui fait obstacle. (II, 23)


[Ces deux corps] sont incomposés
Puisqu’ils sont indestructibles à jamais.
C’est leur indestructibilité qu’explicitent
La stabilité et les trois autres qualités. (II, 24)


La destruction présente quatre aspects
Qui sont les contraires de la stabilité et ainsi de suite
La dégradation, le changement, l’interruption
Et la transmigration avec ses métamorphoses inconcevables. (II, 25)


Indestructibles de ces quatre façons, [les deux corps]
Sont stables, paisibles, permanents et libres de la transmigration.
L’absence de souillures et la sagesse en sont la source
En tant que supports des qualités pures. (II, 26)


De même que l’espace, qui n’est pas une cause,
Est cause de la vision des formes
Et de la perception des sons, des odeurs,
Des saveurs, des tangibles et des phénomènes [mentaux], (II, 27)


De même, grâce à la [voie de] jonction où les voiles disparaissent,
Les deux corps sont les causes de l’apparition
De qualités non contaminées comme autant d’objets
Offerts aux facultés des [êtres] stables. (II, 28)


Inconcevable, permanent, stable, paisible, éternel,
Apaisé, omniprésent, libre de la pensée, pareil à l’espace,
Libre d’attachement, nulle part entravé, sans plus de contacts grossiers,
Invisible, insaisissable et vertueux, le Bouddha est immaculé. (II, 29)


Le corps de libération et le corps absolu
Enseignent le bien propre et le bien d’autrui.
Supports du double bienfait, ils sont inconcevables
En plus de quatorze autres qualités. (II, 30)


La bouddhéité est l’objet de l’omnisciente
Sagesse primordiale et non des trois connaissances.
Les êtres pourvus d’un corps de sagesse [autres que les bouddhas]
Comprendront qu’elle est inconcevable. (II, 31)


De par sa subtilité, ce n’est pas un objet d’étude.
Absolue, ce n’est un objet de réflexion.
Profonde essence du réel, ce n’est pas non plus l’objet
Des méditations mondaines et autres. (II, 32)


De même que les aveugles de naissance ne voient pas les formes,
Les êtres puérils ne l’ont jamais vue. Les êtres sublimes eux-mêmes
Sont pareils à des nourrissons qui entrevoient la forme du soleil
Depuis la chambre où ils viennent de naître. (II, 33)


[La bouddhéité] est permanente parce qu’elle n’est jamais née ;
Elle est stable parce qu’elle ne cesse jamais ;
Elle est paisible parce qu’elle n’a plus de dualités ;
Elle est éternelle parce que l’essence du réel persiste. (II, 34)


[L’Éveil est] très paisible en tant que vérité de la cessation ;
Omniprésent pour sa réalisation de toute chose ;
Sans pensées parce qu’il ne fait fond sur rien ;
Et sans attachement parce qu’il n’a plus d’affections. (II, 35)


Il est totalement pur du voile cognitif
Et rien ne peut lui faire obstacle.
Libre du double [obstacle] et infiniment souple,
Il n’a plus de contacts grossiers. (II, 36)


[L’Éveil] est invisible parce qu’il n’a pas de forme ;
Insaisissable parce qu’il n’a pas de caractéristiques ;
Vertueux parce qu’il est pur par nature ;
Immaculé parce qu’il n’a plus de souillures. (II, 37)


Sans commencement ni milieu ni fin, indivisible,
Non duelle, dégagée des trois [voiles], immaculée et libre de la pensée
Telle est la nature de la dimension absolue
Dont la réalisation est la vision des yogis établis en méditation.
(II, 38)


Dotée de qualités immensurables, inconcevables,
Inégalées, plus nombreuses que les grains de sable du Gange,
La pure immensité des tathāgatas
Est libre de tous les maux et de leurs imprégnations. (II, 39)


Avec le vrai Dharma sous ses deux aspects,
avec des corps rayonnant de lumières,
Il s’empresse d’accomplir son but, celui de libérer les êtres,
Et pour ce faire il agit comme le souverain des Joyaux magiques
En revêtant toutes les apparences possibles
sans être leur essence pour autant. (II, 40)


Les [corps] formels sont en ce monde la cause de l’entrée
des êtres ordinaires dans la voie de la paix.
De même sont-ils la cause de leur maturité et de la prédiction.
Ils resteront ici à jamais comme le monde
De la Forme restera dans l’espace. (II, 41)


On appelle « bouddhéité » l’omniscience
De ceux qui d’eux-mêmes sont nés.
Voilà le nirvāṇa suprême, l’impensable,
Le vainqueur de l’ennemi et l’incarnation
[de la sagesse] qui se connaît elle-même. (II, 42)


Elle se manifeste dans le corps essentiel
Et les deux autres corps en fonction de leurs qualités
Respectives de profondeur, de vastitude
Et de magnanimité. (II, 43)


Sachez donc, en bref,
Que le corps essentiel des bouddhas
Possède cinq caractéristiques.
On ramène ses qualités à cinq aussi. (II, 44)


[Le corps essentiel est] incomposé, indivisible,
Dégagé des deux extrêmes
Et définitivement libre des trois voiles
Émotionnel, cognitif et méditatif. (II, 45)


Immaculé, sans pensée,
C’est le domaine des yogis
Et, en tant que dimension absolue
Pure par essence, la luminosité. (II, 46)


Le corps essentiel est réellement pourvu
De qualités ultimes : il est immensurable,
Indénombrable, inconcevable,
Inégalable et pur. (II, 47)


Cela, parce que, respectivement, il est immense
Et se dérobe à toute mesure, que ce n’est pas un objet
De spéculation, qu’il est unique
Et n’a plus de propensions karmiques. (II, 48)


Il jouit à la perfection des divers enseignements,
Il se manifeste avec ses qualités naturelles,
Et le bien qu’il ne cesse de prodiguer aux êtres
Est l’analogue de sa pure compassion. (II, 49)


Il comble tous les désirs, quels qu’ils soient,
Sans la moindre pensée, sans le moindre effort.
Aussi, avec ses prodiges de Joyau magique,
Sa présence est-elle parfaite jouissance. (II, 50)


L’expression, l’apparence et les activités ininterrompues,
L’absence d’action délibérée
Et le fait de montrer qu’il n’est pas l’essence de toutes [ces choses],
Rendent compte de la quintuple diversité
[du corps de parfaite jouissance]. (II, 51)


De même que sur un fond coloré
La pierre précieuse apparaît telle qu’elle n’est pas,
De même, du fait de la diversité des êtres,
L’Omniprésent est perçu tel qu’il n’est pas. (II, 52)


Celui qui connaît tous les mondes
Les considère avec grande compassion
Et, sans dévier du corps absolu,
Manifeste diverses apparitions de lui-même. (II, 53)


Les vies antérieures, la naissance spontanée [chez les dieux],
La descente du ciel des Tuṣitas,
L’entrée dans une matrice, la naissance,
La maîtrise des arts et des sciences, (II, 54)


Les plaisirs du gynécée,
Le renoncement, l’ascèse,
L’arrivée au Trône de l’Éveil,
La victoire sur les armées de Māra et l’Éveil parfait, (II, 55)


[La mise en branle] de la roue du Dharma
Et le passage en nirvāṇa : voilà autant de hauts faits
Qu’il manifeste dans les champs impurs
Tant que s’y trouveront des êtres. (II, 56)


Les termes « impermanence », « souffrance », « sans soi »
Et « paix » permettent à celui qui connaît les méthodes
De provoquer chez les êtres le dégoût des trois mondes
En leur donnant accès au nirvāṇa. (II, 57)


Fort engagés sur la voie de la paix, certains
Pensent avoir atteint le nirvāṇa. À ceux-là
Le Bouddha montre la réalité des phénomènes
Comme dans Le Lotus blanc et d’autres soûtras, (II, 58)


Si bien qu’il les détourne de leurs anciennes croyances
Et les amène à adopter les méthodes et la connaissance
En les faisant mûrir dans le véhicule suprême.
Ensuite, il leur annonce qu’ils atteindront l’Éveil suprême. (II, 59)


[Le bouddha] est profond, sa puissance est parfaite
Et il guide les êtres puérils en fonction de leurs intérêts.
Dès lors, on saura que [ses trois corps] sont, dans le même ordre,
Profondeur, vastitude et magnanimité. (II, 60)


Ici donc, le corps absolu vient en premier
Et les [deux] corps formels suivent.
Comme les formes se situent dans l’espace,
Dans le premier corps se situent les deux autres. (II, 61)


En raison d’une infinité de causes et du nombre inépuisable des êtres,
Et comme l’amour, les prodiges, la connaissance
et la perfection lui sont acquis,
Qu’il domine les phénomènes, qu’il a vaincu le démon de la mort
Et qu’il n’a pas d’essence, le Protecteur du monde est permanent. (II, 62)


Comme, ayant renoncé à son corps, à sa vie
Et à ses biens, il a embrassé le vrai Dharma ;
Comme, pour le bien de tous les êtres, il ira
Jusqu’au terme de son vœu originel ; (II, 63)


Comme la bouddhéité est totalement imprégnée
D’une compassion pure et immaculée ;
Comme il use des quatre bases des pouvoirs miraculeux
Pour agir en restant [dans le monde] ; (II, 64)


Comme avec la connaissance il s’est affranchi
De la croyance à la dualité du saṃsāra et du nirvāṇa ;
Comme il ne se déprend jamais de la félicité parfaite
D’inconcevables recueillements d’extase ; (II, 65)


Et comme, lors même qu’il agit dans le monde,
Les choses du monde ne peuvent pas le souiller ;
[Le corps absolu est permanent] parce qu’il a trouvé
l’immortalité et la paix
Là où le démon de la mort ne court plus. (II, 66)


Parce que, inconditionné par nature,
Le sage est apaisé dès l’origine
Et parce qu’il est logique qu’il soit le refuge
De ceux qui n’ont pas de refuge permanent. (II, 67)


Les sept premières raisons
Valent pour la permanence des corps formels
De notre Instructeur ; les trois dernières,
Pour la permanence de son corps absolu. (II, 68)


Ineffable, il revient à l’absolu ;
Ce n’est pas un objet d’analyse ; il échappe à toute comparaison ;
Insurpassable, l’existence et la paix ne peuvent le contenir ;
Aux êtres sublimes aussi, le domaine des Vainqueurs
reste inconcevable. (II, 69)


[L’Éveil] est inconcevable parce qu’il est indicible ;
Il est indicible parce qu’il est absolu ;
Il est absolu parce que ce n’est pas un objet d’analyse ;
Ce n’est pas un objet d’analyse parce qu’on ne peut pas l’inférer ; (II, 70)


On ne peut pas l’inférer parce que rien ne lui est supérieur ;
Rien ne lui est supérieur parce qu’on ne peut à rien le ramener ;
On ne peut à rien le ramener parce qu’il ne se trouve nulle part ;
Il ne se trouve nulle part parce qu’il n’a pas les idées
de qualité et de défaut. (II, 71)


Subtil pour les cinq premières raisons,
Le corps absolu est inconcevable ;
Irréels, pour la sixième [raison],
Les corps formels sont inconcevables. (II, 72)


Du fait de leur sagesse insurpassable, de leur grande compassion
et de leurs autres vertus,
Les Vainqueurs transcendent toutes les qualités
et sont [donc] inconcevables.
Dès lors, les grands sages qui ont reçu l’initiation ignorent,
Eux aussi, l’état ultime des bouddhas nés d’eux-mêmes. (II, 73)


Ici prend fin le deuxième chapitre, « L’Éveil », du Traité de la Continuité
suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des Trois Joyaux.


III - LES QUALITÉS

Le bien propre et le bien d’autrui sont le corps absolu
Et les corps relatifs qui en dépendent.
Ils présentent soixante-quatre qualités
Qui sont des fruits de séparation et de maturation. (III, 1)


Le corps absolu est le lieu
Des richesses personnelles.
Le corps symbolique des sages
Est le lieu du bien parfait des autres. (III, 2)


Le premier corps est doté des forces
Et des autres qualités de séparation ;
Le second possède les marques des grands êtres,
Qui sont des qualités de maturation. (III, 3)


Si les forces sont comparables aux vajras [lancés]
contre le voile de l’ignorance,
Les intrépidités évoquent le lion dans l’assemblée [des animaux],
Les [qualités] exclusives des tathāgatas ressemblent à l’espace
Et la double apparence du Sage tient [du reflet] de la lune dans l’eau. (III, 4)


Le correct et l’incorrect,
La rétribution des actes, les facultés,
Les tempéraments, les aspirations,
Les voies de toutes les destinées, les concentrations (III, 5)


Souillées ou immaculées,
Le souvenir des existences [passées],
L’œil divin et l’apaisement
Voilà les dix forces de connaissance. (III, 6)


Le correct et l’incorrect, la rétribution, les tempéraments,
les destinées et les aspirations dans toute leur diversité,
Ce qui est souillé par les affections ou parfaitement purifié,
l’ensemble des facultés, le souvenir des états antérieurs,
L’œil divin et l’art d’épuiser les souillures : voilà les [dix] forces
[de connaissance] que l’on compare à des vajras
Parce qu’elles transpercent les armures, abattent les remparts
et rasent les forêts de l’ignorance. (III, 7)


À toute chose il s’éveille pleinement ;
Il met fin aux obstacles ;
Il enseigne la voie et montre la cessation
Telles sont les quatre intrépidités. (III, 8)


Comme il connaît et fait connaître tout ce que les autres et soi-même
se doivent de connaître ;
Comme il a éliminé et fait éliminer ce qui devait l’être
et qu’il a suivi ce qu’il fallait suivre ;
Comme il a atteint et fait atteindre l’état suprême
et très immaculé qu’il faut atteindre,
Et comme, enfin, il prêche la vérité pour le bien de tous,
le Sage ne rencontre jamais d’obstacles. (III, 9)


À l’orée de la jungle, le roi des animaux se promène sans peur
Et jamais il ne craint aucun autre animal.
De même, dans une assemblée, le Seigneur des Sages,
qui est pareil au lion,
Peut-il rester à l’aise, indépendant, habile et stable. (III, 10)


[Notre Instructeur] ne se trompe pas
et ne tient pas de propos futiles,
Sa mémoire est infaillible, son esprit
Ne quitte jamais le recueillement profond ;
Il ne perçoit pas non plus de différences (III, 11)


Et ne saurait être indifférent par manque de discernement.
Ses aspirations, son ardeur, son attention,
Sa connaissance supérieure, sa liberté totale
Et ce que voit sa libre sagesse ignorent le déclin. (III, 12)


Ses actes procèdent de la sagesse
Libre des voiles temporels.
Telles sont, entre autres, dix-huit
Qualités exclusives de notre Instructeur. (III, 13)


Erreurs, bavardages, oubli, dispersion, perceptions toutes différentes
Et indifférence naturelle : rien de cela n’affecte le Sage.
Ses aspirations, son ardeur, son attention, sa connaissance
parfaitement pure et immaculée, sa liberté perpétuelle
Et sa libre sagesse qui voit tous les phénomènes ignorent le déclin.
(III, 14)


Les actes de son corps, de sa parole et de son esprit
sont tous précédés et suivis par la sagesse primordiale,
Tandis que son immense sagesse opère toujours
dans les trois temps sans jamais rencontrer d’obstacles.
Fort de cette réalisation, il ne craint pas de faire tourner
la grande roue du vrai Dharma pour le bien des êtres.
Cette victoire dotée de grande compassion
voilà ce que les bouddhas ont trouvé. (III, 15)


La terre et les autres éléments n’ont pas la même nature que l’espace ;
Les caractéristiques de la forme n’ont rien à voir
avec l’absence d’obstacles et les autres particularités de l’espace.
La terre, l’eau, le feu et l’air, de même que l’espace,
sont communs à [tous les] mondes,
Mais les [qualités] exclusives [des bouddhas] n’ont pas même
une particule en commun avec le monde. (III, 16)


[Le bouddha] a les pieds bien posés, marqués chacun d’une roue ;
Il a les talons larges et les malléoles invisibles ;
Ses doigts et ses orteils sont longs
Et rattachés par des membranes. (III, 17)


D’une délicatesse juvénile, sa peau est d’une douceur parfaite ;
Le dos de ses mains, ses cous-de-pied, ses épaules et sa nuque
forment sept protubérances bien arrondies ;
Ses jarrets sont les mêmes que ceux de l’antilope eṇaya
Et son secret rentré au fourreau comme celui de l’éléphant. (III, 18)


Il a un torse de lion et des épaules
Pleines et larges aux sommets
Bien rebondis. Il a les bras tendres,
Ronds et réguliers. (III, 19)


Ses bras sont longs et son corps, entièrement pur,
Est entouré d’un halo de lumière.
Sa gorge évoque une conque immaculée
Et ses joues valent celles du roi des animaux. (III, 20)


Il a quarante dents parfaitement égales,
Brillantes et bien alignées,
Pures et de la même taille ;
Ses canines sont d’une blancheur suprême. (III, 21)


Sa langue longue, infinie, inconcevable,
Donne un goût suprême à tous les aliments.
De sa voix de Brahma, le Bouddha parle
Avec des accents de kalaviṅka. (III, 22)


Il a de beaux yeux pareils à des lotus bleus
et les cils de la reine des vaches ne valent pas les siens.
Son beau visage sans défauts s’orne d’un poil-trésor blanc.
Le haut de son crâne se pare d’un apex et sa peau,
fine et pure,
A la couleur de l’or : n’est-il pas suprême entre tous les êtres ? (III, 23)


Chacun de ses poils doux et fins
S’enroule à droite en poussant vers le haut ;
Impeccable est sa chevelure bleu foncé comme un précieux saphir ;
Ses proportions sont parfaites comme celles du banian. (III, 24)


Universellement bon et incomparable, le grand Sage
A le corps robuste et la force de Nārāyaṇa.
De ces trente-deux marques inconcevables,
Notre Instructeur précise qu’elles appartiennent
aux seigneurs parmi les hommes. (III, 25)


De même qu’en automne on voit la forme de la lune
Dans un ciel sans nuages comme dans les eaux bleues d’un lac,
De même, les enfants des Vainqueurs verront la forme
De l’Omniprésent dans le maṇḍala de la parfaite bouddhéité. (III, 26)


Il faut savoir que ces soixante-quatre qualités,
Ainsi que les causes de chacune,
Apparaissent ici dans le même ordre
Que dans le Soûtra de Ratnadārikā. (III, 27)


Elles sont indestructibles, audacieuses,
Inégalables et inamovibles,
Si bien qu’on les compare respectivement
Au vajra, au lion, à l’espace et au [reflet de] la lune dans l’eau pure.
(III, 28)


Des dix forces, les six premières éliminent
Le voile de la connaissance ; les trois suivantes
Le voile de l’absorption méditative ; et la dernière
Le voile des affections avec leurs imprégnations : (III, 29)


Comme si elles transperçaient des armures,
Abattaient des remparts et rasaient des forêts.
Les forces des Sages sont comparables à des vajras,
Parce qu’elles sont sûres, essentielles, stables et indestructibles. (III, 30)


Pourquoi sont-elles sûres ? Parce qu’elles sont essentielles.
Essentielles ? Parce qu’elles sont stables. Stables ?
Parce qu’elles sont indestructibles. Et comme elles sont
Indestructibles, on les compare à des vajras. (III, 31)


Impavide, indépendant,
Stable et parfaitement habile,
Le lion des sages est tel un lion sans crainte
Au cœur des assemblées qui se pressent autour de lui. (III, 32)


Comme il connaît tout directement,
Il reste sans peur en toute occasion,
Et comme il voit que les êtres qui se sont purifiés
Eux-mêmes ne le valent point, il reste indépendant. (III, 33)


L’esprit concentré sur tous les phénomènes,
Il est la stabilité même. Passé très au-delà
De la terre des imprégnations de l’ignorance,
Il rayonne de pouvoir créatif. (III, 34)


Les êtres ordinaires, les auditeurs, les bouddhas-par-soi,
Les sages bodhisattvas et les bouddhas nés d’eux-mêmes,
Atteignent des états de compréhension de plus en plus subtils
Qu’illustrent cinq comparaisons : (III, 35)


Comme ils assurent la survie de tous les mondes,
Ils sont pareils à la terre, à l’eau, au feu et au vent ;
Comme ils transcendent les caractères mondains
Et supramondains, ils sont comparables à l’espace. (III, 36)


Ces trente-deux qualités sont autant
De divisions du corps absolu,
De même que la lumière, la couleur et la forme
D’une pierre précieuse n’en sont point séparées. (III, 37)


Elles comblent la vue, ces qualités
Appelées « trente-deux marques » !
Elles s’appuient sur le corps d’apparition
Et le corps de la jouissance parfaite du Dharma. (III, 38)


Les éloignés de la pureté et ses proches,
Les uns dans le monde et les autres dans le maṇḍala d’un vainqueur,
Voient les corps formels de deux façons
Comme la forme de la lune dans le ciel
ou bien de son reflet dans l’eau. (III, 39)


Ici prend fin le troisième chapitre, « Les Qualités », du Traité de la
Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des
Trois Joyaux.


IV - LES ACTIVITÉS ÉVEILLÉES

L’Omniprésent se manifeste toujours spontanément
Et arrive sur les lieux au moment opportun
Selon les dispositions du disciple, les moyens de le discipliner
Et la discipline qu’il convient d’appliquer. (IV, 1)


Riche de tous les joyaux les plus précieux, les qualités,
l’océan de la sagesse primordiale scintille
au soleil des mérites et de la sagesse ;
C’est l’accomplissement définitif de tous les véhicules,
une immensité dépourvue de centre et de périphérie,
omniprésente comme l’espace.
La bouddhéité, trésor des qualités immaculées, apparaît alors
dans tous les êtres, sans différence entre eux,
Tandis que se lève le vent de la compassion des bouddhas
qui déchirera le filet des nuages tissé
par les voiles émotionnel et cognitif. (IV, 2)


Qui ? Comment ? En appliquant
Quelle discipline ? Où ? Quand ?
Comme le Sage n’a pas de ces pensées,
Son action est toujours spontanée. (IV, 3)


« Qui » renvoie aux dispositions du disciple,
« Comment » aux moyens de le discipliner,
« Quelle discipline » à leur application,
« Où » et « quand » au lieu et à l’instant. (IV, 4)


[Les activités éveillées ne s’interrompent jamais]
Parce qu’elles ont lieu sans pensées comme celles-ci
La libération définitive, son point d’appui,
Son fruit, les êtres pris en charge,
Les voiles et la condition de leur élimination. (IV, 5)


Les dix terres sont la voie de la libération définitive
Dont les deux accumulations forment la cause.
Le fruit alors atteint est l’Éveil suprême
Qui prend en charge l’Éveil au cœur des êtres. (IV, 6)


Les innombrables affections principales et secondaires,
Ainsi que leurs imprégnations, forment un voile.
La condition qui à tout moment détruit
[Les affections] est la grande compassion. (IV, 7)


Voici six points dont vous saurez qu’ils comparent
[Le processus des activités] à l’océan,
Puis au soleil, ensuite à l’espace, à un trésor,
Aux nuages et enfin au vent. (IV, 8)


Les terres [des bodhisattvas] sont comparables à l’océan
Parce qu’on y trouve l’eau de la sagesse et les joyaux des qualités.
Les deux accumulations ressemblent au soleil
Parce qu’elles sustentent tous les êtres. (IV, 9)


L’Éveil est pareil à l’élément espace
Parce qu’il est immense et n’a ni bords ni centre.
On compare l’Élément des êtres à un trésor
Parce qu’il a pour nature la bouddhéité authentique et parfaite. (IV, 10)


Les affections évoquent les nuages parce qu’elles ne durent pas,
Enveloppent toute chose et manquent de solidité.
Enfin, la compassion est comparable à un vent irrésistible
Parce qu’elle se tient prête à disperser [les affections]. (IV, 11)


Les activités ne s’interrompront pas tant que le saṃsāra durera
Parce que les bouddhas se libèrent avec le concours des autres,
Parce qu’ils voient que tous les êtres sont leurs égaux
Et parce que leur œuvre est inachevée. (IV, 12)


Le Tathāgata est comparable à Indra,
Au tambour [des dieux], à un nuage,
À Brahma, au soleil, à un précieux joyau,
À l’écho, à l’espace et à la terre. (IV, 13)


Si le sol prenait l’aspect
Du lapis-lazuli le plus pur,
Cette pureté permettrait de voir
Le seigneur des dieux parmi les jeunes déesses, (IV, 14)


Le splendide palais de la Victoire Absolue
Et d’autres divins séjours agrémentés
De bâtisses magnifiques, ainsi que les objets
Divins les plus divers. (IV, 15)


À la vue de ces apparences,
Les hommes et les femmes
Qui peuplent la terre
Forment le souhait (IV, 16)


D’être comme le seigneur
Des dieux avant longtemps.
Pour y parvenir, ils adoptent
La vertu et s’y tiennent pour de bon. (IV, 17)


Même s’ils ignorent
Que ce n’est là qu’une apparence,
Leurs actes vertueux leur permettront
De quitter la terre pour renaître chez les dieux. (IV, 18)


Et même si cette apparence n’a absolument
Aucune pensée et que rien ne l’ébranle,
Il faut bien admettre que, sur la terre,
Elle est de la plus grande utilité. (IV, 19)


Ainsi, les êtres dont la foi et les autres qualités
Ne sont pas souillées mais dûment cultivées
Verront mentalement le parfait Bouddha,
Paré des marques majeures et mineures, (IV, 20)


Marcher, rester debout,
S’asseoir et s’allonger,
Se livrer aux activités les plus variées,
Enseigner la vérité de la paix, (IV, 21)


Se taire et méditer avant de manifester
Des prodiges en tout genre
Ces êtres verront ces hauts faits
Dans leur majestueux éclat. (IV, 22)


Ce qu’ayant vu, ils aspireront
À la « bouddhéité » et s’y appliqueront.
Ils adopteront les causes de l’état
Auquel ils aspirent et ils l’atteindront. (IV, 23)


Car, même si cette apparence n’a absolument
Aucune pensée et que rien ne l’ébranle,
Il faut bien admettre que, dans le monde,
Elle est de la plus grande utilité. (IV, 24)


Les êtres ordinaires ne savent pas que cette vision
Est une perception au sein de leur propre esprit.
Cependant, la vue de ces formes
Leur procurera de grands bienfaits. (IV, 25)


Petit à petit, les êtres qui s’en tiennent
À ce véhicule-ci verront, du fait de cette vision,
Le suprême corps absolu à l’intérieur d’eux-mêmes
Avec l’œil de la sagesse primordiale. (IV, 26)


Si la terre, débarrassée de tous ses lieux inquiétants,
Prenait la belle clarté d’un pur lapis, si elle devenait lisse
et présentait les perfections d’un joyau,
Elle serait si pure que les divers séjours divins
et la forme des dieux et de leur seigneur pourraient s’y refléter.
Mais peu à peu le sol perdrait ces qualités,
et les reflets dont il se parait disparaîtraient. (IV, 27)


Pour atteindre l’état d’Indra, les hommes et les femmes suivraient
les préceptes d’un jour et les règles de conduite. Ils opteraient
pour le don et les autres vertus
Et, formant de pieux souhaits, ils prieraient en répandant des fleurs
et [en s’adonnant à d’] autres [dévotions]. (IV, 28ab)


De même, pour atteindre l’état du Seigneur des Sages
qui apparaît dans leur l’esprit pareil à un pur lapis-lazuli,
Pleins d’une douce allégresse, les enfants des Vainqueurs
engendrent l’esprit d’Éveil. (IV, 28cd)


De même que sur le sol pur en lapis-lazuli
Apparaît le reflet du seigneur des dieux,
Sur le sol pur de l’esprit des êtres,
Apparaît le reflet du Seigneur des Sages. (IV, 29)


L’apparition ou la disparition de ces reflets dans le monde des êtres
Se produit en fonction de l’état clair ou trouble de l’esprit de chacun.
De même que les reflets [d’Indra]
qui apparaissent dans le monde,
Il ne faut pas voir [les apparences du Bouddha]
comme si elles étaient et qu’elles ne sont plus. (IV, 30)


Ainsi, chez les dieux, par le pouvoir
Des actes blancs de leurs vies antérieures,
Sans effort ni lieu [d’origine], sans esprit
Ni forme, et sans la moindre pensée, (IV, 31)


Le tambour du Dharma exhorte encore
Et toujours les dieux insouciants,
Au son des mots : impermanence,
Souffrance, irréalité du soi et paix. (IV, 32)


De même, l’Omniprésent est libre de l’effort
Et des quatre autres points mais, de sa parole éveillée,
Il imprègne tous les êtres sans exception
Et enseigne le Dharma aux êtres fortunés. (IV, 33)


De même que le son du tambour
Des dieux émane de leurs actes,
De même, les enseignements que le Sage
A prodigués au monde émanent des actes de chacun. (IV, 34)


De même que sans effort, sans lieu, sans corps
Et sans esprit, le son du tambour établit la paix,
De même, sans effort, sans lieu, sans corps
Et sans esprit, ces enseignements établissent la paix. (IV, 35)


De même que dans la ville des dieux, le son du tambour
leur insuffle le don de l’intrépidité
Lorsque, sous l’effet de leurs affections, les dieux se jettent
dans la mêlée pour vaincre les antidieux ; et de même, encore,
que le tambour met fin à leurs jeux,
De même, dans notre monde, la concentration
du Sans-Forme et les autres vertus concourent à la cause
De l’expression de la voie suprême, laquelle écrase les affections
qui torturent les êtres tout en apaisant leurs souffrances. (IV, 36)


Universelle, bénéfique, source de bonheur,
Dotée du pouvoir des trois prodiges,
La voix du Sage est éminemment
Supérieure aux cymbales des dieux. (IV, 37)


Dans le monde des dieux, le son puissant du tambour
Ne tombe pas jusqu’aux oreilles des terriens.
Le tambour de la voix d’un bouddha résonne
Jusqu’aux mondes souterrains du saṃsāra. (IV, 38)


Dans le monde des dieux, les cymbales sonnent
Par millions pour exacerber les flammes du désir.
Les incarnations de la compassion n’ont qu’une seule voix
Qui fait tout pour éteindre à jamais les flammes de la souffrance.
(IV, 39)


Dans le monde des dieux, le son des cymbales dont la beauté se double
D’un charme exquis augmente l’agitation mentale habituelle.
La parole des tathāgatas, compassion incarnée, incite
À réfléchir et à méditer jusqu’au recueillement profond. (IV, 40)


En bref, dans toutes les sphères du monde sans aucune exception,
Chez les dieux comme ici-bas, toutes les matières à bonheur
Reposent entièrement, dit-on, sur cette voix mélodieuse
Que l’on perçoit, omniprésente, dans absolument tous les mondes.
(IV, 41)


De même que les malentendants
Ne perçoivent pas les sons subtils
Et que l’oreille divine elle-même
N’entend pas tous les sons, (IV, 42)


De même, les enseignements les plus subtils
Relèvent de la sagesse primordiale, fine aussi,
Mais ils atteindront seulement les oreilles
D’une poignée de sages libres d’affections. (IV, 43)


De même qu’en été les nuages
Sont des gages d’abondantes récoltes
Quand ils s’abattent sans effort
En trombes d’eau sur la terre, (IV, 44)


De même, des nuages de la compassion
Tombe sans la moindre pensée
La pluie des saints enseignements du Vainqueur
Qui promet aux êtres des moissons de vertus. (IV, 45)


De même que, le monde prenant le chemin de la vertu,
Les nuages nés du vent se répandent en pluies,
De même, pour accroître les vertus d’un monde
où souffle le vent de l’amour,
Des nuages de la bouddhéité tombe la pluie du vrai Dharma. (IV, 46)


Plein de connaissance et d’amour pour le monde,
Il trône au centre de l’espace, inaltéré par le changeant et l’immuable.
Les nuages du Seigneur des Sages, qui consistent en l’eau pure
des recueillements et des formules de mémoire,
Produiront des moissons de vertus. (IV, 47)


Fraîche, agréable, douce et légère,
L’eau qui tombe des nuages
Se charge d’un grand nombre de saveurs,
Comme le salé, au contact de la terre. (IV, 48)


De même, la pluie de l’octuple sentier des êtres sublimes
Qui jaillit des immenses nuées de la compassion
Aura autant de goûts différents
Qu’il y a de formes d’esprit chez les êtres. (IV, 49)


Ceux qui ont foi dans le véhicule suprême,
Ceux qui restent neutres et ceux qui lui sont hostiles
Forment trois groupes d’êtres comparables
À des êtres humains, des paons et des prétas (IV, 50)


À la fin du printemps, les hommes et les oiseaux
qui ne volent pas souffrent de l’absence des nuages,
Alors que les prétas pâtissent des pluies d’été qui s’abattent sur la terre.
De même, suivant que, des nuées de la compassion,
l’eau des enseignements jaillit ou non,
Ceux qui, dans les mondes, aspirent au Dharma
et ceux qui lui sont hostiles correspondent
aux éléments de la comparaison. (IV, 51)


Quand s’abattent sur la terre de grosses gouttes de pluie,
des pierres brûlantes ou des flammes de diamant,
Les nuages ne se soucient pas plus des petites bêtes
que de celles qui se sont réfugiées dans la montagne.
Les gouttes, des plus petites aux plus grosses,
qui tombent des nuages de l’amour et de la connaissance
Ne se soucient absolument pas des affections qu’elles purifient
ni de la tendance à voir un soi. (IV, 52)


Dans le cercle sans commencement des morts et des renaissances,
les êtres suivent cinq voies
Mais, de même qu’il n’y a pas de bonnes odeurs dans les excréments,
il n’y a jamais de bonheur dans les cinq destinées.
Cette souffrance permanente née de la rencontre
avec les armes, le feu, le sel et d’autres supplices encore
S’apaise quand, des nuées de la compassion, tombe
une abondante pluie de vrai Dharma. (IV, 53)


Comme ils ont compris que les dieux souffraient de la déchéance
[qui suit leur mort] et les hommes de la quête effrénée [du plaisir],
Les sages n’aspirent pas aux suprêmes pouvoirs des dieux
et des hommes.
Grâce à la connaissance supérieure et aux paroles du Tathāgata
qu’ils ont suivies avec foi,
Ils voient avec sagesse que « ceci est la souffrance,
cela en est la cause, et cela la cessation ». (IV, 54)


De même qu’il faut reconnaître la maladie et en éliminer la cause
En prenant des remèdes qui rétabliront la santé,
Il faut reconnaître la souffrance, en éliminer la cause
Et réaliser sa cessation en empruntant la voie. (IV, 55)


De même que, sans quitter son palais,
Brahma manifeste des apparences
De lui-même dans tous les lieux divins
Sans fournir le moindre effort, (IV, 56)


De même, sans quitter le corps absolu
Et sans effort, le Sage montre des apparences
De lui-même dans toutes les sphères
Aux êtres assez fortunés pour cela. (IV, 57)


De même que, sans jamais quitter son palais,
Brahma se manifeste dans le monde du Désir
À la vue des dieux et qu’à cette vision, ces derniers
se détournent des objets [de plaisir],
De même, sans quitter le corps absolu, le Bien-Allé s’introduit
dans toutes les sphères du monde
Où les êtres fortunés le voient, et cette vision leur permet
d’éliminer toutes leurs souillures à jamais. (IV, 58)


Par le pouvoir de ses propres souhaits antérieurs
Et celui des actes vertueux des êtres divins,
Brahma se manifeste sans effort. De même en est-il
Pour les corps d’apparition de celui qui est né de lui-même. (IV, 59)


Le départ [de Tuṣita], l’entrée dans la matrice, la naissance,
l’arrivée au palais de son père,
Les jeux de l’amour, la quête solitaire, le triomphe sur Māra,
L’obtention de l’Éveil le plus grand
et l’art de guider sur la voie de la paix
Quand il eut tout montré, le Sage disparut
de la vue des êtres infortunés. (IV, 60)


Le soleil brûle tout. Au même instant, le lotus et d’autres fleurs
S’ouvrent tandis que le nénuphar blanc se referme.
Ces [fleurs] nées de l’eau ont la qualité de s’ouvrir
et le défaut de se refermer,
Mais l’astre n’y pense pas : de même le soleil de l’être sublime. (IV, 61)


De même que, sans y penser,
En émettant soudain sa lumière,
Le soleil fait s’ouvrir les lotus
Et mûrir d’autres [plantes], (IV, 62)


De même, les rayons de vrai Dharma
Du soleil du Tathāgata
S’infiltrent sans la moindre pensée
Dans les lotus des êtres qu’il peut aider. (IV, 63)


Avec le corps absolu et les corps formels,
Le soleil de l’Omniscient qui s’élève
Dans l’espace de la quintessence de l’Éveil
Darde ses rayons de sagesse sur les êtres. (IV, 64)


Tous les êtres sensibles au Dharma du Bien-Allé
Sont comparables à des coupes d’eau pure
Où les innombrables reflets du soleil du Bouddha
Apparaissent tous au même instant. (IV, 65)


Au cœur de l’espace de la dimension absolue
Qui tout embrasse à jamais,
Le soleil du Bouddha brille sur les montagnes
Des disciples à proportion de leurs mérites. (IV, 66)


De même qu’en se levant le soleil répand sa lumière immense
Et ses rayons par milliers en éclairant tout
dans les mondes avant de se poser
Par paliers sur les montagnes les plus hautes,
les moyennes et enfin les plus basses,
De même, le soleil du Vainqueur brille progressivement
sur tous les êtres. (IV, 67)


Le soleil ne rayonne pas jusqu’au fond de l’espace dans tous les univers
Et il ne peut même pas montrer le sens d’un objet
retenu sous les ténèbres de l’ignorance.
La compassion incarnée éclaire tout et montre aux êtres
le sens des choses
Avec des lumières rayonnant de toutes les couleurs. (IV, 68)


Quand le Bouddha se rend au village, les individus
privés de la vue voient.
Libérés de toute chose insensée, ils voient le sens et,
mieux, ils l’éprouvent.
Aveuglés par l’ignorance, les êtres aux prises avec l’océan des existences
sont enveloppés par les ténèbres des vues fausses,
Mais, à la lumière du soleil d’un bouddha, ils verront
ce que leur esprit ne pouvait pas voir jusque-là. (IV, 69)


De même que le Joyau magique,
Exauce chacun de tous les désirs
De ceux qui se trouvent dans sa sphère
Instantanément et sans y penser, (IV, 70)


De même, quand ceux dont les désirs diffèrent
S’en remettent au Joyau magique du Bouddha,
Ils entendent toute une variété d’enseignements
Dont le Bouddha n’a pas conçu le moindre. (IV, 71)


De même que le Joyau magique procure
Sans effort ni pensée les richesses désirées,
Le Sage restera dans le monde tant que celui-ci durera,
Pour le bien des autres, sans effort
et à proportion de leurs mérites. (IV, 72)


De même que, pour qui le désire en ce monde,
Il est difficile de trouver le bon Joyau dans l’océan ou sous la terre,
Il faut de même savoir que, pour l’infortuné
dont l’esprit est pris par les affections,
La vision du Bouddha est chose difficile. (IV, 73)


De même que le son de l’écho,
Qui jaillit de la perception des êtres
N’a pas de pensées, n’est pas fabriqué
Et ne se tient pas plus dedans que dehors, (IV, 74)


De même, la parole des bouddhas,
Qui jaillit de la perception des êtres,
N’a pas de pensées, n’est pas fabriquée
Et ne se tient pas plus dedans que dehors. (IV, 75)


Immatériel, inapparent,
Introuvable, sans appui,
Bien au-delà du visible,
Sans forme, impossible à montrer, (IV, 76)


Et pourtant vu là-haut ou là-bas,
L’espace n’est ni haut ni bas.
De même, le Bouddha n’est pas
Comme tout ce que l’on peut voir de lui. (IV, 77)


De même que tout ce qui naît de la terre
Prend appui sur la terre, qui n’a pas de pensées,
Pour croître, se renforcer et s’épanouir, (IV, 78)


De même, prenant appui sur la terre
Du parfait Bouddha, laquelle n’a pas de pensées,
Les racines de bien des êtres
Croîtront toutes sans exception. (IV, 79)


Comme on n’a jamais vu d’activité
S’accomplir sans le moindre effort,
Neuf exemples ont été enseignés
Pour trancher les doutes des disciples. (IV, 80)


Ces neuf exemples
Ont été présentés en détail
Dans un soûtra dont le nom
Seul évoque le propos. (IV, 81)


Parés de l’immense éclat lumineux
De la connaissance issue de l’étude,
Les sages accéderont vite à toutes
Les sphères d’activité des bouddhas. (IV, 82)


Le reflet d’Indra sur un sol de lapis-lazuli
Et huit autres exemples
Ont été donnés à cette fin,
Dont on retiendra le résumé : (IV, 83)


Apparition, parole, omniprésence,
Manifestation, rayonnement de la sagesse,
Secrets de l’esprit, de la parole et du corps,
Et obtention d’une nature compatissante. (IV, 84)


L’esprit éveillé, où tous les flots de l’effort
Se sont calmés, n’a aucune pensée
Comme l’apparition du reflet d’Indra sur le sol
De lapis-lazuli immaculé et ainsi de suite. (IV, 85)


L’apaisement de l’effort constitue la thèse ;
L’absence de pensées dans l’esprit, la preuve ;
Et pour l’indiscutable conclusion du sujet de discussion,
Le reflet d’Indra et les huit autres comparaisons. (IV, 86)


Voici le sens du présent chapitre
L’apparition et les huit autres cas
Opèrent sans que l’Instructeur, libre de la naissance
Et de la mort, ne fasse d’efforts. (IV, 87)


Ce qui, tant que dure le monde, accomplit le bien des autres
Sans effort – comme Indra, le tambour, les nuages,
Brahma, le soleil, le précieux roi des Joyaux magiques,
L’écho, l’espace et la terre –, tout cela, les yogis le connaissent. (IV, 88)


[L’Instructeur] est comparable au reflet d’Indra
dans une pierre précieuse.
Comme le tambour des dieux, il excelle à instruire.
Les nuées d’amour et de connaissance de l’omniprésent seigneur
Enveloppent l’infinité des êtres jusqu’au sommet du devenir. (IV, 89)


Tel Brahma, il se manifeste dans de multiples apparitions
sans quitter son séjour immaculé.
Comme le soleil, il rayonne de l’éclat de la sagesse
Et son esprit éveillé ressemble au très pur
et très précieux Joyau magique. (IV, 90)


Comme l’écho, la parole des Vainqueurs se passe de mots.
Semblable à l’espace, leur corps est omniprésent,
dépourvu de forme et permanent.
Pareil à la terre, le niveau de bouddha est toujours
Le fondement de tous les remèdes favorisant
les qualités pures des êtres. (IV, 91)


La cause de la vision d’un bouddha n’est autre
Qu’un esprit qui a la pureté du lapis-lazuli.
Cette pureté vient du pouvoir accru
D’une confiance irréversible. (IV, 92)


La vertu apparaissant et disparaissant,
La forme des bouddhas apparaît et disparaît.
Comme Indra, le corps absolu du Sage
N’apparaît ni ne disparaît. (IV, 93)


Ainsi, tant que le monde durera,
[Le Sage] apparaîtra et exercera ses activités
Sans effort à partir du corps absolu
Qui ignore la naissance et la cessation. (IV, 94)


Ce résumé des activités en neuf comparaisons
Est donné dans un ordre tel
Que les inexactitudes d’une comparaison
N’apparaissent plus dans la suivante. (IV, 95)


Le Bouddha est comparable à un reflet
Mais il en diffère car les reflets n’ont pas de voix.
Il est comparable au tambour des dieux mais en diffère
Parce que les tambours ne font pas le bien en tout lieu. (IV, 96)


Il est comparable à un grand nuage mais en diffère
Parce que les nuages n’éliminent pas les graines inutiles.
Il est comparable au Grand Brahma mais en diffère
Parce que Brahma ne fait pas mûrir à jamais. (IV, 97)


Il est comparable au soleil mais en diffère
Parce que le soleil ne vainc pas les ténèbres une bonne fois pour toutes.
Il est comparable au Joyau magique mais en diffère
Parce qu’il n’est pas difficile de trouver ce joyau. (IV, 98)


Il est comparable à l’écho mais en diffère
Parce que l’écho est un phénomène conditionné.
Il est comparable à l’espace mais en diffère
Parce que l’espace n’est pas le terrain des vertus. (IV, 99)


Comme il forme le fondement où se tiennent
Toutes les perfections mondaines
Et supramondaines sans la moindre exception,
On le compare au cercle de la terre. (IV, 100)


Comme la voie supramondaine se présente
Par le fait de l’Éveil des bouddhas,
La voie des actes vertueux, les concentrations,
Les immensurables et le Sans-Forme se présentent aussi. (IV, 101)


Ici prend fin le quatrième chapitre, « Les Activités éveillées des tathāgatas »
du Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation
spirituelle des Trois Joyaux.


V - LES BIENFAITS DU PRÉSENT ENSEIGNEMENT

L’Élément des bouddhas, l’Éveil des bouddhas,
Les qualités des bouddhas et les activités des bouddhas
Sont inconcevables même pour les êtres purs.
Ils relèvent de la sphère de nos guides. (V, 1)


Les sages qui aspirent au domaine des Vainqueurs
Seront les réceptacles de toutes les qualités éveillées ;
Comme toutes ces inconcevables qualités les réjouissent,
Leurs mérites éclipsent ceux de tous les autres êtres. (V, 2)


Imaginez un être attiré par l’Éveil qui offrirait constamment
aux souverains du Dharma,
Jour après jour, des champs d’or incrustés de joyaux
en nombre égal aux atomes de tous les champs de bouddhas.
Imaginez maintenant un autre être qui n’aurait entendu
qu’un seul mot [du présent traité] et qu’en l’entendant il y ait cru
Cet être en tirera beaucoup plus de mérites qu’on en tirera
de la vertu de générosité [ci-dessus évoquée]. (V, 3)


Il y a des êtres intelligents qui, aspirant à l’Éveil suprême,
observent sans effort,
Durant d’innombrables ères, une parfaite discipline
du corps, de la parole et de l’esprit ;
Et il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot
[du présent traité] et qui, l’entendant, y croient
Ces derniers en tireront beaucoup plus de mérites
qu’on en tirera de la vertu de discipline [ci-dessus évoquée]. (V, 4)


Il y a ici-bas des individus qui pratiquent les concentrations
qui éteignent le feu des affections dans les trois mondes,
Et, arrivés au terme du domaine des dieux et de Brahma,
cultivent les immuables méthodes de l’Éveil parfait.
Il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot
[du présent traité] et qui, l’entendant, y croient
Ceux-là en tireront beaucoup plus de mérites
qu’on en tirera de la vertu de concentration [ci-dessus évoquée]. (V, 5)


La générosité ne fait qu’assurer les richesses matérielles ;
La discipline ne conduit qu’à une renaissance heureuse ;
Et la méditation ne peut que repousser les affections
La connaissance les surpasse toutes parce qu’elle élimine
les voiles émotionnel et cognitif, et qu’elle a pour cause
la présente étude. (V, 6)


La base, sa transformation, ses qualités
Et le bien qu’elle accomplit : ces quatre objets
De la connaissance des Vainqueurs
Ont été expliqués dans le présent traité. (V, 7)


Les êtres intelligents, confiants dans l’existence,
Les capacités et les qualités de cette base,
Auront sans tarder la bonne fortune
D’atteindre l’état de tathāgata. (V, 8)


« Cet objet inconcevable existe bien ;
Mes semblables et moi, nous pouvons l’atteindre ;
Le fait de l’atteindre possède telles et telles excellences »
Ces êtres sont animés d’une aspiration dictée par la foi, (V, 9)


Et l’esprit d’Éveil – réceptacle de détermination,
De persévérance, de mémoire, de concentration,
De connaissance et d’autres qualités encore –
Les accompagne toujours. (V, 10)


Comme [l’esprit d’Éveil] les accompagne toujours,
Les enfants des Vainqueurs ne régressent jamais.
Ils accomplissent les vertus liées aux mérites
Et les conduisent à leur pleine pureté. (V, 11)


Ils n’ont aucune idée des trois pôles de l’acte
Quand ils s’adonnent aux cinq vertus liées aux mérites,
Si bien que pour parfaire et purifier,
Il leur suffit d’écarter les facteurs contraires. (V, 12)


Le mérite né du don, c’est la générosité,
Et le mérite né de la moralité, la discipline ;
La patience et la concentration sont toutes deux
des effets de la méditation.
La persévérance peut s’appliquer à toutes. (V, 13)


La pensée qu’un acte ait trois pôles
Peut définir le voile cognitif.
De l’avarice et des autres pensées,
On dit qu’elles forment le voile émotionnel. (V, 14)


Il n’y a que la connaissance qui puisse
Éliminer les deux voiles. C’est pourquoi
La connaissance est suprême.
Sa racine étant l’étude, l’étude est suprême aussi. (V, 15)


J’ai donné ces explications en m’aidant de textes
et de raisonnements dignes de confiance
Dans la seule intention de me purifier moi-même.
Je l’ai fait aussi pour prendre soin des êtres dont l’intelligence
Est dotée de la parfaite vertu de l’aspiration. (V, 16)


De même qu’à la lumière d’une lampe, d’un éclair, d’un joyau,
Du soleil ou de la lune, ceux qui ont des yeux voient,
De même, j’ai donné toutes ces explications par la grâce du Sage
qui répand sa lumière
Sur les enseignements, leur sens, leur expression verbale
et l’assurance du discours. (V, 17)


Une parole pourvue d’un sens et liée au Dharma
Qui tend à chasser les affections des trois mondes
Et montre les bienfaits de la paix : telle est
La parole du grand Sage. Ses contraires sont autres. (V, 18)


Ce que, relevant uniquement des enseignements du Vainqueur,
Un esprit libre de distraction explique
En accord avec la voie qui mène à la libération,
On le porte au sommet de sa tête comme la parole du Sage. (V, 19)


Personne au monde n’est plus sage que le Vainqueur,
Nul autre que lui n’a l’omniscience qui connaît avec exactitude
la totalité des choses et leur suprême réalité.
Aussi ne faut-il pas mélanger les soûtras disposés par le Sage lui-même
Car, en détruisant la méthode du Sage,
on nuirait gravement au vrai Dharma. (V, 20)


Avec leurs vues d’attachement, les ignorants
qu’aveuglent leurs affections
Bafouent les êtres sublimes et dénigrent leurs enseignements.
N’allez donc pas souiller votre esprit à ces vues d’attachement
On teinte le tissu propre et non les tissus tachés de graisse. (V, 21)


Le manque d’intelligence comme d’aspiration à la vertu,
le maintien d’une fierté mal placée,
Une nature obscurcie par la pauvreté en vrai Dharma,
la confusion du sens provisoire et du sens définitif,
L’appât du gain, le pouvoir des opinions, la fréquentation
de ceux qui déprécient le Dharma,
L’éloignement des détenteurs du Dharma et le manque d’aspiration
voilà dix raisons qui privent de l’enseignement
des Destructeurs de l’Ennemi. (V, 22)


Plus que le feu, le poison d’un terrible serpent, l’assassin ou la foudre,
Les sages craindront le déclin des enseignements profonds.
Le feu, le serpent, l’ennemi et la foudre ne font que prendre la vie ;
Ils ne conduisent pas dans l’effroyable destinée
des Tourments Insurpassables. (V, 23)


L’individu qui, influencé par ses fréquentations malsaines,
a eu de mauvaises pensées à l’endroit du Bouddha,
A commis l’inadmissible en tuant son père, sa mère ou un arhat,
et qui crée un schisme dans l’assemblée suprême,
Celui-là aussi s’affranchira vite de ces [crimes]
dès lors qu’il réfléchira vraiment à l’essence du réel.
Mais comment se libérera celui qui hait le Dharma ? (V, 24)


Par les vertus que j’ai acquises en expliquant correctement
les sept points du présent traité –
Les Trois Joyaux, l’Élément purifié, l’Éveil immaculé,
les qualités et les activités éveillées –,
Puissent les êtres voir le sage Amitāyus, détenteur de l’infinie lumière,
Et, l’ayant vu, atteindre l’Éveil suprême
grâce à la pureté de l’œil du Dharma ! (V, 25)


Quatre strophes expliquent
Sur quelle base, pour quelles raisons,
Sur quel mode a lieu l’explication,
Ce qui en est l’objet et ce qui lui correspond. (V, 26)


Deux strophes enseignent les moyens
De se purifier soi-même. Une strophe
Donne les causes du déclin, dont les effets
Occupent les deux strophes suivantes. (V, 27)


L’expression résumée des qualités de patience
Dans le maṇḍala de l’entourage et de l’obtention
De l’Éveil, qui sont les deux aspects du fruit,
Font l’objet de la dernière [strophe]. (V, 28)


Ici prend fin le cinquième chapitre, « Les bienfaits », du Traité de la
Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des
Trois Joyaux.


Colophon
Traduit par le paṇḍita et grand érudit Sajjana, petit-fils du brahmane
Ratnavajra, grand érudit de la cité d’Anupamapura, et par le traducteur et
moine bouddhiste Lodèn Shérab, dans l’Incomparable Cité.