Petit à petit, les êtres qui s’en tiennent
À ce véhicule-ci verront, du fait de cette vision,
Le suprême corps absolu à l’intérieur d’eux-mêmes
Avec l’œil de la sagesse primordiale. +
Si la terre, débarrassée de tous ses lieux inquiétants,
Prenait la belle clarté d’un pur lapis, si elle devenait lisse
et présentait les perfections d’un joyau,
Elle serait si pure que les divers séjours divins
et la forme des dieux et de leur seigneur pourraient s’y refléter.
Mais peu à peu le sol perdrait ces qualités,
et les reflets dont il se parait disparaîtraient. +
Pour atteindre l’état d’Indra, les hommes et les femmes suivraient
les préceptes d’un jour et les règles de conduite. Ils opteraient
pour le don et les autres vertus
Et, formant de pieux souhaits, ils prieraient en répandant des fleurs
et [en s’adonnant à d’] autres [dévotions]. (IV, 28ab)
De même, pour atteindre l’état du Seigneur des Sages
qui apparaît dans leur l’esprit pareil à un pur lapis-lazuli,
Pleins d’une douce allégresse, les enfants des Vainqueurs
engendrent l’esprit d’Éveil. (IV, 28cd) +
De même que sur le sol pur en lapis-lazuli
Apparaît le reflet du seigneur des dieux,
Sur le sol pur de l’esprit des êtres,
Apparaît le reflet du Seigneur des Sages. +
L’apparition ou la disparition de ces reflets dans le monde des êtres
Se produit en fonction de l’état clair ou trouble de l’esprit de chacun.
De même que les reflets [d’Indra]
qui apparaissent dans le monde,
Il ne faut pas voir [les apparences du Bouddha]
comme si elles étaient et qu’elles ne sont plus. +
Ainsi, chez les dieux, par le pouvoir
Des actes blancs de leurs vies antérieures,
Sans effort ni lieu [d’origine], sans esprit
Ni forme, et sans la moindre pensée, +
De même, l’Omniprésent est libre de l’effort
Et des quatre autres points mais, de sa parole éveillée,
Il imprègne tous les êtres sans exception
Et enseigne le Dharma aux êtres fortunés. +
De même que le son du tambour
Des dieux émane de leurs actes,
De même, les enseignements que le Sage
A prodigués au monde émanent des actes de chacun. (IV, 34)
De même que sans effort, sans lieu, sans corps
Et sans esprit, le son du tambour établit la paix,
De même, sans effort, sans lieu, sans corps
Et sans esprit, ces enseignements établissent la paix. +
De même que dans la ville des dieux, le son du tambour
leur insuffle le don de l’intrépidité
Lorsque, sous l’effet de leurs affections, les dieux se jettent
dans la mêlée pour vaincre les antidieux ; et de même, encore,
que le tambour met fin à leurs jeux,
De même, dans notre monde, la concentration
du Sans-Forme et les autres vertus concourent à la cause
De l’expression de la voie suprême, laquelle écrase les affections
qui torturent les êtres tout en apaisant leurs souffrances. +
Dans le monde des dieux, le son puissant du tambour
Ne tombe pas jusqu’aux oreilles des terriens.
Le tambour de la voix d’un bouddha résonne
Jusqu’aux mondes souterrains du saṃsāra. +
Dans le monde des dieux, les cymbales sonnent
Par millions pour exacerber les flammes du désir.
Les incarnations de la compassion n’ont qu’une seule voix
Qui fait tout pour éteindre à jamais les flammes de la souffrance. +
Dans le monde des dieux, le son des cymbales dont la beauté se double
D’un charme exquis augmente l’agitation mentale habituelle.
La parole des tathāgatas, compassion incarnée, incite
À réfléchir et à méditer jusqu’au recueillement profond. +
« Qui » renvoie aux dispositions du disciple,
« Comment » aux moyens de le discipliner,
« Quelle discipline » à leur application,
« Où » et « quand » au lieu et à l’instant. +
En bref, dans toutes les sphères du monde sans aucune exception,
Chez les dieux comme ici-bas, toutes les matières à bonheur
Reposent entièrement, dit-on, sur cette voix mélodieuse
Que l’on perçoit, omniprésente, dans absolument tous les mondes. +
De même que les malentendants
Ne perçoivent pas les sons subtils
Et que l’oreille divine elle-même
N’entend pas tous les sons, (IV, 42)
De même, les enseignements les plus subtils
Relèvent de la sagesse primordiale, fine aussi,
Mais ils atteindront seulement les oreilles
D’une poignée de sages libres d’affections. +
De même, des nuages de la compassion
Tombe sans la moindre pensée
La pluie des saints enseignements du Vainqueur
Qui promet aux êtres des moissons de vertus. +